Samedi dernier, des accrochages violents ont eu lieu entre la sécurité du chroniqueur Ras Bath appuyée par des populations autochtones et une centaine de loubards payés, selon nos informations par des responsables du Rassemblement Pour le Mali (RPM, le parti présidentiel) qui auraient juré d’empêcher le meeting du chroniqueur dans la cité des Balazans.
A la grande surprise des loubards et de leurs commanditaires, la population venue écouter Ras Bath et la sécurité de celui-ci ont infligé à ceux-là une défaite cuisante. Bilan provisoire: une trentaine de motos brûlées et un homme sérieusement tabassé par les populations elles-mêmes.
Les policiers sont intervenus pour ramener le calme. Après les échauffourées, le meeting s’est allègrement poursuivi. L’objectif de cette agression de la délégation de Ras Bath était d’empêcher celui-ci de mettre le pied dans le plat d’IBK à Ségou. Rappelons que celui-ci venait d’effectuer un séjour de trois jours dans cette localité avec à la clé des millions de F CFA mobilisés.
Quelle leçon à tirer de ces accrochages ?
– D’abord, si les responsables RPM ont peur du meeting de Bath, c’est parce qu’ils sont conscients que le président IBK a sérieusement échoué dans sa mission de servir le peuple malien.
– Ils ont compris que malgré les millions mobilisés pour la cause d’IBK, le peuple ne veut qu’une chose: le changement que le président Keïta ne saurait incarner du tout.
– A vouloir empêcher les gens de s’exprimer, c’est qu’on est conscient que ça ne va plus pour le président.
– La liberté d’expression et donc de meeting est un gage de notre démocratie parce que bien d’enfants sont morts, en 1991, pour cela. Vouloir empêcher l’expression de cette liberté, c’est délibérément mettre un trait sur cette démocratie sans laquelle IBK ne serait jamais aux affaires.
Il faut rappeler ici que c’est le peuple qui l’a élu et que si ce n’était que la mobilisation du RPM, IBK ne serait pas dans le fauteuil présidentiel. Il l’a reconnu en son temps en disant qu’il doit sa victoire au peuple malien.
Lorsque le même peuple veut dire à son président que ça ne va pas, il n’y a aucune raison de l’en empêcher car comme on l’a vu par le passé, une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Ceux qui veulent empêcher l’expression de cette liberté seront responsables des conséquences qui pourraient en découler.
– L’on n’invente rien ici en disant que IBK qui a été élu avec 77,66% des suffrages exprimés a perdu la confiance de son peuple.
– Vouloir empêcher les citoyens d’exprimer leurs sentiments de ras-le- bol du mauvais service rendu par le président de tous les maliens, c’est chercher à provoquer des embrasements aux conséquences imprévisibles.
– Emile Fottorino disait: «La Démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré leur dignité, les hommes ne supportent plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière.»
– L’homme pour lequel les responsables RPM se battent à Ségou est convaincu que la population a perdu confiance en lui. En voulant empêcher le meeting de cet autre jeune malien, les responsables RPM rendraient un mauvais service à IBK. Il faudrait qu’ils le comprennent utilement.
– A trois (03) mois d’un scrutin présidentiel qui pose déjà problème et qui suscite beaucoup d’inquiétudes, les responsables RPM de Ségou auraient mieux servi IBK en travaillant à ne pas mettre de l’huile sur le feu car l’on ne sait jamais avec exactitude la direction du vent qui n’a pas encore commencé à souffler.
– Notre pays a besoin de débats démocratiques pour mieux servir le peuple au nom duquel tout le monde parle.
– Les responsables RPM qui seraient responsables de tels actes doivent se rendre à l’évidence qu’ils ne sont qu’une partie de la population de Ségou et qu’il ne leur revient pas de droit d’embrigader la conscience de ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.
– Utiliser l’argument de la force contre la force de l’argument c’est signer sa propre défaite parce que rien ne peut arrêter le cours de la vérité. En toute chose il faut considérer la fin!
Fodé KEITA
Source: Inter De Bamako