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À la Une: la désagrégation du pouvoir au Mali

Encore des milliers de manifestants vendredi dernier dans les rues de Bamako. Et une nouvelle injonction hier du M5, le mouvement du 5-Juin. Le M5 qui « annonce intensifier et densifier sa lutte sur l’ensemble du territoire national », pointe le quotidien L’Indépendant. « Le camp de la contestation, qui ne cesse de grossir, affute ses armes pour une troisième mobilisation, dont la date sera communiquée bientôt. »

Et de larges fissures apparaissent dans le camp du pouvoir… « La Cour constitutionnelle est tombée en décrépitude, s’exclame L’indépendant, avec la démission, ces derniers jours, de la quasi-totalité des Sages. Les coups de boutoir de Mahmoud Dicko et des siens sont passés par là. L’Assemblée nationale a, quant à elle, enregistré également ses premières fissures avec la constitution d’un ‘Club des élus du peuple’ qui appelle à des élections partielles dans les circonscriptions électorales où il y a eu des contestations. »

Démissions en cascade à la Cour constitutionnelle

C’est « la chute d’un pilier du régime », lance en Une le quotidien Malikilé. « La Cour constitutionnelle du Mali, la plus haute juridiction du pays après la Cour Suprême, s’est littéralement liquéfiée après la démission de cinq de ses membres et celle attendue de sa Présidente Manassa Danioko. Jamais dans l’histoire du Mali démocratique, institution n’aura été autant critiquée et vilipendée, en raison d’arrêts, que les spécialistes ont qualifié d’inconstitutionnels, et de manquements graves à sa déontologie du fait de son accointance avec le pouvoir exécutif et de son immixtion dans la vie politique du pays. »

Le Témoin, autre publication malienne, précise : « dans l’article 4 du règlement intérieur de la Cour constitutionnelle, il est indiqué que la Cour ne peut valablement délibérer que si au moins 5 de ses membres sont présents. Aujourd’hui avec plus qu’un seul membre, à savoir la présidente de ladite institution, il y a lieu de constater son blocage et d’en tirer les conséquences. »

Quelle stratégie pour IBK ?

Alors que va faire, que peut faire le président IBK ? « IBK va-t-il user des pouvoirs exceptionnels pour sortir le pays de la crise ?, s’interroge le site d’information Maliweb. Rien ne permet de l’affirmer, répond-il. Le chef de l’État doit au moins s’inspirer des propositions de la délégation de la CEDEAO pour asseoir un dialogue politique. » Car il y a urgence : « gouvernance calamiteuse marqué par de nombreux scandales, pilotage à vue du pays en crise sécuritaire aggravée, crise post-électorale ayant suscité des mécontentements multiples. Le régime IBK est aujourd’hui vomi par une écrasante majorité du peuple. IBK doit à nouveau s’adresser à son peuple. Ce sera cette fois-ci, estime Maliweb, l’occasion d’annoncer des décisions fortes comme la dissolution de l’Assemblée Nationale et de la Cour constitutionnelle. »

« Quel chemin vers la décrispation ? », s’interroge en écho le quotidien L’Essor. « Ni la diplomatie préventive de la Cedeao, ni les concessions faites par le pouvoir ne semblent suffire pour instaurer le dialogue. Pourtant, estime le journal, les échanges autour d’une table sont incontournables pour une sortie de crise. »

L’imam Dicko au premier plan

En tout cas, face à IBK, un autre leader s’affirme : l’imam Dicko… L’imam Dicko, l’un des initiateurs du Mouvement du 5-Juin, « est incontestablement le leader politico-religieux le plus influent et le plus populaire du Mali », s’exclame le site Inf@sept. « Il passe aujourd’hui aux yeux de beaucoup de Maliens comme le héros et le sauveur. »

Dans une tribune publiée par Le Monde Afrique, Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, estime que « l’ascension de l’imam Dicko est le symbole de l’échec de l’élite politique malienne. (…) Les principes de bonne moralité en bandoulière, il fédère les sensibilités religieuses et profite du recul des idéologies de gauche (…). L’imam Dicko a compris que pour agréger les frustrations actuelles, poursuit Bakary Sambe, il fallait épurer son discours de références islamistes afin d’opérer une jonction inédite entre mouvances salafistes et anciens militants de la gauche nationaliste qui voient en ce ‘smart islam’ une forme efficace de contestation de l’Occident et d’un ‘néo-impérialisme’. Afin de masquer son fond religieux, l’offre politique de l’imam Dicko est soigneusement emballée d’une critique de la mal-gouvernance. Le tout dans un contexte de rejet de la présence militaire étrangère. »

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