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Affaire du « fonctionnaire le plus corrompu de la République » : Jusqu’où pourrait aller la justice malienne ?

Les réactions ont été nombreuses depuis une suite après l’indexation de M. Nouhoum Tapily par M. Mamadou Sinsy Coulibaly dans des affaires de corruption en République du Mali. Certains ont approuvé la démarche pendant que d’autres la  condamnent. Le Bureau de la Cour suprême ainsi le SAM et le SYLMA ont tous produit un communiqué sur cette affaire du « fonctionnaire le plus corrompu de la République».

La révélation du président du patronat du Mali, Mamadou Sinsy Coulibaly, le vendredi 15 mars 2019, bouillonne les esprits au sein de la magistrature malienne. Les réactions sont multiples de part et d’autre. En effet, depuis cette annonce mettant en cause le président de la Cour suprême dans une affaire de corruption au cours d’une conférence-débat, les internautes maliens n’ont pas tardé à faire de cette révélation leur choux gras en allant jusqu’à créer le hashtag #BalanceTonCorrompu. Sur la plateforme de blogging malien, Benbere, on peut lire à ce sujet : « À l’instar de #BalanceTonPorc, le hashtag #BalanceTonCorrompu a été utilisé par bon nombre d’internautes pour soutenir la sortie de Mamadou Sinsy Coulibaly. » Cette plateforme poursuit en précisant : « Sur les réseaux, des soutiens comme vache qui pisse sont tombés de partout. Beaucoup ont salué avec fierté la déclaration fracassante de Mamadou Sinsy Coulibaly en rappelant que la corruption doit être boutée hors du Mali sans plus tarder. »

En effet, la liste des fonctionnaires corrompus est longue : 1600 au total selon le révélateur. Alors, les soutiens à Mamadou Sinsy ne demandent d’autre chose qu’il balance le reste des corrompus. Cela, parce que la corruption prend des dimensions exponentielles au Mali au vu et au su de tout le monde. Les rapports du vérificateur général pourrissent au fond des tiroirs. Le citoyen lambda se dit en avoir marre. C’est sûrement pour cela que cette réaction du patron des  patrons  est vue comme un geste de bravoure.

Toutefois, il convient de noter que du côté des collègues de la victime, Nouhoum Tapily, Président de la Cour suprême, les réactions sont diverses et variées. Le Bureau de la Cour Suprême à la date du lundi 18 mars 2019 a condamné cette intervention de M. Coulibaly en la jugeant « infamante et injurieuse ». Le Bureau prend alors à témoin la communauté nationale et internationale sur les qualités nobles du président de la Cour Suprême. Il « informe l’opinion publique nationale et internationale que Monsieur Nouhoum Tapily est et demeure une personnalité respectable et respectée  au sein de la Cour et n’est point tel que le décrit Monsieur Coulibaly», lit-on dans le communiqué signé par le secrétaire général du Bureau, Boya Dembelé.

Le Bureau « dément » pour ainsi dire la révélation de M. Coulibaly qualifiant Tapily de « fonctionnaire le plus corrompu. » Y’aurait-il des vieux démons entre les deux hommes et qui serait à la base d’une telle révélation ? Nous ne pouvons nullement le savoir pour le moment. Notons quand même que les Maliens attendent plus sur ce sujet puisque jusque-là aucune preuve ne serait avancée impliquant Tapily dans des affaires de corruption.

Pour plus de crédibilité, M. Coulibaly devrait procéder comme les magistrats lors de leur grève. On se rappelle, ceux-ci n’ont ménagé aucun effort pour balancer Boubou Cissé en l’accusant d’un détournement de près de 3,5 milliards de francs CFA. À notre connaissance, aucune action n’a été Estée contre ce dernier.

Notons que si le Bureau de la Cour Suprême condamne cette apparition du président du Patronat malien, le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLMA) ont,  quant à eux,  opté pour l’impartialité dans leur communiqué conjoint à la date du 19 mars 2019 et signé par le Président du SAM , Mamoudou Kassogué et le Président du SYLMA, Hady Macky Sall. « En tout état de cause, les syndicats de la magistrature voudraient rappeler que le Mali est un État de droit où, toute personne, quelle que soit sa qualité, est susceptible de répondre de ses actes en se soumettant à la loi ; que par ailleurs, tout comme la liberté d’expression, la présomption d’innocence est consacrée par la Constitution malienne », indiquent-ils dans leur communiqué. Le SAM et le SYLMA tout en appelant leurs militants à plus de vigilance, invitent à éviter toute « extrapolation » de cette accusation à toute la magistrature.

À l’allure où vont les choses, cette situation est loin d’être un « End a war ». Tout compte fait, tous les citoyens ont les yeux rivés sur la suite de cette révélation. Ces différentes réactions vont-elles amener M. Coulibaly à dévoiler le reste des « plus corrompus de la République » ? En tout cas, c’est ce que tous espèrent même si nous nous demandons ce que les citoyens pourront faire après de telle révélation dans la mesure où les précédentes sont restées jusqu’ici lettre morte. Les citoyens vont-ils à leur tour réagir autrement en demandant réparation de préjudice ? Le silence de M. Tapily se justifie-t-il ? Les prochains jours nous en diront davantage.

La corruption constitue une des véritables maladies de la République du Mali.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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