Moins de deux mois après son investiture, le président IBK a opéré un coup de canif dans les rangs de l’armée malienne. Nouveaux visages dans la grande muette.
IBK s’installe, Sanogo s’efface et une nouvelle armée se met en place au Mali. Il n’a pas fallu deux mois entre la cérémonie d’investiture et l’arrestation de l’ex chef des putschistes du 22 Mars 2012. Le président nouvellement élu, a su allier collusion et subtilité, pour parvenir à ses fins dans le cadre de ce qu’une éditorialiste dela toile appelle « désanogoisation de l’armée » autrement dit l’isolement puis l’éviction des barons de l’ex junte au pouvoir.
Mettre Sanogo hors jeu…
En accordant les privilèges, dus à un ancien chef d’Etat au capitaine Sanogo, durant la transition, les autorités avaient soulevé un tollé au sein de l’opinion publique. La signature du décret attribuant une retraite dorée à Sanogo, a judicieusement été suivie de la dissolution du comité de réforme des forces de sécurité et de défense que présidait l’homme fort de Kati. Son arrestation interviendra dans la foulée avec en prime le limogeage du Général Ibrahim Dahirou Dembélé, remplacé à la tête des armées par le Général de division Mahamane Touré, ancien commissaire chargé de la sécurité de la Cedeao. Le nouveau CEMGA s’appuie sur des hommes respectés par la troupe en l’occurrence les colonels Souleymane Bamba, Chef d’Etat major de l’armée de l’air, Ibrahim Fané, patron de l’armée de terre et Moussa Diawara, promu à la direction générale de la sûreté d’Etat en remplacement de Sidy Alassane Touré. Le colonel Diawara peut avoir le sourire en coin d’autant que son camarade prytane, le Général Didier Dackouo est devenu Chef d’Etat major général adjoint. Cet homme de terrain, coordonne depuis Bamako les opérations militaires sur le terrain dans la poudrière du nord du Mali avec les colonels Baby, Meydou et Diarra.
Réaménagements dans les autres corps
Relevons que la gendarmerie a vu partir son directeur général Diamou Keita soupçonné à tort ou à raison de bloquer des procédures judiciaires mettant en cause des barons de l’ex-junte militaire. Il cède son fauteuil au colonel Modi Bérété. Le même mouvement est observé à la police dirigée présentement par le contrôleur général Hamidou Gogouna Kansay.
Comme le dit si bien le colonel Patrick Christophe Paczka, patron du centre de formation de Koulikoro, dans la nouvelle armée malienne « s’il y a une chose, auquel nul ne touche, c’est la politique » c’est dire que les hommes promus par IBK sont condamnés à réussir leur mission puisque « le président élu ne peut certes pas tout réformer brusquement mais l’urgence de la stabilisation du pays exige de ne pas manquer l’occasion d’entamer une réforme profonde de la grande muette » dixit Nick Grono, vice président de l’International Crisis Group (ICG).