Au regard du contexte sécuritaire, sanitaire, social et institutionnel très tendu dans tout le pays, cette marche dite pacifique, bien qu’autorisée par le gouverneur du District de Bamako, est perçue par beaucoup de Maliens comme celle de tous les dangers.
En effet, de l’avis de nombreux observateurs, cette marche peut dégénérer, au regard de la multitude de manifestants qui n’ont pas les mêmes objectifs et les mêmes motivations.
D’autres sont convaincus que la manifestation va créer plus de problèmes qu’elle ne pourrait en résoudre. Pour preuve, de l’avis de la grande majorité des Maliens, la démission du Président IBK, suivie de la dissolution des autres institutions, ne fera qu’aggraver la situation sociopolitique et sécuritaire du Mali qui peine à sortir de la crise multidimensionnelle depuis 2012.
Crise scolaire, grogne des élections législatives de 2020, corruption, mauvaise gouvernance, voilà entre autres questions qui seraient à l’origine de la grande marche initiée par l’ancien président du Haut Conseil islamique (HCI) du Mali, Imam Mahmoud Dicko qui a promis d’accomplir la grande prière du vendredi prochain au Monument de l’indépendance avec ses fidèles.
Une action à haut risque. Car les conséquences de cette marche sont imminentes à bien des égards. Sur le plan sanitaire, en cette période de Coronavirus, ces rassemblements où les gestes barrières ne seront pas respectés, sont une occasion propice à la propagation de la pandémie du Coronavirus.
Pire, au-delà, cette marche laisse planer une réelle menace sur la stabilité institutionnelle du pays. Puisque, les initiateurs disent vouloir : «aller jusqu’au bout en balayant sur leur passage tout ce qui est institution de la République ». Toute chose que les services de sécurité en charge de l’encadrement de la marche n’accepteront sans doute pas.
C’est peut-être, conscient de cette menace que le Premier, accompagné de certains membres du Gouvernement, s’est rendu chez le chérif de Nioro pour obtenir l’annulation de ladite marche.
Plusieurs questions juridiques se posent quant à la finalité de cette marche. La Cour Constitutionnelle, faisant une lecture, die sélective par certains, s’est sentie obligée de rappeler certaines dispositions de celle-ci pour fustiger des « propos insurrectionnels, subversifs, séditieux appelant à la démission de la première institution, qu’est le président de la République ».
En tous cas, prudence et vigilance doivent être de mise dans un pays fragile comme le nôtre, au risque de jeter l’enfant avec l’eau du bain et faire entrer encore une fois le Mali dans l’histoire par la mauvaise porte.
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews