Après la mort d’une trentaine de Touaregs civils issus de la communauté Imghad, une communauté dont sont issus le Général Aladji Gamou et plusieurs autres officiers Touaregs restés fidèles l’Etat malien, l’armée malienne a procédé à l’arrestation de plusieurs suspects dont certains sont supposés proches du MUJAO.
Les Peuls armés ont tué, le jeudi 6 février, à Tamkoutat, localité située à l’est de Gao, une trentaine de Touaregs en représailles à l’enlèvement par ces derniers d’un de leurs proches. Ces assaillants soupçonnés d’appartenir au mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO) circulaient pour certains sur des motos (une trentaine selon les témoignages recueillis) alors que d’autres étaient venus à bord d’une dizaine de Toyota. Leurs victimes sont des Touaregs de la communauté Imghad (communauté qui a toujours été fidèle à l’administration centrale) qui revenaient d’une foire. Deux voitures ont été brûlées et une autre emportée par les assaillants.
L’assassinat des trente personnes a vite fait de raviver la tension intercommunautaire entre les Touaregs et les Peuls. Et le vendredi, lendemain de l’attaque survenue jeudi, un groupe d’assaillants a également braqué un troisième véhicule de transport, avant d’abattre des hommes d’un campement nomade.
L’Etat-major a dépêché dans la localité la gendarmerie afin de mener des enquêtes approfondies et traquer les auteurs de ces massacres. Un détachement de l’armée venu en renfort aux pandores a aussi été envoyé sur les lieux.
Il nous est revenu que lors des investigations, plusieurs suspects ont été arrêtés par l’armée malienne.
Dans un communiqué diffusé à la télévision nationale dans la nuit de vendredi, le gouvernement malien a qualifié d’ » acte terroriste » le massacre de Tamkoutat et a promis de faire toute la lumière sur la tragédie. Une délégation ministérielle, conduite par le ministre de la Sécurité, le général Sada Samaké, s’est rendue à Gao pour s’enquérir des circonstances du drame.
De son côté, la MINUSMA a, dans son communiqué, parlé de graves incidents survenus jeudi aux alentours de Tamkoutat et d’affrontements intercommunautaires. Elle a fourni un bilan de 24 personnes tuées.
Les affrontements violents entre Touaregs et Peuls de cette partie de la région de Gao durent depuis plusieurs années, mais c’est la première fois qu’ils prennent une telle ampleur dramatique. Il y a quelques mois, réagissant à une information que nous avions publiée faisant état du double assassinat d’un notable touareg et de sa fille par des individus passant pour être des » éléments du MUJAO « un responsable de la communauté peulhe concernée nous avait dit que les auteurs de ce double assassinat n’avaient rien à voir avec l’organisation terroriste et qu’ils étaient d’honnêtes éleveurs dépouillés de leurs troupeaux de bœufs par des » bandits touaregs « .
A l’entendre, ceux-ci ont profité de la débâcle du MUJAO suite à l’intervention militaire française pour s’emparer des troupeaux appartenant aux peulhs sous prétexte que ces derniers étaient de connivence avec les terroristes et leur assuraient la protection.
Abdoulaye DIARRA
Source: L’Indépendant