Héros des luttes de libération en Afrique
Kenneth Kaunda sera un indéfectible allié du Congrès national africain (ANC) dans sa lutte contre l’apartheid en Afrique de Sud. Le dirigeant zambien a abrité dès les années 70 le siège du mouvement en exil. La Zambie était l’un des pays les plus opposés au gouvernement ségrégationniste de Pretoria. A sa sortie de prison en 1990, l’icône de la lutte contre l’apartheid Nelson Mandela lui réserve sa première visite à un dirigeant étranger.
Au lendemain du décès du premier président zambien, l’Afrique du Sud a ainsi décrété dix jours de deuil national. “Il s’est tenu aux côtés du peuple sud-africain au moment où nous en avions le plus besoin et était inébranlable dans son désir de voir l’achèvement de notre liberté”, a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Pour son prédécesseur Thabo Mbeki, qui s’exprimait sur les antennes de la SABC, la chaîne publique sud-africaine, Kenneth Kuanda est “l’un des architectes de la démocratie en Afrique du Sud”.
“Pour beaucoup d’entre nous, a indiqué l’ancien président sud-africain, la Zambie est une deuxième patrie.” Thabo Mbeki a ainsi résumé la philosophie qui a guidé l’action politique de Kenneth Kaunda. A savoir, la “ferme” conviction que “la Zambie indépendante avait la responsabilité d’aider à atteindre cet objectif africain de la libération totale du colonialisme et de l’apartheid”. “Sous sa direction, a précisé Cyril Ramaphosa, la Zambie a fourni refuge, soins et soutien aux combattants de la libération qui avaient été contraints de fuir leur pays d’origine.” Kenneth Kaunda, a ajouté le président sud-africain, est “à juste titre vénéré comme le père de l’indépendance et de l’unité africaine”.
“L’Afrique a perdu l’un de ses meilleurs fils”, a déclaré pour sa part l’Union africaine dans un communiqué. Depuis sa retraite en l’an 2000, celui que l’on avait baptisé le Gandhi africain pour son militantisme non violent, mettait son autorité au service de la résolution des crises sur le continent africain, au Kenya, au Zimbabwe, au Togo ou encore au Burundi. Le président botwanais Mokgweetsi Masisi a, lui aussi, ordonné sept jours de deuil national en l’honneur de Kaunda “l’altruiste”.
Au soir de sa vie, chanson à l’appui parfois, l’ancien dirigeant s’était engagé dans la lutte contre le sida qui, confiait-il à Reuters en 2002, devait être combattu avec le “même zèle” que le colonialisme. La maladie lui a ravi l’un des enfants issus de son union avec Betty, son épouse disparue en septembre 2012. La mort de cette dernière l’avait grandement affaibli.
Petit pays pauvre d’Afrique australe, à la dette colossale, la Zambie a connu une relative stabilité politique depuis que Kenneth Kaunda a quitté le pouvoir.