Pour apporter leur soutien à leur collègue non moins président du Haut conseil islamique dans la polémique qui l’oppose au Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako, l’Imama (Association des imams du Mali) a décidé de sortir de sa réserve. Elle a tenu une assemblée générale, le samedi 12 décembre dernier à la grande mosquée de Bamako pour répondre au Procureur.
Suite à l’attaque de l’hôtel Radisson BLU, l’imam Dicko avait proféré des propos que certains ont qualifiés d’apologie du terrorisme. Ainsi, le procureur de la République près la Cour d’Appel de Bamako, Daniel Tessougué, aurait condamné les propos de l’imam et demandé que les longues barbes soient rasées et que le financement des mosquées au Mali soit ausculté, selon nos confrères de l’Indicateur du Renouveau. Ces deux réactions ont animé les débats chez nous pendant près de deux semaines. Chacun y allait de sa propre interprétation. Ainsi, l’Imama n’a pas souhaité rester en marge de ce débat. Elle a décidé de bander ses muscles et de montrer au procureur qu’elle n’a pas aimé ses propos.
C’est une foule monstrueuse qui a pris d’assaut l’enceinte de la grande Mosquée de Bamako. Il y avait beaucoup de personnalités venant de divers horizons du Mali, tels que les représentants du Chérif de Nioro, Chérif Ousmane Madani Haidara, le guide spirituel des Ançardines, l’imam Mahamoud Dicko par qui tout était arrivé et plusieurs autres personnalités du monde musulman. L’objectif était de répondre aux propos jugés déplacés de Daniel Tessougué qui aurait demandé que les barbes soient rasées et le financement de certaines mosquées contrôlé. Le porte-parole des imams a vigoureusement condamné cette déclaration qualifiée de provocation et d’atteinte à la liberté confessionnelle. Très attendu, l’imam Dicko a pris la parole pour rassurer les musulmans que Daniel Tessougué n’a pas parlé au nom des chrétiens, car, selon lui, les chrétiens sont nos frères, nous avons toujours cohabité ensemble et nous continuerons à cohabiter ensemble. Il ajoutera que l’attention des Maliens doit être attirée par une nouvelle forme de colonisation de notre pays que constitue la présence des forces étrangères. Les imams ont tour à tour demandé au procureur d’avoir de la mesure dans ses propos et de respecter la religion Mahométane et ses adeptes.
Une chose est sûre, cette sortie musclée des religieux est un signal fort et démontre la force que ces derniers représentent au Mali. Les politiciens fricotent avec eux, ce qui a permis de leur donner une grande force au point de faire trembler même le sommet de l’Etat. Le procureur sait désormais à quoi s’attendre après cette sortie. A suivre.
Harber MAIGA
source : Le Prétoire