Kidal reçoit pour la première fois le Comité chargé du suivi de la mise en œuvre de l’accord pour la paix signé à Alger et parachevé plus tard à Bamako. Avortée une première fois, ce jeudi, elle se tient dans des conditions de sécurité exceptionnelle.
En septembre 2019, l’annonce de la tenue de la 38e session du CSA dans l’Adrar a mis du baume au cœur à la majorité des Maliens qui se disent las de cette bisbille du chat et de la souris. Mais l’événement fut avorté sans que personne ne puisse donner des explications convaincantes.De vents contraires se sont soulevés dans les esprits lorsqu’il s’est agit d’une réunion à Kidal. Le défi de la forme est relevé. La session s’est tenue et de recommandations y sont issues.
Le fond reste problématique : la paix dans les cœurs.Les nouvelles autorités installées au sommet du pays dans un contexte particulier de crise tous azimuts mettent du prix à faire bouger les lignes. Pour y arriver, comme l’enseigne le vécu, il faut aller lentement et sûrement. « Rien ne sert de courir, il faut arriver à point », morale ouvrant la fable « Le lièvre et la tortue » de La Fontaine.
Depuis près de 10 ans, que d’expériences tentées sur notre sol. Des grandes théories de la paix aux coups de force militaires intermittentes. Avec le recul, tous semblent comprendre qu’il ne sert à rien de se précipiter si on est sage et prévoyant. Toute chose demande du temps. Il faut s’y consacrer autant que nécessaire, et non sous-estimer une tache et la faire tardivement à la hâte.Cinq ans après sa signature, les espoirs sont douchés. Mais le Mali est loin d’être abandonné à son triste sort. L’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui a bénéficié de la bénédiction de toute la communauté internationale connait des hauts et des bas dans son application.
La rencontre de Kidal a le mérite de redonner un nouvel élan à la relance des discussions rompues à cause des bruits de bottes à Kati, puis à Bamako.
De ce que l’on sait, la confiance réciproque gagne du terrain. Le seul fait de se réunir à Kidal est un grand pas vers la paix.
Tous les protagonistes sont au rendez-vous : gouvernement du Mali, groupes armés de la CMA et de la Plateforme sous l’égide de la communauté internationale.Cette rencontre historique est minutieusement préparée. La visite d’une forte délégation ministérielle à Kidal, le 25 janvier dernier est non seulement un test grandeur nature mais aussi l’occasion de réitérer la disponibilité de Bamako à composer avec tout le Mali.
Ce climat de confiance est, de l’avis de plusieurs spécialistes de la paix, une condition sine qua non du retour au vivre-ensemble.Il y a quelques jours, certains signaux ont brouillé les pistes. Deux documents circulant sur la toile à la vitesse de l’harmattan sur un terrain désertique font état de la création d’une zone de défense dans le Gourma et le lancement d’une campagne de bornage d’un territoire au sein du Mali.
Le premier document était authentique. Le second est un fake news fabriqué par « les ennemis de la paix » pour emprunter l’expression d’un membre influent de la CMA.Celle-ci s’est justifiée par l’existence sur le terrain des zones de défense et que le seul changement opéré réside dans la chaîne de commandement. Cette explication intervient après une réaction du gouvernement dans un communiqué. Cependant, la correspondance relative au bornage était fausse.
Un fake news qui sera démenti dès le lendemain par la CMA elle-même. Tous en étaient contents.En attendant d’en savoir davantage sur les pertinentes résolutions de cette session, croisons les doigts pour que le rendez-vous de Kidal ne soit pas comme les autres qui ont certes fait avancer les choses mais sans vraiment aller bien loin.
A. CISSÉ
Source: L’Essor