La biennale de la capitale malienne est devenue un rendez-vous qui compte pour les professionnels de la photographie. Pas moins de 85 artistes photographes présentent leurs œuvres lors de la présente édition
Comme tous les deux ans, la ville Bamako abrite actuellement la plus grande manifestation africaine de la photographie. La semaine professionnelle a duré du 30 novembre au 3 décembre 2019. Après cette semaine, les expositions resteront à la disposition des amateurs jusqu’au 30 janvier 2020.
Cette édition, qui consacre le 25è anniversaire de la création de la manifestation a pour thème : « Courants de conscience ». Les Rencontres de Bamako est devenue une étape incontournable pour les artistes photographes. Elles réunissent plus de 85 artistes photographes et vidéastes sélectionnés pour l’exposition internationale et une dizaine de projets de création collective.
L’innovation de cette édition, explique Lassana Igo Diarra, l’organisateur en chef, est la mise en place d’un Village de la Biennale au Palais de la culture Amadou Hampaté Ba par le Réseau des opérateurs culturels Kya. Au niveau de la scénographie, Cheick Diallo en a proposé une complètement nouvelle et surprenante : le concept « Renverser les tables ». « Nous sommes aussi retournés sur les sites originels, comme le Palais de la culture, où la Biennale a pris naissance, au bord du fleuve Niger, puisque cette année « Les courants de conscience » font appel à cette étendue du fleuve. La femme étant également au cœur de la Biennale, pour cette édition, nous revenons dans des lieux comme le Lycée de jeunes filles Ba Aminata Diallo, où nous travaillons sur la transformation de l’ancien internat en musée – galerie. Ce sont les legs de la tradition et le souffle de l’inventivité africaine que nous souhaitons mettre en valeur ensemble pour cette édition », développe M. Diarra.
Plus de 330 candidatures ont été reçues. En plus des artistes invités, 85 propositions portées par des artistes issus du monde africain, c’est-à-dire du continent africain, des diasporas et des communautés afro-descendantes, avec des artistes de nationalités diverses et variées, telles que mexicaine, indienne ou américaine. « Cela signifie que nous avons doublé le nombre d’artistes habituellement présentés. Évidemment, qui dit plus d’artistes, dit aussi plus de lieux d’exposition ! Cette année, les Rencontres de Bamako n’investiront pas moins de douze lieux à travers la ville, parmi lesquels des espaces muséaux ou culturels mais aussi des lieux publics, des lieux de divertissements et même parfois qui relèvent de la sphère de l’intime », explique Lassana Igo Diarra. Il estime qu’il faut de l’audace dans le contexte de transformation que la biennale opère cette année à plusieurs niveaux. L’événement, qui avait été jusque-là co-organisé par le ministère de la Culture du Mali et l’Institut français, est maintenant coordonné entièrement par le ministère avec le partenariat de l’Institut français. Aussi, l’ancien délégué général des Rencontres de Bamako, l’ex-directeur du Musée national du Mali, Samuel Sibidé, dont la carrière fut exemplaire et pleine de succès, passe le flambeau à Lassana Igo Diarra, le fondateur de la Galerie Médina et des éditions Balani’s.
« Courants de Conscience » est une notion empruntée au domaine de la sociologie et développée par William James pour définir la continuité de l’activité mentale des êtres et ensuite, envisagée comme technique dans diverses disciplines telles que la littérature – on parle d’écriture libre – ou la musique – on parle d’improvisation.
Avec ce thème, le Dr. Bonaventure Soh Bejeng Ndikung propose de réfléchir à la façon dont les photographes eux l’utilisent en prouvant le caractère non-figé de la photographie. En photographie, la notion semble renvoyer à la genèse de l’œuvre, à l’état d’esprit de l’artiste précédant l’acte photographique, et c’est ainsi qu’il invite à témoigner de la façon dont le monde africain se pense et se repense, se présente et se représente. L’ensemble des artistes retenus nous livre des récits avérés et/ou fictifs qui sont autant de témoignages subjectifs des réalités tangibles et intangibles d’hier, d’aujourd’hui et de demain, en ce qu’ils traduisent des visions singulières sur des faits historiques, actuels ou sans espace-temps, et un état d’esprit contemporain.
Source: Journal l’Essor-Mali