Pourquoi cet appel sur les réseaux sociaux?
Déjà sept ambulances ont disparu, attaquées par différents groupes armés. Deux travailleurs humanitaires de la Croix-Rouge yéménite ont été tués dans ces détournements, quelques jours après la mort d’un volontaire du Croissant-Rouge à Al-Dhale. La situation se détériore à Aden. Il y a des snipers dans toutes les rues, et des conflits jour et nuit. Les routes sont bloquées, les blessés n’arrivent pas jusqu’aux hôpitaux. Depuis trois jours, nous recevons beaucoup moins de patients à l’hôpital d’Aden, les gens ont peur de se déplacer, à cause de ces attaques d’ambulances et des combats incessants.
L’ONU parle de 517 morts et plus de 2 000 blessés depuis le début de l’offensive. Confirmez-vous ces chiffres?
Franchement, je n’en sais rien. C’est une de nos grandes difficultés, que de ne pas savoir combien il y a de morts et de blessés. Il y a une petite structure médicale, dans le quartier du Cratère, à Aden, qui reçoit des dizaines et des dizaines de blessés, depuis vendredi nous essayons de leur envoyer du renfort depuis l’hôpital, en vain. La ville est découpée en zones contrôlées par les rebelles houthis, leurs alliés de l’armée yéménite, ou par les forces fidèles au président Abd-Rabbou Mansour Hadi. Nous avons 140 employés yéménites à l’hôpital. Chaque jour, on se demande qui pourra venir travailler, passer les check-points. Certains dorment sur place, plusieurs sont dans une situation dramatique, leurs proches ont été tués ou leur maison détruite.
Combien de patients recevez-vous à Aden?
Depuis le 19 mars, nous avons accueilli 550 blessés. Au départ, nous avions une capacité de 45 lits, mais on a reçu jusqu’à 75 patients par jour. Or, depuis trois jours, on n’a accueilli que 9 ou 10 blessés. Les gens sont en train de mourir chez eux.
La Croix-Rouge internationale a appelé à une pause de vingt-quatre heures des combats. Etes-vous associés à cet appel?
Nous n’en avions pas parlé avec eux, mais bien sûr, il faut une pause dans les combats, débloquer les routes. Depuis dix jours, des équipes médicales d’urgence, des tonnes de matériel et de médicaments sont bloqués à l’extérieur du pays. Les aéroports sont fermés, nos avions ne peuvent pas atterrir. On essaie de faire venir un bateau depuis Djibouti, qui est le port le plus proche, mais jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas réussi. Nos équipes sont épuisées. Oui, il faut une pause dans les combats.