Les problèmes sécuritaires au Mali ne peuvent pas être réglés « en moins de 10 à 15 ans », a estimé le chef d’état-major des armées françaises lors d’une récente audition parlementaire, tout en rejetant l’idée d’un d »enlisement » des forces françaises au Sahel.
« Je ne pense pas qu’il soit possible de régler le problème au Mali en moins de 10 à 15 ans, si tant est que nous le puissions », a déclaré le général François Lecointre fin février devant la commission défense de l’Assemblée nationale, dont le compte-rendu était disponible en ligne jeudi.
« Cette durée fut celle de notre engagement dans les Balkans, en Côte d’Ivoire ou en Afghanistan », rappelle-t-il.
Quelque 4.000 soldats français sont déployés depuis 2014 au Sahel dans la cadre de l’opération antijihadiste Barkhane, qui a succédé à l’opération Serval déclenchée au Mali en 2013.
« L’évolution de la situation au Mali n’est guère satisfaisante et nous n’en partirons pas demain, sans qu’il s’agisse pour autant d’un enlisement », fait-il valoir, en assurant être « en mesure de calibrer notre action en fonction de l’évolution de la situation ».
« Ma tâche consiste à expliquer au politique, qui demande un résultat rapide et facilement identifiable conforme au rythme de la vie démocratique, que seul le temps long produit des résultats durables en géopolitique et dans le domaine militaire », conclut le général Lecointre.
Bien que depuis 2013 les groupes liés à Al-Qaïda aient été dispersés et en grande partie chassés du nord du Mali, des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques.
Jeudi, cinq soldats français ont été légèrement blessés par des tirs contre le camp de la Minusma et de Barkhane à Kidal (nord).
Fin février, deux soldats français ont été tués et un blessé dans le nord-est du pays dans l’explosion d’une mine artisanale, portant à 22 le nombre de militaires français morts dans le Sahel depuis 2013.
Pour tenter de lutter plus efficacement contre les groupe jihadistes, cinq États de la région (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad) ont mis sur pied la force du G5 Sahel, qui devrait compter 5.000 soldats d’ici à la mi-2018, et qui bénéficie sur le terrain de l’appui des forces armées françaises.
« La France sera présente aussi longtemps que nécessaire, mais la présence de la France n’est pas éternelle. Le Sahel doit prendre sa sécurité en main et nous sommes là pour les aider », avait souligné au Mali le 31 décembre la ministre française des Armées, Florence Parly.
La Libre