Le 24 mai 2021, les évènements se précipitent après l’annonce du premier remaniement ministériel de la transition, démarrée après la chute du régime d’IBK en août 2020. Profitant de ce remaniement, le président de la transition Bah N’Daw éjecte du gouvernement certains acteurs clés du coup d’Etat d’août 2020, notamment le ministre de la Défense, Sadio Camara et celui de la Sécurité, Modibo Koné. Ils sont remplacés par des proches du président. Ce coup de force perpétré par Bah N’Daw contre ceux qui l’ont fait Roi provoque une réaction immédiate de la junte qui a décidé de le démettre afin éviter le pire : un affrontement entre différents acteurs du coup d’Etat. Ensuite, le président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane sont arrêtés et démis de leur fonction le lendemain. Il leur est reproché la « non inclusivité » dans la formation du gouvernement et leur « incapacité » à gérer le climat social. Dès lors, le colonel Assimi Goïta, alors Vice-président de la transition, a décidé de prendre les affaires en mains : Il prête serment, le 7 juin 2021.
Afin d’imprimer une nouvelle marche à la transition, la junte se tourne vers le M5-RFP, dont le soulèvement a contribué à faciliter la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Au terme d’âpres négociations, les deux parties (Junte-M5) tombent d’accord sur la désignation d’un nouveau Premier ministre. Le choix est porté sur l’expérimenté Choguel Kokalla Maïga, qui, avec d’autres compagnons ont organisé avec brio le soulèvement populaire de juin à août 2020. Dès lors, le cap pour la « Rectification » de la transition est lancé avec une vision claire des priorités de l’heure et sous la supervision du tandem Assimi-Choguel.
Sécurité : l’armée en puissance et au front
Les impacts positifs de la « Rectification » se font surtout sentir dans le domaine de la défense et de la sécurité. Où les nouvelles autorités se sont fixées pour objectifs fondamentaux la reconquête du territoire national avec l’intensification des opérations miliaires, notamment au Centre du pays. L’équipement de l’armée par la diversification du partenariat entre le Mali et d’autres pays, particulièrement la Russie, le recrutement massif au sein des différents corps, l’amélioration des conditions des hommes… ce sont là, entre autres priorités des nouvelles autorités. Objectifs : reconquérir le territoire national et sécuriser les populations.
Aussi, conformément au premier axe du PAG (Programme d’Action gouvernemental), à savoir le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, l’armée a adopté une position plus offensive et s’est efforcée de combler le vide sécuritaire que laissera éventuellement le départ de Barkhane. Le renforcement des capacités des FAMA s’est poursuivi, notamment avec « le recrutement de 6 000 éléments, l’acquisition de 9 aéronefs, la réalisation de 11 500 patrouilles de sécurité, la construction et l’opérationnalisation de 43 postes de sécurité, 41 Postes de sécurité à Bamako, 1 Poste de sécurité de Koulikoro-Tanabougou), et la construction de 26 unités de sécurité (13 Commissariats, 3 Brigades, 3 P DSG, 2 Centres de Secours, I Poste de Secours Routier, 2 Pelotons de la Garde, 1 Légion de gendarmerie, 1 Groupement de la Garde). Ce n’est pas tout, il faudrait aussi capitaliser le renforcement des effectifs des forces paramilitaires avec le recrutement de 4 250 agents (3 250 au compte de la Police nationale et 1 000 pour la Protection civile), et l’acquisition de 52 ambulances type Véhicule de secours et d’assistance aux Asphyxiés et Blessés (VSAB) et d’autres matériels et équipements majeurs pour les forces de défense et de sécurité. Nous enregistrons également des actions de renforcement du cursus de formation à savoir, l’ouverture de l’École de Guerre du Mali (EGM) el la réouverture de l’École Militaire d’Administration le 1er octobre 2021, après deux (02) ans de fermeture.
S’y ajoutent le désarmement et le recrutement spécial de 2 481 ex-combattants issus des Groupes d’autodéfense. En outre, les Famas sont de plus en plus visibles sur l’ensemble du territoire national.
Corruption et délinquance financière : la lutte est engagée !
En matière de corruption et de délinquance financière, les nouvelles autorités ont affiché leur volonté de mener désormais une lutte implacable contre les délinquants à col blanc.
Plusieurs audits ont été réalisés et leurs résultats ont été transmis à la justice. Il s’agit, entre autres, de l’audit des dépenses liées à la LPSI (Loi de programmation de la sécurité intérieure) et au Fonds Covid, l’audit de la cession des bâtiments publics à Bamako, l’audit de certaines institutions de la République (Assemblée Nationale, Haut Conseil des Collectivités, Haute Cour de Justice), l’audit de certains organismes personnalisés et autorités administratives indépendantes (AGEFAU, AMRTP, ANGESEM (Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali).
Quant aux audits du cadastre minier, de certains grands programmes/projets nationaux, et l’évaluation de la LOPM, ils ont été effectués et d’autres audits sont cours.
En outre, on a assisté à des poursuites dans le cadre de certains dossiers, objets des rapports de contrôle du Bureau du Vérificateur Général et des autres organismes de contrôle de l’État.
Les poursuites judiciaires relatives aux dossiers d’armement et aux enquêtes sur les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako sont en cours de traitement dans les juridictions compétentes. Aussi, selon le Premier ministre, les enquêtes concernant les tueries d’Ogossagou I et II ont été instruites et clôturés. Autre dossier en instruction ? Les massacres perpétrés à Sobane Da.
Souveraineté et dignité du Mali
Au nom de la souveraineté du Mali, le colonel Assimi Goïta et son gouvernement ont posé plusieurs actes forts dont, entre autres, l’adoption d’une nouvelle politique basée sur le respect du Mali et de sa souveraineté. Cette politique a, entre autres, conduit au retrait des forces françaises, à la rupture des accords de défense avec Paris, à la suspension de médias français (RFI et France 24), à l’expulsion du Représentant spécial de la CEDEAO au Mali, de l’ambassadeur de France au Mali, à l’interdiction faite au contingent danois de la force Takuba d’opérer dans notre pays, au retrait du territoire malien du G5-Sahel, de la Minusma… Ce sont là, autant de actes forts et de décisions qui ont marqué les esprits et bouleversé les rapports entre le Mali et certains pays comme la France. Des actes forts appréciés au Mali et à travers le monde. Le Mali se fait désormais respectée ! Et désormais, trois principes guident l’action publique : le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et des choix des partenaires opérés par le Mali, la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises.
Mémé Sanogo