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Accusé de viol sur la personne de Hortense Traoré, épouse de son frère d’arme : L’adjudant Abdoul Karim Coulibaly condamné à 20 ans de réclusion criminelle, dégradé et radié des rangs militaires

Né le 27 octobre 1975 à Ansongo, Abdoul Karim Coulibaly est militaire (adjudant) en service au 214ème escadron de reconnaissance à Ségou. Il a comparu à la barre de la Cour d’assises du Tribunal militaire de Bamako, le mercredi 10 novembre 2021, pour viol sur la personne de Hortense Traoré, épouse de son frère d’arme et ami. Des faits prévus et punis par les dispositions des articles 199, 200 et 201 du code pénal. Reconnu coupable, il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, dégradé et radié des rangs militaires.

 

Les faits : Courant 2011, le maréchal des logis-chef Hamidou William Dembélé a été muté à l’escadron de Sélingué. Courant 2012, il a bénéficié d’un stage de formation de longue durée en Russie. Avant de partir, il a confié son épouse Hortense Tomy Traoré au maréchal des logis-chef Abdoul Karim Coulibaly, son camarade de promotion. C’est ainsi que, après le départ de Hamidou William Dembélé, Abdoul Karim Coulibaly a continué à fréquenter la famille pour apporter son assistance. Mais dans la nuit du 28 mars 2014, des voisines (Adja et Aminata toutes Koné) ont demandé à la dame Hortense de laisser la porte ouverte car elles viendront causer la nuit.

D’ailleurs, Adja passait souvent la nuit chez Hortense. C’est ainsi qu’elle a laissé la porte ouverte et s’est allongée dans le salon, sur le fauteuil, attendant ses voisines. S’étant endormie, elle a été réveillée en sursaut et très surprise de constater que les touchers venaient du sieur Abdoul Karim Coulibaly. Elle l’a interpellé sur sa présence à une telle heure de la nuit, chez elle. Au lieu de lui répondre, il lui a plutôt posé la question sur la position d’Adja et Aminata. Dès qu’Hortense lui a dit qu’elles devaient arriver d’un moment à l’autre, il a fait un pas en arrière pour boucler la porte, avant de revenir ensuite se pointer devant elle. N’ayant pas toujours compris ses vraies intentions, la dame Hortense lui a demandé de quitter sa maison. Il a laissé entendre qu’il va s’asseoir le temps que ses voisines arrivent. Dès lors, Hortense s’est couchée et il est resté assis.

Contre toute attente, Abdoul Karim Coulibaly s’est jeté sur elle pour la saisir par la robe qu’il a déchirée, avant de tordre ses deux mains derrière son dos. Etant dans la position agenouillée, il a entrepris des actes de pénétration sexuelle après avoir soulevé sa robe puisqu’elle ne portait pas de dessous.

L’acte consommé, elle lui a tout de suite dit de s’attendre à la justice. Le lendemain, elle a reçu la visite du gendarme Sidi Yaya Cissé à qui elle a tout expliqué. Ce dernier lui a promis de saisir le commandant d’escadron.

Dans la journée, Abdoul Karim Coulibaly est revenu proférer des menaces en demandant à Madame William de garder le silence, sinon il allait lui faire du mal. Le lendemain, la victime a pris ses quelques affaires et a regagné nuitamment le domicile paternel à Kati.

L’accusé, Abdoul Karim Coulibaly, a reconnu les faits tant à l’enquête préliminaire que devant le juge d’instruction, en soutenant le caractère consensuel. Il indique qu’étant assis, lorsque son regard a croisé celui de l’épouse de son collègue, il a constaté que ses cuisses étaient quasiment exposées. Il explique qu’il s’est rapproché d’elle pour la toucher aux fesses, mais qu’elle a repoussé sa main dans un premier temps et lorsqu’il a posé sa main une seconde fois, elle n’a pas réagi et c’est ainsi qu’il l’a déshabillée à moitié, avant de la pénétrer sexuellement sans violence ni contrainte. L’inculpé signale que, peu de temps après, la victime a changé de position et qu’il a entretenu avec elle des rapports sexuels jusqu’à éjaculation, mais qu’après, elle a été prise de remords en déclarant qu’elle est la femme de son collègue. Il souligne qu’à sa grande surprise, le matin, elle lui a envoyé un message de remord et de panique, avant de partir à Kati. C’est ainsi qu’il a été appelé par le Service d’investigations judiciaires du camp I de la gendarmerie pour l’informer de la plainte de la dame Hortense.

A la barre, l’accusé a tenté de prouver son innocence en qualifiant l’infraction d’adultère. “Ce n’était pas notre première fois, on l’a fait plusieurs fois et elle était consentante. Je ne l’ai pas violée, elle était d’accord”.  A la question du président de la Cour, à savoir ce qu’il était venu faire chez la dame à 23h, il répond : “Elle m’avait dit auparavant qu’il y a des chauves-souris dans sa maison qui lui font peur et ce jour-ci, elle m’a appelé en disant qu’elle n’arrive pas à dormir à cause des chauves-souris. C’est ainsi que je me suis rendu chez elle et une fois, là, j’ai constaté qu’elle était en robe de nuit et dans une position laissant ses cuisses et ses fesses à l’air libre, ce qui m’a fait penser qu’elle avait envie qu’on passe à l’acte”, déclare Abdoul Karim Coulibaly.

Un membre de la Cour lui demande s’il n’y a pas une complicité entre lui et les amies (Adja et Aminata) de la victime, l’accusé répond négativement.

Un conseil de la Cour lui demande ses sentiments après les faits, Abdoul Karim Coulibaly signale : “Après les faits, Hortense m’a dit que je ne devais pas lui faire ça parce qu’elle est la femme de son collègue et que je devais m’attendre à la suite. Face à ses propos, j’ai eu honte et jusque-là j’en ai honte”, martèle-t-il avec un air souriant.

Grossièreté de l’accusé

Quant à la victime, elle a retracé les faits comme elle l’avait fait lors de l’enquête préliminaire. Elle signale que c’est elle qui avait porté plainte pour une première fois, mais qu’avec les supplications, elle a retiré la plainte. “Face à la grossièreté de Abdoul Karim Coulibaly et sa fierté, il racontait partout que c’est lui le grand homme, qu’il a posé un tel acte et rien ne s’en est suivi. C’est ainsi que mon époux William a porté plainte contre lui à cause de la honte qu’il a mise sur moi. Je ne pouvais pas sortir, tout le monde me regardait et me traitait de tous les noms”.

Selon le ministère public, le procès-verbal a été rédigé par les compagnons d’arme de l’accusé. C’est pourquoi, ils l’ont privilégié, tout en qualifiant les faits d’adultère. “L’instruction dernière, c’est à la barre. A la lumière des débats, il est constant que le crime de viol a été posé. En voyant la victime, on sait bien qu’elle ne pouvait pas se défendre contre Abdoul Karim Coulibaly, un militaire de guerre avec un physique bien fait”, retient-il.

Quant à Me Aïssata Sangho, défense de l’accusé, elle fait savoir à la Cour qu’elle est très mal à l’aise face à un tel dossier, tout en plaidant coupable et en demandant de larges circonstances atténuantes pour son client.

Ainsi, les juges militaires, après leur délibération, ont reconnu Abdoul Karim Coulibaly coupable des faits qui lui sont reprochés et l’ont condamné à 20 ans de réclusion criminelle. En plus il est dégradé et radié des rangs militaires.

Signalons que les deux dossiers de meurtre et d’assassinat de cette Cour d’assises militaires ont été renvoyés à la prochaine session prévue pour le mois de décembre. Pour l’assassinat, le motif du renvoi est de faire entendre les témoins pour la manifestation de la vérité et pour le meurtre, il s’agit de faire comparaitre l’accusé qui se trouve en ce moment sur le théâtre des opérations.

Marie DEMBELE

Source : Aujourd’hui-Mali

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