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Tribune : au Mali, la malédiction du 2è mandat présidentiel

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, le 2è mandat reste une sorte de « mandat maudit » pour les présidents de la République. En effet, des difficultés apparaissent non seulement pour leur réélection mais aussi au cours de leur second mandat. À croire qu’il y aurait une malédiction du 2e mandat. 

 

Pour preuve en 1997, au terme de son premier mandat de cinq ans, le Président Alpha Oumar Konaré a eu du mal à organiser l’élection présidentielle. La défiance de l’opposition politique envers les institutions était telle qu’elle a refusé d’y participer. Alors, le pouvoir a passé par des subterfuges pour « créer un opposant » au Président sortant : Mamadou Maribatrou Diaby, opérateur économique, qu’on aurait financé afin qu’il se présente contre Alpha Oumar Konaré.

Avec 95 %, un score à la soviétique, le Président sortant fut réélu dès le 1er tour, le 11 mai 1997. Cette « mauvaise réélection » ne pouvait que pourrir davantage l’atmosphère politique. Mais, un évènement sportif continental sinon mondial que devrait organiser le Mali en 2002, la CAN (Coupe d’Afrique des nations), est venu apaiser la situation. Et le génie du Président Konaré a été de fédérer, pendant un moment, les opinions des Maliens et de faire converger leur énergie vers l’organisation de la CAN 2002.

Entre-temps, la situation politique s’était dégradée surtout après la démission de la présidence de l’Adema-PASJ (l’Alliance démocratique au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice) de l’ex-Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) dont l’espoir d’être le dauphin du Président avait été anéanti par son limogeage de la primature. Dès l’année 2000, malgré l’engouement créé autour de la CAN 2002, on avait commencé à ergoter sur l’intention du Président Konaré à vouloir briguer un 3è mandat, si d’aventure l’équipe nationale de football remportait la coupe d’Afrique.

La contestation du code des personnes et de la femme

C’est dans un climat de tension politique que l’élection présidentielle fut organisée. Elle a été remportée par un candidat indépendant : le Général Amadou Toumani Touré (ATT). Mais, comme le Président Konaré, le premier mandat du président ATT s’est passé sans trop de difficultés ; et comme lui, son élection pour le second mandat n’a pas été sans tensions après la proclamation des résultats. Puis, comme Konaré, le Président ATT a eu sa première grande crise deux ans après sa réélection en 2009.

La contestation du code des personnes et de la famille sanctionnée par un grand meeting du Haut conseil Islamique du Mali (HCIM), dirigé à l’époque par l’imam Mahamoud Dicko, au Stade du 26 mars, le 22 août 2009. Deux années plus tard, en 2011, la déstabilisation de la Libye, la persistance de la énième rébellion déclenchée en 2006 et la mauvaise gouvernance ont favorisé la déliquescence de l’État et de l’armée nationale qui ont conduit en 2012 à la déstabilisation du régime dont les principales conséquences ont été  l’exil forcé du Président ATT et l’occupation des 75% du territoire national par des bandes d’islamo-narcotrafiquants.

« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase »

Quid du président IBK ? Plébiscité en 2013 pour son 1er mandat, ses cinq années d’exercice ont été une grande déception pour les Maliens. C’est pourquoi, en 2018, malgré les moyens colossaux qu’il a déployés, l’opinion généralement admise au Mali, n’en déplaise à ses affidés, est que le Président Keïta a été mal réélu en 2018. Et, malheureusement, depuis qu’il est au pouvoir l’insécurité et la mauvaise gouvernance se sont accentuées. Les manipulations et malversations observées durant les dernières élections législatives n’étant que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Les manifestations contre le pouvoir, qui ne se sont jamais estompées depuis la réélection du président en 2018, ont atteint leur point culminant en ce mois de juin avec les meetings géants des vendredis 5 et 19 juin. Après les meetings du 5 et du 19 juin 2020, il est clair que les choses ne seront plus comme avant. Le seul gage du retour de la stabilité semble être que le Président Keïta démissionne ou qu’il soit obligé de se départir de certaines de ses prérogatives constitutionnelles.

« Nos présidents sont mal réélus »

Les trente ans de pratique de la démocratie à l’occidentale ont montré des limites. Jusqu’ici, l’expérience a prouvé que nos présidents, non seulement sont mal réélus pour leur second mandat, mais aussi comme une malédiction, celui-ci ne se termine pas sans anicroche. N’est-il pas temps de revoir calmement et intelligemment le fonctionnement de nos institutions afin de les adapter à nos us, coutumes et traditions ?

Rappelons-nous de cette citation du sage Amadou Hampaté B : « Les hommes peuvent atteindre un but commun sans emprunter les mêmes voies ». Cela mérite qu’on s’y attarde si l’on sait que même dans les pays dits démocratiques, la pratique de la démocratie ne se fait pas partout de la même manière.

Benbere

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