Si les uns et les autres préfèrent le voir à la tâche pour se prononcer ou la qualité de son équipe pour le juger, tout le monde est unanime sur les qualités de l’homme que le président Ibrahim Boubacar Kéita a choisi pour succéder à Modibo Kéita à la Primature. En effet, Abdoulaye Idrissa Maïga est réputé être un gros bosseur, rigoureux, intègre… N’ayant pas été formé dans le traditionnel moule de la classe politique, ce consultant international a horreur de la langue de bois. Son franc parler est alors souvent déconcertant.

 

Qu’on le respecte ou qu’on le craigne, que l’on l’admire ou qu’on le déteste, Abdoulaye Idrissa Maïga ne laisse pas indifférent. Il focalise des valeurs qui le placent toujours au-dessus de la mêlée. L’homme est réputé intègre, rigoureux, compétent loyal, fidèle. Il sait être efficace dans la discrétion parce qu’il n’est pas exubérant.

Ainsi, même si les attaques ont continué au nord et au centre du pays, il avait réussi à prendre en main la grande muette pendant les quelques mois passés dans le fauteuil du ministère de la Défense et des Anciens combattants.

«Ce n’était pas assez visible sur le front, mais il était en train de faire bouger les lignes à tous les niveaux. C’est un homme discret et perfectionniste, c’est pourquoi il n’est pas démonstratif. Mais, il avait réussi à secouer le cocotier de l’Armée, à imposer la rigueur, la discipline… C’est un bosseur et, en retour, il est très exigeant avec ses collaborateurs», témoigne un Officier supérieur qui n’a pas souhaité être nommé.

Mais, le choix de l’homme est surtout la preuve de sa rigueur et de sa sérénité auxquelles s’ajoute son statut d’homme de confiance du Président de la République dont il fut le Directeur de campagne en 2013.

Le choix porté sur ce fils de Gao n’a rien de fortuit ou de complaisant. Le nommer à la Primature était sans doute juste une question de temps et d’opportunité pour le président IBK. Et cela d’autant plus que le Chef de l’Etat n’a aucun doute sur sa compétence, son sens de meneur de troupe, sa probité morale, sa rigueur et sa sérénité.

Des qualités qui l’ont vite rapproché d’Ibrahim Boubacar Kéita dont il est rapidement devenu l’homme de confiance et le Directeur de campagne en 2013. Une relation qui dépasse le cadre du parti. Le Mérite d’AIM, c’est aussi qu’il a la patience et la persévérance de laisser le temps au temps. Il ne cherche donc pas à forcer le destin.

Une fierté de l’école et de l’administration maliennes

Né le 11 mars 1958 à  Niafunké et pur produit de l’école malienne, Abdoulaye Idrissa Maïga dit A.I.M est un proche parmi les plus proches d’Ibrahim Boubacar Kéita dont il a été le directeur de campagne à la présidentielle de 2013.

Le nouveau Premier ministre est un polytechnicien. Ingénieur en sciences appliquées, spécialité Elevage de l’Institut polytechnique rural (IPR) de Katibougou, «le camarade Abdoulaye Idrissa Maïga est un spécialiste des questions de développement rural intégré, de gestion de projet des systèmes d’Evaluation et des systèmes fonciers», rappelle son parti, le Rpm.

Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur des sciences appliquées en 1981, il élargira par la suite ses domaines de compétence. Ainsi, devient-il  spécialiste des questions de développement rural intégré, de la gestion de projet des systèmes d’Evaluation et des systèmes fonciers. Il est également spécialiste des Projets agricoles et de gestion des ressources naturelles.

Sur le plan professionnel, Abdoulaye Idrissa Maïga occupa son premier poste en 1982, en qualité de chef de l’antenne pastorale de Gao du ministère de l’Elevage et de la Pêche. Il fut, entre 1999 et 2001, coordinateur des projets d’Elevage de la région de Mopti.

De 2001 à 2003, il était chercheur associé au ministère du développement rural et chargé de programmes auprès de la Cellule de Planification et de Statistique dudit ministère. De 2003 à 2008, il était chef de Département «Etudes et Suivi des milieux» de l’Agence du bassin du fleuve Niger à Bamako. Depuis cette date, il officie comme consultant auprès d’organismes nationaux et internationaux.

Ingénieur mais soucieux des droits humains, ce Grand commis de l’Etat fut secrétaire général adjoint de l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH) de1990 à 1999.

Président d’honneur du Centre d’Etudes, de Formation et de Recherche en Développement participatif «Sony Ali Ber» (Cersab depuis 2001), il était le rapporteur de la coordination régionale des organisations et associations démocratiques de la 7e région.

Le nouveau chef du gouvernement est l’auteur de plusieurs publications techniques et a participé à la rédaction de l’ouvrage collectif «Mali : entre doutes et espoirs» !

Des atouts pour éviter que le navire ne chavire dans la tempête

Avant la Primature, Abdoulaye Idrissa Maïga a occupé les postes de ministre de la Défense et des Anciens combattants, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, ministre de l’Administration territoriale. Il était entré dans le gouvernement en avril 2014 comme ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement.

C’est donc un homme du sérail qui s’installe à la Primature. Même si les défis sont énormes. En effet, AIM arrive à la Primature alors que le climat social est tendu, particulièrement dans le secteur de la santé où les hôpitaux publics sont en grève depuis plus d’un mois pour des revendications salariales et d’intégration de travailleurs contractuels dans la fonction publique.

Le Mali est plus que jamais paralysé dans tous les secteurs et les populations manifestent déjà des signes de nervosité face à la multiplication de leurs difficultés quotidiennes.

Sans compter la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale et surtout la révision constitutionnelle dont le projet est présentement au niveau de l’Assemblée nationale et qui suscite déjà une vive polémique dans la classe politique et des cercles d’intellectuels maliens.

Le nouveau Premier ministre est donc un leader connu et respecté qui «apparaît aux yeux de beaucoup non seulement comme l’homme de confiance mais aussi l’arme secrète du président IBK», dixit un cadre du Rpm.

«Les Tisserands» rappellent que c’est à lui qu’Ibrahim Boubacar Kéita (alors président du RPM), en ballotage contre Moussa Mara en Commune IV, a fait appel pour gagner la bataille des législatives. C’est encore à lui que le président IBK a accordé sa confiance comme Directeur de campagne pour les élections de 2013.

Polyglotte, le ministre Maïga parle le songhoï, le français, l’anglais  et le bambara. Il est marié et père de cinq enfants. Musulman pratiquant, leader sympathique et très ouvert, Abdoulaye Idrissa Maïga est réputé être un cadre rigoureux avec une intégrité à toute épreuve, mais aussi un redoutable travailleur.

Des qualités dont il aura besoin pour redresser le Mali qui tangue dangereusement comme un navire en pleine tempête ! Et aussi du soutien opportun, franc et sincère de la majorité présidentielle !

Moussa Bolly