Cette fête de l’accession à la souveraineté nationale aurait pu être placée sous le signe de la lutte contre le terrorisme, en raison de l’engagement d’Idriss Déby Itno alias IDI dans le combat contre ce fléau sur le continent africain où son armée est présente comme au Mali, au Nigeria, au Cameroun et sur d’autres fronts de maintien de la paix. Mais IDI, comme, on l’appelle dans son pays, a préféré l’humilité, la sobriété et le silence pour célébrer l’indépendance de son pays.
Le gouverneur d’Abéché, les élus locaux, les chefs traditionnels et une marrée humaine étaient présents à cette fête, tenue à la Place de l’Indépendance d’Abéché.
Votre fidèle serviteur, en compagnie d’une trentaine de journalistes africains, venus remettre au Président Déby le prix « Médias africains pour la paix et le leadership », a, lui aussi, eu droit aux honneurs de la loge officielle d’où il a pu suivre l’imposant défilé militaire.
Comme, vous pouvez l’imaginez, la ville était dans ses grands jours, le drapeau tricolore, bleu, jaune rouge, flottait sur toutes les grandes artères, bien bitumées et éclairées, grâce à l’énergie solaire (l’argent du pétrole est passé par là).
A 9H 45, le chef d’Etat major Général des armées sacrifie à la revue des troupes. Trois minutes après, le cortège du Président de la République, Chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, s’immobilise. Les invités des deux des tribunes d’honneur se lèvent ensemble pour le saluer. En face, l’assistance multiplie les applaudissements, idem pour les youyous des femmes. A droite comme à gauche, des jeunes criaient de toutes leurs forces et exhibaient des banderoles sur lesquelles, on pouvait lire : « Merci Monsieur le Président ! », « IDI, Merci pour les projets de notre région », « La jeunesse te soutient Monsieur le Président ! »…
A 10H, le Président donne le coup d’envoi avec le dépôt de fleurs au monument aux morts. Une musique funèbre de la fanfare nationale, suivie de l’hymne national du Tchad, ont accompagné cet hommage.
Le défilé aérien, terrestre et motorisé peut alors commencer. Ce sont les Sukhoi 25, communément appelés les bombardiers, qui ouvrent le défilé, dans un premier passage, puis dans un second, dans un mouvement d’ensemble séduisant, dans un ciel serein où les nuages venaient de se dissiper. C’était beau. Les applaudissements étaient au rendez-vous. ! Suivront ensuite la direction de la musique nationale, la 26ème promotion de l’Ecole militaire inter-armes, la gendarmerie, l’armée de terre, les forces spéciales, appelées chez nous les bérets rouges, le détachement mixte tchado-soudanaise (les deux pays partagent 1500 km de frontière), la garde nationale, les méharistes, la police, la douane, les eaux et forêts et la police municipale d’Abéché. Chaque corps a sa tenue spécifique, son pas différent des autres. Par exemple : les méharistes sont habillés en boubou blanc, pantalon noir, turban blanc et écharpe rouge, tandis que l’armée de terre porte un treillis, les éléments coiffés en bérets rouges avec un brassard tricolore bleu, jaune et rouge, armes au poing. Les pas des soldats sont en l’air, pleins de vivacité, d’engagement, dans un mouvement d’ensemble soutenu par une belle symphonie de la direction nationale de la musique. La boucle du défilé terrestre a été la bouclée par la brigade canine. Elle a excellé en démonstrations d’attaque de chiens, avant de prouver au public sa maitrise des arts martiaux et des techniques de combat, à travers d’autres démonstrations qui ont séduit l’assistance. Applaudissements nourris de partout.
Le défilé motorisé a permis aux uns de découvrir et aux autres de revoir les engins de guerre notamment des Toyota équipées de mitrailleuse lourdes, avec des canons aussi multiples que variés comme les14,5 ; les 107milimètres ; les 122 ; les 12,7. Les Rames étaient là tout comme les blindés de plusieurs calibres, les AML 90 et plusieurs types de chars. C’était merveilleux. Les populations d’Abéché ont bien apprécié cette célébration. La cérémonie a pris fin par un bain de foule du Président Déby, sous les applaudissements, les danses du terroir et les youyous des femmes. Aucun discours n’a été prononcé à l’arrivée comme au départ de l’illustre hôte de la ville.
Rappelons que le Tchad est devenu un Etat indépendant le 11 août 1960. Son premier président s’appelle Ngarta Tombalbaye. Il a été renversé, en avril 1975, par les militaires, avec à leur tête Félix Malloum qui tiendra les rênes du pays jusqu’en 1979. C’était le chaos et la guerre civile, « le Tchad, Etat néant », écrivait alors Jeune Afrique. Lol Mahamat Choua dirige pendant 120 jours une période de transition. Il n’a pas pu résister face aux seigneurs de la guerre. Hissein Habré s’impose par les armes, le 7 juin 1982, il impose une dictature jamais égalée au Tchad (l’histoire le rattrape avec son procès en cours à Dakar). Le 1er décembre 1990, Idriss Déby Itno le chasse du pouvoir. Ainsi, s’ouvre pour le pays une nouvelle ère : celle de la liberté, de la démocratie et du multipartisme intégral. Alors débute pour le peuple tchadien la marche vers son développement économique, social et culturel. Avec le pétrole, le Tchad est aujourd’hui en chantier. La capitale, aussi bien que les régions, ressent les retombées de l’or noir même si certains vous diront qu’elles ne sont pas équitablement partagées.
Chahana Takiou, depuis Abéché (République du Tchad).
source : 22 Septembre