Au Mali, le maintien du sieur Issa Kaou N’Djim, 4ème vice-président du conseil national de transition (CNT) en prison jusqu’au 3 décembre prochain, date de son jugement, continue de susciter pas mal de réactions. En la matière, les corporations syndicales des magistrats (AMPP et RESFSYMA) viennent de livrer leurs messages.
Pour « atteinte au crédit de l’Etat, trouble à l’ordre public, et l’incitation à la désobéissance civile », Issa Kaou N’Djim séjourne, depuis vendredi 29 octobre dernier, à la prison centrale de Bamako. Sa détention est due aux propos qu’il a tenus sur les réseaux sociaux contre le premier ministre Choguel Kokalla Maiga, au sujet de l’exclusion du représentant spécial de la CEDEAO au Mali, Hamidou BOLY. La semaine dernière, les membres du conseil national de transition, non moins organe législatif, ont rendu publique la résolution qu’ils ont prise sur la question. Via la commission ad-hoc mise en place pour la circonstance, le CNT a demandé « la suspension de la détention de Issa Kaou N’Djim », avant le jour du jugement prévu sur le fond de son dossier. L’organe législatif a invité le gouvernement au respect des textes du pays, notamment en ce qui concerne l’immunité parlementaire qui leur est conférée par les normes. C’est suite à cette résolution du CNT que l’association malienne des procureurs et poursuivants(AMPP) et la référence syndicale des magistrats(REFSYMA) ont voulu réagir. Les deux corporations syndicales se disent « profondément attachées » au principe de la séparation des pouvoirs législatif, judiciaire et parlementaire. Dans ce communiqué du 5 novembre, elles annoncent leur attachement à la liberté de poursuite reconnue aux procureurs comme corollaire de l’Etat de droit et de la lutte contre l’impunité. Sans porter un jugement de valeur, sont-elles précisé, les deux corporations estiment que cette résolution du CNT est « régulière, conforme à la constitution et à la charte de transition ».En tant que syndicalistes des magistrats, les membres de l’AMPP et de la REFSYMA soutiennent que ladite résolution, diversement appréciée sur les toiles, « ne constitue ni une menace, ni une atteinte à l’indépendance du pouvoir judicaire, encore moins une entrave à la liberté de poursuite des magistrats du ministère public ».En clair, elles sollicitent à ce que force reste à la loi. Dans cette déclaration signée par Cheick Mohamed Chérif Koné, président des deux syndicats, les militants exhortent les acteurs de la justice à adapter « une attitude positive et hautement constructive face à la présente résolution prise en toute responsabilité ».Aussi, les membres de l’AMPP et de la REFSYMA énoncent exprimer leurs vives inquiétudes, face à la croisade en cours entretenue par voie de réseaux sociaux contre des responsables politiques, des acteurs de la société civile, des activistes, et des citoyens. Laquelle croisade est entretenue contre celles et ceux qui ont des positions contraires à celles du pouvoir transitoire, déplorent les syndicalistes. Pour eux, le gouvernement doit tirer des enseignements de la résolution qui vient d’être homologuée par les membres du CNT, à propos de la détention du 4ème vice-président. Cela, rapporte-t-on, pour mettre un terme « à toutes les formes de menaces ou d’atteintes injustifiées ». « Aucune considération subjective ou des intérêts purement partisans ne devraient mettre en péril le principe de l’égalité des citoyens et les règles du jeu démocratique »,ont-ils exprimé, maintenant qu’ils reprouvent « tout traitement discriminatoire entre les citoyens ».Et de définir par déclarer que les gens acquis aux tenants du pouvoir « ne doivent aucunement être pris pour des patriotes plus sincères ou convaincus voire plus lucides que ceux qui sont peu favorables ou opposés au pouvoir intérimaire ».
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS