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Abidjan, Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique

Deuxième édition de  la CIEA (CIEA-2017).

L’économie mondiale est dans une phase de profonde mutation avec la modification des équilibres géostratégiques, l’apparition de nouveaux acteurs, l’approfondissement de la révolution technologique et ses conséquences sur les modes de production et de consommation ainsi que les défis de l’adaptation au changement climatique. L’Afrique au Sud du Sahara (ASS) doit trouver sa place dans ce nouveau contexte évolutif. Elle a certes connu des avancées notables avec une croissance économique moyenne de 5,5% depuis 2000 après une longue crise durant les décennies 1980 et 1990. Cette croissance reste cependant inférieure à celle des pays émergents ou en développement d’Asie (+7,9%).    Elle apparait aussi faiblement diversifiée et très vulnérable aux chocs exogènes, comme l’indique son ralentissement (+3,8 %) en 2015, à la suite de la baisse des prix des matières premières1 . 

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En outre, cette croissance bien que soutenuene s’accompagne toujours pas d’unedynamique de transformation structurelle et d’un accroissement significatif de la productivité.De même, l’ASSprésente un taux d’investissement plus faible que celui de l’Asie émergente ou en développe‐ ment (20,5% pour l’ASS en 2010‐2015 contre 41,4% pour l’Asie émergente ou en développement)2 . Enfin, l’impact de cette croissance sur les conditions de vie des populations demeure limité bien que l’indice de développement humain (IDH) de l’ASS ait progressé de 1,47% en moyenne annuelle entre 2000 et 20143 . Sur les différents points mentionnés ci‐dessus, la situation est plus favorable pour l’Afrique du Nord même si cette partie du continent aussi fait face à des défis majeurs liés notam‐ ment àl’inclusivité de la croissance.

L’Afrique en général, et l’ASSen particulier, se trouvent ainsi à la croisée des chemins. Dans ce nouvel environnement incertain et complexe, il lui faudrait non seulement réinventer son modèle de déve‐ loppement, mais aussi l’accélérersa mise en œuvre tout en veillant à ce qu’il soit plus humain, plus inclusif et durable, conformément aux principes édictés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) et l’Agenda 2030 sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). Plusieurs pays affichent une volonté résolue de s’inscrire dans cette perspective en déroulant des stratégies d’émergenceéconomique. Une analyse comparée de l’ASS avec l’Asie émergente ou en développement montre que le poids relatif de cette dernière dans le PIB mondial (PIB en parité de pouvoir d’achat) est passé de 9% en 1980 à 31% en 2015.  La majeure partie de cette progression a été portée par la Chine (17,1% du PIB mondial en 2015 contre 2,3% en 1980) et par l’Inde (7% du PIB mondial en 2015 contre 2,9% en 1980).

Bien qu’ayant connu une croissance relativement forte durant cette décennie, la contribution relative de l’ASS à l’économie mondiale a faiblement évolué. La part de l’Afrique dans la production de richesses mondiales n’est passé que de 2,4% en 1980 à 3,1% en 2015 après avoir même enregistré une chute entre 1990 (2,7%) et 2000 (2,4%), avec une croissance relative essentiellement portée par le Nigeria dont la part dans le PIB mondial est passée de 0,5% en 1900 à 0,9% en 2010 à la suite de la révision des comptes nationaux. Toutefois, sur la même période, la proportion de la population africaine dans le monde est passée de 8% à 13%. Ce rapide survol illustre bien que l’ASS n’en est qu’au début de son processus d’émergence et que les défis à relever sont encore nombreux.

C’est donc pour accompagner cette dynamique que la Conférence Internationale sur l’Emergence del’Afrique (CIEA) a été instituée dans le but de soutenir et faciliter le développement des capacités des pays africains à mieux planifier et mettre en œuvre l’émergence, mutualiser leurs expertises et documenter les bonnes pratiques en la matière.

 


La première édition de la CIEA (CIEA‐2015), qui a eu lieu à Abidjan du 18 au 20 mars 2015, a permis de débattresur trois thèmes : (i) l’Etat développementaliste et l’émergence, (ii) les changements dans les modes de production et de consommation et (iii) l’émergence et le développement humain. La CIEA‐2015 a été sanctionnée par une déclaration qui recommande, entre autres, l’organisation tous les deux ans d’un forum sur les bonnes pratiques en matière d’émergence et la mise sur pied d’un centre de veille stratégique. Deux ans après cette première édition, et en vue de s’assurer que les pays ayant formulé des plans d’émergence se sont engagés dans la bonne direction, il est important d’apprécier si les politiques amorcées commencent à produire des effets, fût‐ce seulement à l’état embryonnaire.

Cette revue sera menée dans un nombre restreint de pays en vue de conseiller ceux qui ne seraient pas dans la bonne direction ou qui rencontreraient des difficultés de mise en œuvre. Cela préfigurera la revue par les pairs qui sera systématisée dans le cadre de l’Initiative pour l’Emergence de l’Afrique. Par ailleurs, cette édition sera l’occasion d’approfondir certaines thématiques importantespour l’émergence de l’Afrique. Ces thématiques seront tirées des leçons apprises des expériences menées dans certains pays, dans la perspective de bien cerner les éventuels goulots d’étranglement et trou‐ ver les meilleures solutions pour les lever. II. Problématique d’ensemble La mise en œuvre des stratégies d’émergence requiert des démarches cohérentes et simultanées d’investissements (infrastructures, outils de production…), de réformes visant à améliorer la compé‐ titivité et la productivité, et d’impulser le changement. Il s’agit d’un processus particulièrement com‐ plexe comme l’attestent les échanges tenus à l’occasion de la CIEA 2015. Ces discussions ont mis en exergue la difficulté rencontrée par les pays de l’ASS à surmonter cette complexité.   Une première difficulté tient au changement de rôle d’Etats, auparavant plus orientés dans une fonc‐ tion de redistribution de rentes économiques ou de fourniture de services publics indispensables (santé, éducation), et moins habitués au rôle d’impulsion et de structuration de filières économiques compétitives. Par ailleurs, l’émergence est subordonnée à des changements importants en termes de qualification de la main d’œuvre, de qualité des infrastructures et de la gouvernance publique et privée. Ces changements sont souvent ralentis par la faible capacité des pouvoirs publics à faire face à des pesanteurs économiques, sociales et culturelles.

Sur un autre plan, les retours d’expérience montrent aussi que les pays d’ASS disposant d’un plan d’émergence sont parfois confrontés à des obstacles opérationnels récurrents, parmi lesquels :

 La difficulté à prioriser les projets à mettre en œuvre, à assurer leur soutenabilité financière et opérationnelle et à gérer les éventuels goulots d’étranglement ;

 Les difficultés à mobiliser des ressources financières hors budget de l’Etat, afin de soutenir le rythme d’investissement élevé nécessaire à l’impulsion d’une forte croissance ;

 Un manque d’études techniques et financières des projets, qui accroit les risques d’échecs et entraîne des surcoûts importants ;

 Une insuffisante culture du résultat au niveau des structures chargées de la mise en œuvre, notamment dans la fonction publique, ce qui limite les capacités de gestion par la perfor‐ mance ;

 Des lacunes dans le dispositif de suivi‐évaluation, qui nuisent à la qualité du pilotage stratégique et opérationnel des plans d’émergence. Ces éléments susmentionnés confortent les conclusions des travaux de la CIEA 2015 qui avaient aussi relevé que l’une des principales contraintes à laquelle sont confrontés les pays porte sur leurcapacité de mise en œuvreeffective etdesuivi‐évaluation des plans et stratégies d’émergence.Le relèvement de ce défi est essentiel pour enclencher les dynamiques de la transformation économique et sociale en vue de l’émergence.   Cette faible capacité de mise en œuvre résulte en partie de l’organisation et du fonctionnement des structures de l’Etat qui privilégient le plus souvent la logique bureaucratique sur la logique managériale dans la conduite du processus de développement. Cette logique bureaucratique est accentuée par l’inefficience des modes d’acquisition et de gestion des ressources humaines. Elle pèse aussi sur la conduite du processus d’émergence en limitant l’efficacité de la coordination des politiques pu‐ bliques (réformes, allocation des ressources,investissements, régulation…) et la célérité dans leur mise en œuvre.

En outre, la plupart des Etats africains peinent véritablement à associer le secteur privé à la recherche de solutions aux problèmes rencontrés, à l’instar de pays comme la Malaisie ou Maurice. Sur un autre plan, la transformation structurelle de l’Afrique tarde à s’enclencher du fait de la difficulté de bâtir une dynamique industrielle inclusive et durable qui s’appuierait sur les potentialités agricoles et/ou minières, ou qui tirerait profit des mutations de l’économie mondiale, en particulier la hausse des coûts de production en Chine, pour développer l’industrie manufacturière et créer des emplois pour les jeunes.

5 Enfin, il ressort des discussions de la CIEA 2015 la difficulté rencontrée par la plupart des Etats africains à concilier la gestion du développement à long terme et la prise en charge de la demande so‐ ciale à court terme. Cette question renvoie, entre autres, au triptyque « capital humain‐ transformation structurelle‐emploi », un axe important pour la réalisation des ODD.Elle porte aussi sur la transition démographique qui tarde à se matérialiser, empêchant ainsi la majorité des pays africains de bénéficier pleinement du dividende démographique. En effet, le continent a la popula‐ tion la plus jeune dans le monde. Cette jeunesse constitue un atout si elle est bien utilisée dans la transformation et la diversification économique ; dans le cas contraire, elle peut être un frein à ce processus si le manque d’opportunités la pousse à la radicalisation ou à contester la légitimité des Etats.


III. Objectifs

 

L’objectif général de la CIEA 2017 est d’approfondir le débat sur la problématique de la mise en œuvre des plans d’émergence de l’Afrique à la lumière des expériences menées en Afrique et ailleurs dans le monde.   La CIEA 2017 sera l’occasion de revisiter la pensée et les idées sur l’émergence de l’Afrique, qui a été déclinée en 2015 dans ses dimensions institutionnelles, économiques et sociales, en tenant compte des évolutions de l’environnement international (ralentissement dans les pays émergents, repli des cours des matières premières, changement dans le modèle économique Chinois, diversification de l’offre énergétique, crise des migrants…).

Cependant, les travaux seront principalement centrés sur la question cruciale de la mise en œuvre des plans d’émergence. Il s’agira ainsi de discuter des bonnes pratiques africaines et des pays émergents en matière de mise en œuvre des plans d’émergence sur le plan de la gouvernance des institu‐ tions publiques. La problématique de la mise en œuvre sera également abordée sous l’angle de la transformation structurelle avec un regard particulier sur l’innovation, les transferts de technologies et l’industrialisationdans la perspective de créer des emplois décents et productifs pour les jeunes.

De manière spécifique, il s’agira :

 D’échanger sur les bonnes pratiques africaines en matière de mise en œuvre des plans d’émergence sous les angles institutionnel, économique et social ;

 De partager les outils et méthodes de mise en œuvre pour accélérer la transformation structurelle et l’industrialisation afin de créer de l’emploi pour les jeunes ;

 D’entamer un processus d’apprentissage par les pairs à travers l’analyse de cas de pays africains engagés dans le processus d’émergence ;

 De commencer à développer un réseau d’échanges et de travail entre les structures chargées de la coordination et du suivi de la mise en œuvre des plans d’émergence ;

 D’avoir une compréhension commune des indicateurs d’évaluation (tel que l’indice d’émergence développé par le Groupe Performance) du succès de la mise en œuvre des plans d’émergence. 6 IV. Résultats attendus Au terme des travaux de la CIEA 2017, les principaux résultats attendus sont :

 Une meilleure connaissance des dynamiques d’émergence en cours dans certains pays africains ;

 Une meilleure compréhension des goulots d’étranglement qui freinent la mise en œuvre des plans d’émergence, y compris les aspects liés au financement (options et risques) ;

 La présentation d’outils, méthodes et procédures pour moderniser les administrations publiques avec comme perspective la mise en place d’une plateforme de partage des bonnes pratiques en matière de mise en œuvre des plans d’émergence ;

 Une meilleure identification des marges de productivité et de compétitivité dans les princi‐ paux secteurs ;

 La présentation d’options pratiques pour accélérer l’industrialisation de l’Afrique et créer des emplois pour les jeunes.

Source : financialafrik

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