Du 20 juin 2015 au 20 juin 2019, cela fait exactement quatre ans que le gouvernement malien et les groupes armés éligibles aux pourparlers d’Alger ont apposé leur signature au bas du document intitulé : « Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger », qui peine malheureusement à apporter la paix tant souhaitée par le peuple malien. A l’occasion de ce 4èmeanniversaire, le président IBK a tenu un discours dans lequel il a évoqué l’évolution de sa mise en œuvre.
« Le 20 juin 2015, sous le regard étonné, ému et quelque peu dubitatif du monde, nous avons pu enfin signer ici dans notre capitale, l’Accord pour la paix et la réconciliation, décliné de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, issu du processus d’Alger et parachevé à Bamako. Nos partenaires étaient là, nos frères de la rébellion également. L’ambiance particulièrement grave du moment était celle des moments d’histoire, de ces moments rares dans l’histoire des nations. Ce jour-là, d’émotion compréhensible mais aussi de sincérité assumée, j’ai pris feu Mamadou Djéri Maïga dans mes bras. Je l’ai pris dans mes bras pour la paix. Je l’ai pris dans mes bras pour le Mali. Je l’ai pris dans mes bras pour la stabilité du Sahel et pour la tranquillité du monde», c’est en ces termes que le président IBK a introduit son adresse à la nation.
Selon lui, leur accolade devait sceller un pacte, une complicité pour que les populations du Mali vivent dans la paix, et aspirent au bien-être tant mérité, d’un peuple qui vit à la sueur de son front, dans ses champs, derrière ses troupeaux, le long des pêcheries, sur les marchés, dans les mosquées, dans les églises, dans d’autres lieux de culte. Car, dit-il, tel est le Mali : libre et voulant la liberté pour tous, dans les limites bien comprises de l’adage qui dit que notre liberté s’arrête là où commence celles autres.
« Où en sommes-nous, quatre ans après la signature de l’Accord »
Pour le chef de l’Etat, il ne s’attarderait pas sur les avancées parce que sa raison d’être est de lever les pesanteurs, toutes les pesanteurs dont souffre notre peuple. Et de poursuivre que les quatre axes de l’Accord nous permettent, à chaque étape, d’évaluer, de manière cohérente, les actions entreprises et de nous projeter dans l’avenir.
Ainsi, en ce qui concerne le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), il dira qu’il faut noter le démarrage du pré-enregistrement, en vue de leur formation, de plusieurs centaines d’ex-combattants des mouvements signataires du Mécanismes opérationnel de coordination (Moc). Selon lui, il convient de signaler le retour dans nos unités de près de 80% des ex-combattants des mouvements signataires de l’Accord, anciennement membres des FAMA. « Pendant ce temps, des discussions encourageantes sont en cours entre les parties concernées sur les critères d’intégration des ex-combattants des mouvements signataires de l’Accord, dans les corps constitués de l’Etat, y compris les forces armées et de sécurité », a-t-il ajouté.
A le croire, toutes ces mesures visant la constitution d’une armée véritablement nationale, hautement qualifiée et uniquement dédiée à la défense des Maliens et le Mali qui s’étend de Kidal à Sikasso, de Kayes à Taoudéni. Il ajoutera que l’Accord, c’est également un pacte pour le développement socioéconomique du Mali, de tout le Mali, avec un accent particulier sur ses zones les plus sensibles.
A cet effet, précise-t-il, le fonds de développement durable est créé et ses lois et décrets d’application sont adoptés. Aussi, son comité de gestion est également opérationnel. « Nous déplorons cependant la lenteur dans la mobilisation de ces promesses annoncées. La mise en marche des zones de développement s’appuiera fortement sur le plan d’action déjà disponible pour le transfert de 30% des recettes budgétaires de l’Etat aux collectivités territoriales », a indiqué le président IBK.
12.877 dossiers déposés au niveau de la CVJR
Et de rappeler que le combat pour les ressources n’est pas simple. Car, le Mali seul ne peut pas tout. Mais, il continuera ses efforts pour que les partenaires aient plus confiance en sa gouvernance financière. « La paix est un des piliers essentiels de cet Accord. D’où l’accent a été mis sur la réconciliation, la justice et les questions humanitaires. La Commission vérité, justice et réconciliation est une des structures institutionnelles dédiées à cela. La CVJR abat un travail remarquable. En même temps qu’elle a pu recueillir 12.877 dépositions, elle a aujourd’hui achevé son implantation dans l’ensemble des régions du Mali. Le projet de loi d’entente nationale adopté en conseil des ministres est transmis à l’Assemblée nationale », dira-t-il.
S’agissant de nos compatriotes réfugiés dans les pays voisins, IBK a rassuré que leur retour au Mali se poursuivra à travers les trois accords tripartites entre le gouvernement, le haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et les gouvernements du Niger, de la Mauritanie et du Burkina Faso. « J’accorde une attention particulière à la place qu’est celle de la justice transitionnelle pour laquelle je me réjouis des mesures institutionnelles et politiques déjà prises. Pour les questions politiques et institutionnelles, de nombreuses mesures réglementaires et législatives ont été adoptées. Parmi les plus récentes, je retiens particulièrement le redémarrage du processus de révision constitutionnelle. Un avant-projet de loi m’a été remis par le comité d’experts ad hoc », a laissé entendre IBK. A ses dires, ce projet de texte devra être enrichi lors des débats du prochain dialogue politique inclusif auquel il attache du prix et dont la tenue fait partie de la feuille de route du gouvernement.
Par rapport aux actions, il a annoncé la poursuite de l’opérationnalisation des autorités intérimaires au niveau cercle, ce qui constitue une avancée considérable. « Aujourd’hui, nous avons enregistré la création par la loi de l’ensemble des collectivités territoriales des régions de Ménaka et de Taoudéni », a-t-il déclaré.
Aux dires du président IBK, la question transversale du genre n’est pas occultée. Car, elle est essentielle dans la réussite de la mise en œuvre à travers une implication efficiente des femmes, mais aussi des jeunes dans tous les mécanismes inhérents à la mise en œuvre de l’Accord. « J’ai instruit au gouvernement formé le 5 mai dernier de mettre un accent particulier sur la sécurisation des personnes et des biens et l’accélération des actions de développement socio-économique appropriées », a souligné le chef de l’Etat.
Accord, un instrument pour la paix, la stabilisation et le développement socio-économique du Mali
Dans son réquisitoire, le président IBK a précisé qu’en quatre ans, beaucoup a été fait dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger avec un accompagnement sans faille de nos partenaires notamment la médiation internationale qui ne ménage aucun effort pour préserver les équilibres du processus. Car, selon lui, l’Accord est un instrument pour la paix, la stabilisation et le développement socio-économique de notre pays.
Il a saisi l’occasion pour s’incliner devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés dans la guerre du Mali, cette guerre pour la dignité, l’intégrité, la diversité mais aussi l’unité du Mali. « Je salue leur mémoire, qu’ils soient Maliens ou d’ailleurs, civils ou militaires, du nord comme du centre, qu’ils soient tombés ici au Mali comme dans le Sahel aujourd’hui meurtri. Du sang et des larmes. Le deuil et le désarroi. La vie le matin, la mort la nuit ! Le champ ou le pâturage aujourd’hui », a-t-il laissé entendre.
De la lecture d’IBK, cet anniversaire est une interpellation. « Si nous ne nous ressaisissons pas, le deuil sera le quotidien durable et déplorable du Mali, du Nord du Mali, du Centre du Mali, mais également celui de plusieurs régions de pays voisins du Mali ».
A en croire le président de la République, la côte d’alerte est atteinte. Et d’appeler solennellement, une fois de plus, au sursaut national. Pendant que la mise en œuvre de l’Accord est en train d’être consolidée, IBK dira qu’il faudra être constamment au chevet du centre. « La paix et la stabilité au centre, la concorde et l’harmonie retournant entre ses habitants, la relance de la production et de la consommation compromises doivent être au cœur de nos préoccupations », a fait savoir le locataire de Koulouba.
Il a également invité les Maliens à en finir avec les procès d’intention qui vouent aux gémonies nos autorités, nos institutions, nos autorités morales. « Finissons-en avec les procès en sorcellerie qui font à des patriotes convaincus l’injure de vouloir vendre le Mali aux enchères, de brader sa dignité et son intégrité. Finissons-en avec nos orgueils mal placés, nos projets subversifs, surtout celui de désigner à la vindicte populaire des troupes amies dont les soldats meurent chez nous, de traiter en ennemis les partenaires qui nous ont tendu la main quand nous nous écroulions. Soyons-Maliens, c’est-à-dire grands de cœurs, reconnaissants envers ceux qui n’ont d’autre agenda que de nous aider », a-t-il martelé.
Pour finir, le président IBK a renouvelé sa gratitude aux amis, aux partenaires, aux voisins, aux organisations sous régionales et régionales, à l’ensemble de la communauté internationale, pour l’accompagnement généreux accordé à notre pays qui a également été présent partout où il pouvait pour épauler l’Afrique, le monde, aider à la paix et la stabilité.
Mama PAGA
Le Pays