Comme chaque année, à l’instar de la communauté internationale, le Mali commémore la journée mondiale de l’Aide Humanitaire. En prélude de cette journée, une conférence de presse s’est tenue, le mercredi 15 août 2018, à l’hôtel Kempinski pour expliquer les objectifs de la célébration de cette journée. C’était en présence du ministre de la Solidarité et de l’action humanitaire, Hamadoun Konaté ; de la Coordinatrice humanitaire au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe ainsi que plusieurs autres personnalités.
Evoquons que le 11 décembre 2008, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution pour désigner le 19 août, Journée mondiale de l’aide humanitaire afin de contribuer à sensibiliser le public aux activités humanitaires dans le monde et de rendre hommage à tout le personnel humanitaire… qui s’emploie à promouvoir la cause humanitaire, ainsi qu’à celles et ceux qui ont perdu la vie dans l’accomplissement de leur mission. Elle marque ainsi l’anniversaire de l’attentat à la bombe contre les Bureaux des Nations Unies à Bagdad le 19 août 2003 qui a fait 22 morts. L’objectif est de faire cesser la souffrance et la peur endurées par les civils dans les zones de conflits et d’insécurité liées aux activités d’individus armés. Le thème de cette année est « les civils ne sont pas une cible ». Un thème qui rappelle le principe sacro-saint qui veut que ces derniers soient épargnés de tout acte de violence lors des conflits.
Selon le ministre de la Solidarité et de l’action humanitaire, Hamadoun Konaté, cette journée doit être perçue comme un moment important pour non seulement avoir une pensée pour ces humanitaires mais également célébrer leurs efforts et actions qui visent à sauver des vies parfois au péril des leurs. A l’en croire, à la date du 31 juillet 2018, environ 200 000 maliens sont déplacés dans les pays voisins à cause de l’insécurité. Cependant, souligne-t-il, plus 500 000 personnes déplacées internes sont retournées. Par ailleurs, notre pays accueille aussi quelque 2000 personnes venues y chercher refuge, rappelle-t-il. De reconnaitre que dans le nord et le centre du pays, l’insécurité limite l’accès aux services sociaux de base tels que la santé et l’éducation. « De plus, les travailleurs humanitaires sont souvent la cible d’attaques perpétrées par des hommes armés les amenant dans certains cas à suspendre leurs activités, comme ce fut le cas en juin à Ménaka. Et pourtant, les civils, y compris les humanitaires, ne sont pas une cible », estime-t-il. Avant de rassurer que malgré le contexte sécuritaire difficile, le Gouvernement du Mali appuyé par ses partenaires, poursuit ses efforts pour améliorer la protection des civils dans le pays et invite toutes parties prenantes au respect des principes qui protègent les civils dans les situations de conflits.
Pour la Coordinatrice humanitaire au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, dans les pays en conflit, il est constaté que les civils sont les premières victimes de violences et les personnels humanitaires et médicaux qui les assistent sont de plus en plus pris pour cible sur le terrain des opérations. Et pourtant, le droit international humanitaire protège les civils dans les situations de conflit, évoque-t-elle. A ses dires, face aux violences, la communauté humanitaire lance un appel fort pour que les civils soient épargnés de ces souffrances que rien ne saurait justifier. « Ces violences, en plus d’affecter la quiétude des populations, détruisent tout ce qu’elles ont construit des années durant et les rendent très vulnérables », déclare-t-elle. Elle a profité de l’occasion pour remercier les donateurs pour leur soutien qui leur permet d’assister les populations maliennes dans le besoin en appui aux efforts du Gouvernement. « Les organisations humanitaires ont reçu près de 100 millions de dollars sur une requête de 330 millions de dollars, soit un taux de financement de 30% », révèle-t-elle. Et de préciser que toutefois, des fonds additionnels sont nécessaires pour assister les populations touchées par les conséquences de la crise agro-pastorale et des conflits au nord et au centre du pays.
Par ailleurs, retenons que le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la protection des civils indique qu’en 2017, plus de 26 000 civils ont été tués ou blessés lors d’attaques dans certains pays affectés par des conflits notamment l’Afghanistan, la République Centrafricaine, l’Iraq, la Somalie, le Yémen.
En outre, des millions de civils à travers le monde, éprouvent des difficultés pour accéder aux vivres, à l’eau, et aux abris. Actuellement, plus de 65 millions de civils ont fui leurs maisons, villages, villes, pays pour échapper aux violences. Et les travailleurs humanitaires qui apportent l’assistance aux populations dans le besoins sont parfois pris pour cibles. Depuis 2003, plus de 4 000 humanitaires ont été tués, blessés ou kidnappés dans le monde. Ceci représente une moyenne de 300 cas par an. De tels actes mettent en danger leurs vies et compromettent l’assistance vitale qu’ils apportent aux populations en détresse.
S.B. TRAORE
Source: Le Fondement