Les maliens se déchainent sur la toile. L’acte de viol collectif sur la personne d’une jeune fille a suscité un sentiment de désapprobation et de dégoût. Ils ont condamné à l’unanimité l’acte barbare et ignoble. Ils se posent des questions sans avoir des réponses. Certains y voient le manque d’éducation des enfants, d’autres au contraire pointent la perversion de la société due à l’influence des masses médias sur la société.
Les enfants sont certes laissés pour eux-mêmes, mais ne nous voilons pas la face, il va au-delà de la simple éducation. Le phénomène est beaucoup plus lié aux tares de notre société. Cette dernière est machiste. C’est pourquoi, après chaque acte de viol, on tente par tous les moyens de noyer le poisson dans l’eau. Les circonstances atténuantes sont trouvées pour disculper les bourreaux. « La fille était mal habillée » ou « la fille est une provocatrice » ou encore « comment la fille s’est retrouvée entre les mains de ses violeurs ». Que non ! Ces propos de merdes, pour reprendre le chroniqueur du « Le pays » Boubacar Sangaré, ne tiennent pas. La victime, c’est la fille et elle doit être traitée comme telle. Elle a besoin de la compassion et de l’accompagnement de la société.
Au lieu de la soutenir, on préfère traiter « socialement » le problème. Une pression infernale s’exerce sur la fille et sa famille par les notabilités. Ceux-ci montent sur leurs grands chevaux. Ils implorent le pardon de la victime au nom de nos valeurs ancestrales. Pourtant, personne d’entre eux n’acceptera le viol d’un membre de sa famille. Comble du ridicule la fille est mariée à son bourreau. Le tour est joué et l’histoire est clause. Avec de telle pratique, le viol aura de beaux jours devant lui.
Abdrahamane SissokoLe Pays