Le principal site d’incinération des produits pharmaceutiques périmés ainsi que des drogues saisies se trouve à Dio Care. Les plaintes de la population de ce village ainsi que du maire par rapport à cette situation prennent du temps à se faire entendre.
Situé à quelques kilomètres de Bamako, dans le cercle de Kati, Dio Care est la commune où se trouve l’incinérateur le plus proche de Bamako. Dans ce village, des quantités importantes de produits toxiques et pharmaceutiques y sont incinérées chaque année. L’atmosphère y est particulière. Des odeurs de produits pharmaceutiques nous étouffent. Le sol noirci reste couvert de morceaux de verre. Il est également possible d’y voir quelques comprimés non consumés par le feu.
Une situation qui n’est pas sans conséquence pour les habitants de la commune, en particulier, et pour l’environnement en général. C’est ce que nous confie Issa Locké, représentant social de la direction de l’assainissement, lors de l’incinération des drogues saisies par l’Office central des stupéfiants. Selon celui-ci, ces incinérations occasionnent comme conséquence la dégradation du sol. En outre, elles constituent un danger pour l’environnement puisque tous les produits sont brûlés à l’air libre sur ce site désigné par les autorités de l’État. Ce qui n’est pas aussi, toujours d’après M. Locké, sans conséquence sanitaire.
Mettant tout en œuvre pour mettre le feu aux drogues saisies, des femmes descendent le flanc de la colline pour traverser le site. Elles sont détournées de leur trajectoire pour l’occasion. Elles venaient de la recherche du bois de chauffe. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce lieu constitue un passage des habitants de Dio Care pour leurs activités. C’est dans ce contexte que Dramane Kané, un habitant de ce village venu aider à la décharge des drogues, nous explique les risques auxquelles leurs enfants sont exposés à cause de ces incinérations à l’air libre. D’après lui, il arrive souvent que des enfants se fassent blesser avec des morceaux de verre de produits pharmaceutiques incinérés, que l’eau de ruissellement a amené sur la voie, voire jusqu’au seuil du village.
Face à cette situation, le maire de Dio Care, Adama Kané, n’est pas resté les bras ballants. À l’écouter, il a formulé la demande d’installation d’un incinérateur afin que cesse ces enflammations à l’air libre depuis quelques mois. Mais sans suite. Or, ces incinérations récurrentes exposent, selon lui, la population à des risques sanitaires. Toutefois, il dit ne jamais se lasser de renouveler la demande jusqu’à ce qu’elle aboutisse. Sur ces mots, la population le croit parce qu’elle le trouve travailleur et sincère dans tout ce qu’il dit et fait.
Fousseni TOGOLA
Le Pays
