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24 mois de Transition …

MICRO-TROTTOIR

24 mois de Transition : pour ou contre ?

Sur un ton qui n’admet aucune inflexion de boussole, aucun retour en arrière, aucune réduction de la voilure nationaliste, les autorités de la Transition ont annoncé avoir fixé dans le marbre le délai pour conduire le navire national sur les rivages apaisés de l’après-transition. Le commandant en chef du vaisseau-amiral du pouvoir exécutif, Assimi Goïta, a donc tranché. Il a estimé à 24 mois le temps nécessaire à son équipage pour pouvoir manier efficacement le gouvernail et maintenir fermement le cap sur la Terre promise de la « refondation ». Une décision prise de manière résolue et solitaire qui, si elle déploie dans toute sa vigueur l’étendard de la souveraineté de notre nation, risque en revanche de contrarier sérieusement l’armada de la CÉDÉAO. Laquelle, faisant flotter aux quatre vents les voiles de la Démocratie, voit toujours d’un très mauvais œil des bateaux naviguer hors des eaux internationales de « l’ordre constitutionnel normal ».

 

A bord de leur frégate de la fierté lancée contre vents et marées sur l’océan des défis complexes, les Maliens et Maliennes vivent avec des émotions inégales l’odyssée de leur Arche de la Transition. Si les uns, largement majoritaires, approuvent la vitesse de croisière souverainiste adoptée par l’Amirauté ; les autres, par contre, s’inquiètent du risque d’isolement possible au milieu de l’immense océan Démocratique. Voici un ramassé d’opinions exprimées par nos concitoyens.

 

Kadiatou Doumbia, ménagère 

J’ai aimé le fait que cette décision ait été prise. Je soutiens totalement les autorités de la transition. C’est vrai qu’il y a beaucoup de problèmes dans notre pays, mais elles font de leur mieux. Qu’elles fassent quelques mois de plus au pouvoir n’est que profitable au Mali. Qu’Allah leur donne la force de continuer à lutter !

Mamadou Diarra, analyste politique 

Ce décret publié par les autorités de transition est une manifestation de bonne volonté pour une sortie de crise. Par contre, nous ne savons pas si cette volonté sera bien appréhendée par la CEDEAO et l’UEMOA. Tout de même, un grand pas vient d’être franchi, et nous pouvons rester optimistes quant à la levée des sanctions lors du prochain sommet de la CEDEAO fixé au 3 Juillet 2022.

 

Tidiani Konaté, électro-mécanicien

Mieux vaut une chose bien faite qu’une chose faite à moitié. Pour ne pas avoir de regrets après et pour le bien de tous les Maliens, je pense que la durée de 24 mois fixés est une décision appropriée.

 

 Mariam cissé, interprète

D’après tout ce que je vois et entends, si on veut que les élections puissent avoir lieu dans la quiétude, il est sage d’attendre que la situation sécuritaire s’améliore vraiment. A la lumière de ce fait, j’applaudis les 24 mois que nos gouvernants ont décidé en toute souveraineté.

 

Idrissa Touré, tailleur

Une bonne décision car elle prend prioritairement en compte le souhait de la majorité des Maliens et Maliennes.

 

Adama Togola, enseignant 

C’est une bonne décision. Je ne sais pas ce qu’Assimi Goïta attend pour retirer le Mali de la CEDEAO. Elle est instrumentalisée par la France. Les 24 mois sont nécessaires pour refonder l’Etat. Il fallait même aller au-delà de ce délai.

 

Ousmane N’daou, agent comptable

Maintenant, nous avons de vrais responsables. Ils prennent leurs décisions sans consulter qui que ce soit. Nous sommes fiers d’eux ! Il faut des décisions fermes. Merci à Assimi et bravo ! Contrairement à la CEDEAO qui attend le feu vert de Macron pour agir, nous Maliens avançons.  Moi, personnellement, je salue cette decision.
Lassina Diarra, chauffeur 

Pour moi, 24 mois ne suffisent pas pour relever tous les défis. Il fallait, pour nos autorités, s’accorder un délai plus long.

 

Chacka Traoré, comptable

La CEDEAO va-t-elle accepter le délai de 24 mois ? C’est la question que je me pose. Si nous n’arrivons pas à accorder nos violons avec celles de l’instance sous-régionale, que va-t-il se passer ? N’allons-nous pas alors vers un maintien indéfini des sanctions ?

Abdoulaye Maïga, chauffeur

Je pense que les autorités ont pris une sage décision en fixant le délai de 24 mois. Nous sommes fatigués des partis politiques qui ont mis ce pays en retard. Depuis 30 ans, le Mali vivait dans la honte et dans la peur. Mais, aujourd’hui, avec ces autorités, le peuple malien se sent dorénavant rassuré. Je suis donc favorable à un maintien prolongé d’Assimi Goïta et de ses équipes au pouvoir.

 

Aliou Ombotimbé, agent de sécurité

 Je suis d’accord avec les 24 mois actés par nos gouvernants. Mais la CEDEAO l’entendra-t-elle de cette oreille ? Je propose donc qu’on se soude entre Maliens pour faire front contre de possibles colères de la CEDEAO. Il est grand temps que l’ensemble de la classe politique et la société civile se donnent la main et s’unissent à la démarche d’Assimi Goïta.

 

Lamine Diakité, sociologue

A mon avis, cette décision est salutaire et courageuse de la part des autorités. En matière de géopolitique, il faut avoir sa propre stratégie. Nos dirigeants se sont montrés bons stratèges. Cette décision met fin à toute discussion avec la CEDEAO. Car la crise actuelle (embargo) est partie de cette question de délai.

Comme bon nombre de Maliens, je soutiens la logique de nos dirigeants. Mais il faut à présent que notre gouvernement s’inscrive sincèrement dans la dynamique des réformes profondes dont le pays a besoin.

 

Abdoulaye Diallo

Je pense très sincèrement que cette décision, il le fallait. Elle est très courageuse et elle prouve également la volonté des autorités actuelles de ne pas transiger avec la souveraineté de ce pays. Également, cela enlève tout prétexte à la CEDEAO, lors de son prochain sommet, de tirer les débats en longueur sur un prétendu problème de délai.

 

Ibrahim Samaké, commerçant

Autant je soutiens la decision, autant je dis qu’elle doit être enfin l’occasion de pousser loin dans les réformes que le gouvernement n’arrive pas à réaliser. Sans les réformes rapides et nécessaires qu’il nous faut pour un Etat refondé, cette prorogation de fait aura été du temps perdu.

 

Youssouf Simpara, commerçant 

 Je pense que les autorités maliennes ont été modestes. A leur place, j’aurais décidé d’un délai équivalant à tout un mandat plein, c’est-à-dire 5 ans voire plus. Pourquoi je dis cela? Assimi Goïta fait l’affaire des Maliens. Dès lors, pourquoi chercher à écourter son pouvoir pour de futiles principes démocratiques et électoralistes?

Diakaridia Fané, soudeur 

 Toute mesure qui a l’approbation de l’écrasante majorité des Maliens, est à acclamer. Que cela convienne ou pas aux partenaires extérieurs. Je suis de cette majorité qui approuve toutes les actions posées par le pouvoir en place.

Dr Hamadoun Haïdara, sociologue 

C’est une décision qui engage en premier lieu les autorités de la transition. Cela  ne doit pas être une surprise parce que le Chef du gouvernement, Choguel K. Maïga, a fait savoir lors de son passage au CNT  que le délai de la transition est de 24 mois. Cela revient à dire que ce décret ne fait que confirmer les propos du PM. Cependant, nous pouvons noter que c’est une lourde responsabilité qui marque une rupture partielle du processus de médiation entre le Mali et la CEDEAO. Car c’est une décision prise dans la colère à la suite des conclusions du sommet tenu par l’organisation sous-régionale le 04 juin à Accra. Il faut le rappeler,  tout le monde s’attendait à une levée des sanctions, mais ce fut une surprise désagréable pour ne pas dire que ça a  été une pilule difficile à avaler.

Par ailleurs,  c’est une façon de dire qu’avec ou sans la CEDEAO, le Mali peut prendre ses responsabilités et ses décisions conformément à ses principes, règles, lois ou textes en vigueur.

Par contre, ce qui peut être problématique, c’est ce à quoi cette décision va aboutir c’est-à-dire la riposte ou réponse possible de la CEDEAO et le reste de la communauté internationale. C’est pourquoi, selon un adage africain :”Il ne faut pas prendre des décisions dans la colère pour éviter de se faire plus mal encore”.

Ce qui importe, c’est le maintien du dialogue continu pour retrouver une ligne consensuelle qui arrange les deux parties (Mali-CEDEAO). Le Mali ne peut pas à lui seul mener le bateau du retour à l’ordre constitutionnel à bord.

Moustapha Sissoko, juriste 

 La démarche est n2gative car les conséquences seront un surplus de souffrances pour le peuple. Pourquoi s’attribuer un délai de 24 mois alors qu’on est avancé dans les négociations avec nos partenaires de la CEDEAO? N’est-ce pas une manière de torpiller la main tendue de la CEDEAO?

Sidi Soumaré, comptable 

Assimi Goïta doit ajouter un alinéa à son décret pour préciser que les 24 mois peuvent être renouvelables. Je veux que ces autorités-là restent pour tout un mandate classique. Cela leur permettra, sans pression du délai, de travailler en profondeur pour le redressement de notre patrie.

Sinaly Ouattara, commerçant 

La junte est en train de manipuler les Maliens. Tout ce sentiment anti-Barkhane et anti-Français, c’est pour faire diversion. Nos gouvernants actuels ne font que tromper l’opinion nationale  afin de se proclamer comme libérateurs de la patrie. En somme, c’est juste pour s’accaparer le pouvoir. Vous verrez! Au terme des 24mois, ils diront encore qu’il leur faut un délai supplémentaire pour continuer leur mission.

Yacouba Sidibé, étudiant

Le délai fixé par le décret du Président de la transition n’est pas du tout bon pour trois raisons ! Un: cette décision n’est pas accompagnée de la publication d’un chronogramme. Deux : la décision est unilatérale et ignore les principes de la CEDEAO. Ne pouvait-on faire l’effort d’un compromis avec nos voisins ?  Trois : la decision n’est pas le fruit d’une concertation générale entre toutes les forces vives du pays.

Abdoul Karim koné, animateur de radio

 Le délai peut être jugé raisonnable si la communauté internationale et nos autorités se mettent d’accord. Mais, en l’état, on ne pas peut dire que la décision de s’auto-octroyer 24 mois soit pertinente. Pour moi, le bras de fer ne fait que des perdants. Donc, plutôt que de l’alimenter, il faut privilégier la voie du compromis.

Boureima Traoré, juriste et chercheur

 Ceux qui s’apprêtaient à envahir le boulevard pour célébrer une prétendue victoire du Mali contre la CEDEAO, ont rangé leurs pancartes. Tâchons d’y réfléchir, la prochaine occasion d’une levée des sanctions ne doit pas être gâchée par nous-mêmes. Le bras de fer avec la CEDEAO nous est préjudiciable. La Transition se doit d’entreprendre des actions de rapprochement avec nos voisins. La preuve, 75% de nos produits sont importés. Et, financièrement, le Mali est appuyé par les PTFs à hauteur de 40%, y compris la Banque mondiale, le FMI et d’autres. Compte tenu de tous ces aspects, je trouve ces initiatives que le décret unilatéral du Mali est contre-productif, surtout pour un pays enclavé comme le nôtre, avec une population à plus de 70% analphabètes. Moi, je propose de négocier avec la Cédéao pour un délai consensuel et pour une levée de sanctions imminentes.

Djimé Traoré, enseignant-chercheur

Nous avons préféré le plus souvent lancer des flèches à nos partenaires plutôt que de chercher à régler le différend qui nous oppose à eux, notamment la Cédéao, la France et d’autres. Nous avons aussi fait, lors des Assises nationales de la Refondation, une proposition de 5 ans que la Cédéao a jugé inacceptable. Donc, il faut reconnaître ses torts, nous avons mis de l’huile sur le feu en décidant unilatéralement par décret présidentiel d’un délai 24 mois. Ce qui pourra compliquer notre situation lors de la prochaine réunion prévue le 3 juillet prochain. Je pense que les autorités de la Transition doivent revoir leur copie afin de négocier avec la Cédéao. Alors, quelles que soient les raisons qui seront avancées pour justifier la non-levée des sanctions, le gouvernement du Mali est le seul responsable de cette situation car nos dirigeants peinent à présenter un chronogramme sincère et précis. Qui fera confiance à des autorités qui n’honorent pas leurs engagements ? En tout cas, il ne faut pas compter sur le Président en exercice de la CEDEAO, Nana Addo Akufu, lui qui ne souhaite plus qu’on se joue de lui une seconde fois.

Propos assemblés par Seydou fané, Mamadou Sangaré, Fatoumata Boba Doumbia, Salimata Siguéta Dembélé, Ketsia Konaté et Aminata Téra

Chapô de Mohamed Meba TEMBELY

 Source: journal les Échos Mali

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