Le principal opposant au président Macky Sall, accusé de viols répétés par une jeune femme qui a déposé plainte en 2021, dénonce une cabale politique.
Pour la première fois depuis que l’affaire a éclaté, en 2021, Ousmane Sonko a été entendu, jeudi 3 novembre, par la justice sénégalaise à propos des accusations de viols répétés portées contre lui par Adji Sarr, une ancienne employée d’un salon de massage. L’opposant sénégalais, qui se dit victime d’une cabale politique, a, selon ses avocats, « répondu aux questions en éventrant le complot » et espère un « non-lieu total ».
Candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, Ousmane Sonko avait appelé mercredi ses partisans au calme, assurant qu’il se rendrait « tranquillement » à la convocation du juge d’instruction.
Des forces de l’ordre ont néanmoins été déployées jeudi dans toute la capitale, notamment près du domicile de l’opposant et aux abords du tribunal.
En mars 2021, la mise en cause pour viol présumé puis l’arrestation pour « troubles à l’ordre public » du leader du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) avaient contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes, de pillages et de destructions. Cette éruption de violences, inédite dans le pays, avaient fait quatorze morts et plus de 500 blessés.
« Des faits inexistants »
Entré discrètement par une porte latérale du tribunal, Ousmane Sonko a été entendu pendant plus de trois heures. L’audition « s’est très très bien déroulée », a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux. Selon Me Bamba Cissé, l’opposant de 48 ans a contesté les faits et « démonté l’accusation », « en fournissant les preuves de son innocence ». « Nous n’attendons pas autre chose qu’un non-lieu parce que c’est un dossier vide avec des faits inexistants », a conclu l’avocat, qui n’envisage pas une confrontation avec la plaignante.
Le juge d’instruction a déjà entendu Adji Sarr, la propriétaire du salon de massage ainsi que plusieurs témoins du dossier. Ousmane Sonko, lui, n’avait encore jamais été entendu sur le fond de l’affaire. Il s’est défendu en dénonçant, une fois de plus, un complot du camp au pouvoir pour l’écarter de la scène politique. Des accusations balayées par la coalition présidentielle, qui se défend de toute instrumentalisation de l’appareil d’Etat dans cette affaire.
Dénoncé comme un démagogue populiste par les uns, adulé pour ses positions panafricanistes par les autres, le chef du Pastef est considéré comme l’un des principaux opposant au président Macky Sall. Il est particulièrement virulent contre l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française et les multinationales.