« Nous léguons une institution dotée désormais d’une bonne gouvernance avec des capacités renforcées »
En fin de mandat à la tête de la Chambre consulaire régionale de l’UEMOA, Abdoulaye Kouafilann Sory, par ailleurs, patron de Fidelis Finance, une institution financière à caractère bancaire, revient sur les acquis engrangés par l’institution régionale dédiée au secteur privé. Alors que la crise sanitaire de 2020 a chamboulé les agendas, il a dû ajuster son action au gré de la contingence du moment et serrer la ceinture pour réaliser des gains d’économie budgétaire.Interview
Après trois ans à la tête de la Chambre consulaire régionale, que vous est-il possible de retenir de votre mandature?
Au début de notre mandat, en mai 2018, nous avions fait adopter un programme de mandature centré sur quatre (04) grands axes à savoir renforcer la gouvernance de l’institution et les capacités institutionnelles des organisations membres; améliorer l’efficacité technique et opérationnelle de ses instances;encourager et promouvoir les initiatives privées communautaires et enfin renforcer les capacités institutionnelles des organisations membres. Ces piliers sont encadrés par une NOP (Note d’Orientation du Président) qui fixe le cap telle une boussole sur les grandes actions de notre mandat.
Au moment où je me prépare à passer le flambeau, je puis vous affirmer que nous avons, grâce au soutien et à la mobilisation des élus et organisations consulaires ainsi que du personnel administratif de la CCR-Uemoa, accompli des progrès remarquables. Nous léguons une institution désormais dotée d’une bonne gouvernance avec capacités renforcées.
Pour doper les capacités financières de la CCR-Uemoa, nous avons pris des mesures drastiques de réduction du train de vie de la Chambre comme la réduction de la durée des réunions des organes de trois jours à une journée où l’obligation faite aux élus, excepté le Président et les vice-présidents, de voyager en classe économique dans la sous-région. Résultat : la CCR réalise un gain d’économie sur ce poste budgétaire de l’ordre de 150 millions de Fcfa par an.De même, l’efficacité technique et opérationnelle de nos instances a été considérablement accrue à travers l’adoption de nouvelles méthodologies de travail.
Pour quelles raisons, avez-vous jugé pertinent de doter la CCR-Uemoa d’une vision à l’horizon 2030?
Il n’y a pas de vents favorables pour celui qui ne sait où il va. Telle une boussole, la vision à l’horizon 2030 trace la voie pour renforcer l’ancrage institutionnel de notre Chambre régionale qui se veut une force de propositions en faveur des milieux d’affaires. De fait, elle fixe le cap à suivre pour l’atteinte desdits objectifs qui visent, in fine, à faire du secteur privé communautaire durant la prochaine décennie, le moteur de l’intégration économique, voulue par nos plus hautes autorités. C’est en cela qu’il était impérieux pour nous de doter notre institution communautaire d’un outil de planification pour lui permettre de réaliser ses ambitions tout en ajustant son action au gré de la conjoncture à l’aide d’un plan stratégique.
Quelles autres initiatives ont été apportées pour améliorer les finances de l’institution ?
Les ressources de la CCR-Uemoa proviennent, essentiellement de deux sources : une subvention reçue de l’Uemoa qui, d’année en année, se réduit depuis l’adoption des mesures de rationalisation budgétaires en 2017 et les cotisations des membres. Outre les mesures prises pour réduire le train de vie de l’organisation, trois initiatives ont été prises pour renforcer ses finances.
Primo, nous avons augmenté successivement le montant des cotisations annuelles qui est passé de 1,5 million à 3 millions en 2019 puis à 5 millions de Fcfa en 2020. Secundo, des actions ont été entreprises pour recouvrer la totalité des arriérés de cotisations. Tertio, nous avons, pendant que tous les organes de l’Union enregistraient une réduction de leur budget, obtenu un relèvement du montant de la subvention de la CCR-Uemoa de 400 millions à 600 millions de Fcfa en 2020.
Quels sont les rapports de la CCR-Uemoa avec les Commissions de l’Uemoa?
Nous avons entretenu un dialogue fécond avec la Commission de l’Uemoa, en l’occurrence son Président, le Commissaire DEMEN ainsi que l’ensemble du collège des Commissaires. Je dois par ailleurs préciser que les Chambres de commerce et d’industrie nationales, les membres du bureau et les présidents de commissions ont été d’excellents partenaires.
Plus largement, en matière de coopération internationale, nous nous réjouissions de la signature de deux conventions de partenariat avec la CPCCAF et Sweed (Programme d’autonomisation de la femme du FNUAP) et, d’un M.O.U. pour la mise en route d’une société communautaire pour la gestion des containers utilisés dans le cadre de l’approvisionnement des pays de l’Union.
Où en êtes-vous avec le projet de construction du siège de la Chambre ?
Les travaux de construction du siège de la Chambre Consulaire Régionale et du Bureau de la Représentation de la Commission de l’Uemoa à Lomé, au Togo, enregistrent une avancée notable sous l’égide du Comité Conjoint Commission/CCR chargé de superviser lesdits travaux. à la fin d’avril 2021, le taux d’exécution du chantier avait atteint 40,22%.
Le Plan d’actions de notre mandature a accordé une priorité à la sécurisation du programme immobilier. Outre la construction de son siège, notre institution a entrepris les travaux de construction de deux villas duplex don de l’État togolais. Le coût des travaux de construction du siège, qui s’élève à 8 milliards de Fcfa, est financé par le budget de l’Union tandis que la construction des deux villas est financée sur fonds propres pour un coût total de 180 millions. Ces ouvrages seront livrés en 2021 et 2022.
La crise sanitaire a affecté les économies des pays de l’Union, et partant des pans entiers de l’activité économique. Quel rôle la CCR-Uemoa a joué pour renforcer la résilience des secteurs ou entreprises éprouvés ?
L’avènement brutal de la crise sanitaire mondiale de Covid-19 au début de l’année 2020, nous a amené à réajuster notre fonctionnement et à déployer des mécanismes et leviers pour assurer la continuité de nos missions afin de répondre au mieux, aux attentes de l’ensemble du secteur privé confronté sévèrement aux répercussions financières dévastatrices de cette pandémie.
D’une violence inouïe, elle a ébranlé l’économie mondiale, ce faisant l’ensemble des secteurs d’activités dans nos pays, alors que les États prennent des mesures drastiques pour restreindre les mouvements des populations des quatre coins du monde. Outre le versement de 120 millions de Fcfa sous forme de soutiens pour le renforcement de la résilience des entreprises, nous avons diligenté des études internes pour la prise des décisions en faveur du secteur privé de l’Union.