Le van, comme défini dans le Dictionnaire français, « est un instrument en osier, en forme de coquille, qui a deux anses, et dont on se sert pour secouer le grain, les impuretés, afin de séparer la paille d’avec le bon grain ». Ailleurs, le van est présenté comme un outil agricoledont les paysans se servent pour nettoyer les céréales, pour les « vanner ». C’est un panier très plat et large servant à séparer la paille, la balle et la poussière du bon grain en les projetant en l’air d’un geste alerte pour offrir au vent les parties les plus légères à éliminer.
Depuis plusieurs décennies, dans le cercle de Diéma, tout comme ailleurs au Mali, la confection du van ou ‘’léfè’’ est une activité, généralement du ressort des femmes peulhs et maures, dont certaines en ont fait leurs métiers.
Selon les constats, l’utilisation du van est devenue si rare de nos jours qu’il ne figure plus sur la liste des ustensiles de cuisine de la ménagère ou dans le trousseau de mariage des jeunes filles. Nombre de femmes ont abandonné le van au profit des grandes assiettes en plastique, avec lesquelles elles font, quasiment, tous leurs travaux de vannage.
A cause du délaissement du van, Pendourou, comme plusieurs autres vannières sont désœuvrées. Cette dame pouvait confectionner par jour, près de dix vans. Malheureusement, elle ne reçoit plus de commandes de ses clientes. Avec ce travail artisanal, elle parvenait à entretenir ses enfants dont le père, tombé dans un puits, a perdu la vie. Elle évoque, la voix perdue par la grippe, l’importance du van qu’elle a appris à fabriquer, depuis sa tendre enfance. « Le van dit-elle, sert à débarrasser, à séparer le mil, le maïs et autres céréales, du son, après le lavage et le pilage, à les rendre plus propres pour la production de la farine ».
« Quand on préparait du couscous, se souvient-elle, c’est avec le van qu’on couvrait le couscoussier collé en ceinturon à la marmite par un tissu mouillé de liquide de poudre de feuille de baobab ‘’Namougou’’, pour empêcher la chaleur de s’échapper et faciliter la cuisson du ‘’Lathiri’’(couscous en peulh). En milieu peulh, le van fait partie, à présent, du trousseau de mariage de la jeune fille. C’est pour qu’elle présente des aliments propres, sans aucun brin de saleté au ‘maître’ de la maison », explique note interlocutrice
A en croire Soumba, le van protège contre le korotè (mauvais sort).« Celui qui mange un aliment dans un récipient dont un van servait de couvercle, poursuit-il, même si cet aliment contient du korotè, la personne n’en sera pas victime ». C’est pourquoi, ce sexagénaireexige que tous les mets qu’on pose devant lui, soient couverts par le van. Demba, coursier aux bureaux de la préfecture,explique que chez-eux, au Manding, il y a un autre type de van, qu’on appelle ‘Séguéré’, fait avec de feuilles de bambou ou de rônier,aux bordures surélevés, en forme de tasse, qui est utilisé également dans d’autres localités du Mali.
Il n’y a aucune raison valable et rationnelle à l’abandon du van au profit des grandes assiettes en plastique. La plupart des femmes, interrogées sur le sujet, affirment que le van est difficile à manier, à cause surtout de son poids et de son état rudimentaire. Il faut avoir des mains habiles et solides pour travailler avec. Il y a un problème de prix qui se pose aussi. Une grande assiette en plastique revient plus chère et s’use vite. Malgré tout, le van est abandonné. Dans les grandes villes, actuellement, et même dans les campagnes, beaucoup de femmes trouvent le van dépassé, archaïque. L’utiliser, selon certaines, c’est être la risée des autres femmes.
Karamoko, un notable, soutient que depuis que les femmes ont abandonné le van, la plupart des plats de riz ou de haricot contiennent de petits morceaux cailloux qui grincent sous les dent quand on mange. Chaque fois qu’il sent des désagréments de ce genre, il renonce au plat, même s’il n’est pas rassasié. Ces petits grains de cailloux, ne passent pas, non plus, chez Kantara, un étudiant, qui déclare que la consommation de certains aliments mal vannés, surtout le riz, peut provoquer de l’appendicite. L’étudiant dit prendre toujours le temps, même s’il meurt de faim, de bien mastiquer les aliments pour faciliter la digestion. Combien de fois cet hommes’est-il acharné contre son épouse : s’il voit un quelconque débris dans sa nourriture, il menace de la mettre à la porte.
Selon Dioncounda, le vannage est un travail mesquin, il demande du courage. Beaucoup de femmes n’ont pas la patience et ne se prêtent pas à cet exercice. Selon lui, « il faut assainir les aliments avant de les préparer, cela permet d’éviter certains problèmes gastriques ».
OB/MD
Source: AMAP