Le Haut représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’accord devrait rencontrer aujourd’hui les représentants des groupes armés et de la Médiation internationale. Objectif : « impulser une nouvelle dynamique » au processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour, figure « l’obtention d’un cessez-le-feu entre le Gatia et le HCUA » après les affrontements de ces derniers jours à Kidal.
La rencontre qui devait débuter ce matin a été reportée à plus tard dans la journée, sans autres précisions. Plusieurs points sont inscrits à l’ordre du jour des discussions de cette réunion de Bamako. Il s’agit, entre autres, de l’opérationnalisation du MOC et des patrouilles mixtes : leurs modalités, missions, couvertures géographiques et la fixation d’un calendrier.
A Bamako, les parties signataires de l’accord doivent aussi se pencher sur la mise en place des autorités intérimaires. Les discussions sous l’égide du Haut représentant du chef de l’État devraient permettre de fixer les modalités et le calendrier pour sortir des tensions actuelles.
La réunion de Bamako intervient dans un contexte délétère entre certains groupes signataires de l’accord d’Alger. De violents affrontements ont opposé ces derniers jours à Kidal les combattants du HCUA et du Gatia. Les deux groupes se disputent « la gestion administrative et militaire de la région ». Les représentants des deux mouvements s’étaient déjà rencontrés à Niamey, au Niger, où ils avaient convenu d’ « une entente ». Mais cet accord n’a pas résisté longtemps.
A Bamako, le Haut représentant du chef de l’État tentera donc d’obtenir un cessez-le-feu entre les belligérants. Pour la Médiation internationale, cette rencontre est « cruciale au regard de l’urgence du moment ».
Certains observateurs sont sceptiques quant à la possibilité de résoudre définitivement la question de Kidal au cours de cette rencontre de Bamako. Selon eux, les causes profondes des affrontements à Kidal n’ont pas été bien cernées et le conflit démontre le fossé entre les responsables politiques des mouvements et leurs troupes sur le terrain. Selon ces analystes, « c’est à l’Etat de prendre ses responsabilités ».
Me Abdourahamane Ben Touré est avocat au Barreau malien, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Il y a des données socioculturelles, et même de cosmogonies propres aux différentes ethnies à Kidal. Donc la cause profonde de ce conflit ne peut pas être résolue à travers cette rencontre prévue à Bamako. Au mieux, on sortirait avec un léger cessez-le-feu en attendant le prochain.
Pour retourner à la normale il faut carrément appliquer la résolution 22-95 du Conseil de sécurité des Nations unies du 29 juin 2016. Elle avait donné des pistes de solution, elle donne (contrairement à beaucoup d’autres résolutions) la possibilité de sanctionner les fauteurs de troubles. Aussi, cette même résolution engage le gouvernement malien comme étant l’acteur principal pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens dans les régions du Nord.
La solution la plus simple c’est vraiment de réinstaller l’Etat dans ses fonctions régaliennes, réinstaller l’Etat dans ses habitudes pour qu’il puisse jouer son rôle d’arbitre entre ces groupes armés, qui ne peuvent naviguer, qui ne peuvent fonctionner que dans le cadre d’un Etat ».
Source: Studio Tamani