Le chef de l’Etat, le général d’Armée Assimi Goïta, en signant l’ordonnance instaurant un prélèvement de taxe sur les communications téléphoniques et les transactions financières via mobiles en cette période très précaire, due au coup d’Etat du 18 août 2020, dont il est l’un des acteurs, en rajoute au malheur et à la souffrance des citoyens pour lesquels il s’était présenté comme porteur de solution à leurs problèmes.
Aujourd’hui, ce sont ces mêmes citoyens qui subissent les conséquences économiques de ce coup d’Etat. Pire, les autorités de la transition semblent montrer leurs limites. La preuve, au lieu d’assurer le bien-être des Maliens en jouant sur le pouvoir d’achat, elles les asphyxient avec le paiement de taxes. Au même moment, aucun effort n’est fait au sommet de l’Etat visant à réduire le train de vie.
Ce qui est sûr, l’imposition de ces taxes prouve à suffisance que les autorités de la transition ne savent plus comment mobiliser des ressources nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du pays. Certes, cela n’est pas du tout grave aux yeux de celui ou de ceux qui ont commis un coup d’Etat, sachant bien que cet acte est un crime imprescriptible, mais le bon sens voudrait que l’on soit sensible à la souffrance des citoyens, surtout quand on est dirigeant.
Oui, cette décision est motivée par la mise en place d’un Fonds de soutien spécial pour le financement des projets d’infrastructures et de développement, notamment dans le secteur énergétique, mais il était nécessaire de mettre la forme, en prenant d’abord l’avis des populations.
Puisque le bombardement de grades militaires a été justifié par le fait que cela a été une recommandation du Dialogue Inter-Maliens, il était de même pour cette ordonnance, une décision aussi importante pour la nation, que les mêmes Maliens soient encore consultés. Les autorités devraient avoir le réflexe d’interroger les citoyens pour les biens desquels, disent-elles, elles ont pris le pouvoir. Ce qui est sûr, si une transition est synonyme du consensus autour des grandes décisions impliquant le peuple et la nation, ce que l’on voit actuellement est loin d’obéir à ce principe.
Ainsi depuis le 5 mars 2025, des citoyens, financièrement terrorisés, tentent en vain et par tous les moyens de contourner ces prélèvements. D’autres expriment publiquement leurs désaccords et n’entendent pas pardonner aux autorités. Ces derniers estiment surtout qu’un soutien n’a jamais été une obligation.
Donc d’ici ces cinq prochaines années, période prévue pour l’application de cette ordonnance, tout reste encore possible. Pour l’heure, beaucoup de Maliens, sous les yeux des autorités, doivent souffrir pour payer ces taxes sans avoir la moindre certitude qu’elles seront utilisées à bon escient.
Ousmane BALLO
Source : Ziré