À l’instar de la communauté internationale, le Mali a célébré, vendredi 8 mars, la journée dédiée de la femme. Comme d’habitude, elle a été consacrée aux manifestations folkloriques, occultant les préoccupations majeures des femmes. Chaque année, la journée du 8 mars est célébrée au Mali au son de la musique et des conférences devant un auditoire qui ne comprend presque rien du thème à débattre.
Comme s’il est écrit quelque part que la journée dédiée à la femme doit rester dans un cadre de réjouissance. Si c’est vrai que le 8 mars est l’aboutissement d’une longue lutte des femmes ouvrières pour améliorer leurs conditions de vie et de travail, les manifestations folkloriques n’ont pas leur raison d’être. Surtout dans des pays où les droits des femmes sont votés pour une minorité. La Loi 052-N°2015 du 18 décembre 2015 est passée par là. Elle ne cible que des femmes diplômées ou influentes dont le seul souci est d’accéder à des postes à responsabilité pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Et, depuis le vote de cette loi sélective, les autres femmes se cherchent. Elles sont désormais à la marge de la société malienne. Sinon, comment comprendre qu’après une année 2023 meurtrière pour les femmes maliennes, on peut se permettre d’organiser des manifestations folkloriques.
L’an passé a été cauchemardesque pour près d’une dizaine d’épouses assassinées de façon atroce ou mutilées par leur conjoint. Dans ce contexte, cette journée devait être placée sous le signe de la compassion pour ces femmes. Il ne sera pas ainsi. Elles sont des illustres inconnues des registres des femmes. Cette journée ne mérite pas d’être célébrée pour plusieurs raisons. D’abord, elle ne mobilise que des femmes des centres urbains, préoccupées par des exhibitions vestimentaires. Ensuite, on ne tire aucune valeur ajoutée de cette journée.
La souffrance des femmes, parlons-en. Si elles ne rendent pas l’âme en donnant la vie, elles sont violées, égorgées dans l’indifférence totale de celles qui bénéficient des avantages de la loi taillée sur mesure. Aussi, marchent- elles sous un soleil de plomb à la recherche d’une source d’eau. Elles sont victimes de toutes sortes de maladies. Elles font le pied de grue tard dans la nuit devant les bornes fontaines. Elles exercent leur commerce dans des marchés insalubres. Ces scènes macabres se passent dans certains de la capitale malienne au vu et au su de tout le monde. Cette violation des droits se déroule sous silence. Mais, une fois que le quota n’est pas appliqué, on crie au scandale. Pourtant, un ministère de la Femme a été créé pour agir au nom de la gent féminine sans aucune discrimination. Mais, il se trouve qu’il est là pour happer des centaines de millions de FCFA des partenaires pour entretenir la minorité agissante, arrogante et exigeante.
La journée internationale de la femme est un mirage au Mali. Les fêtes éclipsent les besoins nombreux et urgents des femmes, surtout rurales.
Yoro SOW