La fête du sacrifice, célébrée par des millions de musulmans sur le continent, a été hier l’occasion pour les responsables religieux et politiques de faire passer certains messages.
Ainsi, « la paix et la concorde sociale ont été célébrées à Ouagadougou », s’exclame le site d’information Fasozine qui rapporte les propos de l’imam Aboubacar Sana, « lequel a rappelé dans son prêche les vertus du respect de l’autre, la droiture, et fustigé l’homosexualité, une pratique, a-t-il dit, contre nature. »
Chacun restera juge de la bonne cohérence de ces propos… Un message plus politique en Côte d’Ivoire. « A la grande mosquée de Riviera Golf à Cocody, c’est l’imam Traore Mamadou qui a officié la prière en présence du président de la République Alassane Ouattara, rapporteL’Intelligent. Il a appelé les Ivoiriens à la réconciliation. Pour sa part, le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité pour ses concitoyens de regarder dans la même direction. »
Un souhait repris et amplifié par Fraternité Matin qui appelle à l’unité de la nation et qui adresse ce message aux partisans de Laurent Gbagbo : « les militants du FPI et tous ceux qui se réclament de Laurent Gbagbo devraient plutôt chercher à construire une nouvelle Côte d’Ivoire où tout ce que nous avons vécu ne se reproduirait plus jamais. Trop d’opportunités s’offrent, en ce moment, à notre continent et singulièrement à notre pays pour que nous passions notre temps à nous mortifier dans les larmes et le souvenir d’un seul homme, fût-il très grand. Si Laurent Gbagbo devait revenir libre dans ce pays, conclut Fraternité Matin, le meilleur cadeau que ses partisans pourraient lui offrir serait une Côte d’Ivoire déjà réconciliée dans laquelle il s’insérerait. »
Pas le cœur à la fête
L’ambiance politique a pesé également en Guinée lors de cette Tabaski. « Une fête quasi-morose », constate Guinée Conakry Infos. Pourquoi ? Et bien en raison de « la crise liée à l’attente pénible de la publication des résultats provisoires complets des élections législatives. Bien que la tension ait relativement baissé, il reste en effet un fond de psychose, relève le site guinéen, par rapport au cafouillage autour de la dernière circonscription de Matoto. L’opposition faisant toujours planer des risques de manifestations de rue pour contester les résultats, beaucoup de Guinéens n’ont pas tous eu le cœur à la fête. Cependant, relève Guinée Conakry Infos, les imams auront bien conseillé, appelant les uns et les autres à la sérénité, à la justice, à la tolérance et au pardon. La confiance entre les différents acteurs sociaux étant encore en rade, les imams ont prié pour que Dieu “dégage” tous ceux qui empêchent la Guinée de connaître le développement. »
Contestation
Beaucoup de préoccupations sociopolitiques également au Mali… « Pas d’état de grâce pour IBK », titre L’Observateur Paalga au Burkina. En effet, relève-t-il, « Gao vient de siffler la fin de la latence sociale, si vraiment c’en fut une, dans un pays où tout est priorité. Dans cette ville du Nord jadis contrôlée par le MUJAO, la population commence à descendre dans la rue pour exiger des nouvelles autorités de meilleures conditions de vie et de sécurité. (…) Après l’euphorie de la libération, place à l’indignation dans une des localités maliennes du Nord, considérées comme les oubliées du Sud, siège du pouvoir central. »
IBK qui doit également gérer la réconciliation… « Sur ce point, il faut saluer la lucidité dont fait preuve, jusque-là, le nouveau locataire du palais de Koulouba, estime L’Observateur. Malgré son intransigeance sur l’intégrité des frontières et le caractère laïc et unitaire de l’Etat, IBK s’est inscrit dans la logique du dialogue avec les mouvements autonomistes. Au point de se mettre à dos une bonne partie de ses compatriotes et des représentants d’institutions de la république. »
Seulement voilà, constate Le Pays, toujours au Burkina, « à peine Bamako se félicitait-elle du retour des groupes armés à la table des négociations, il n’ y a pas longtemps, que ceux-ci viennent de jeter un autre pavé dans la mare, en remettant en cause le calendrier gouvernemental pour les différentes échéances à venir, à savoir les états généraux de la décentralisation prévus du 21 au 23 octobre prochain, le calendrier des élections législatives et locales dont le premier tour est prévu pour le 24 novembre prochain, et les assises du nord prévues dans le même laps de temps. » Et Le Pays de s’interroger : « mais que veut réellement le MNLA ? A l’analyse, répond-il, le MNLA reste fortement attaché à sa volonté d’autogestion et n’a pas renoncé à ses visées indépendantistes. »