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Transition : Ce n’est pas un long fleuve tranquille

Après une période marquée par une certaine léthargie, le processus a connu une rectification qui a permis d’accélérer la cadence. L’un plan d’ ‘ élaboration de mesures d’Traduite par la se est d’bouchon de détermination , plus un précis

 

Nommé le 7 juin 2021, le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga a vite affiché sa volonté de fixer un nouveau cap à la Transition. Comme lui-même aime à le dire, il n’est pas trop tard pour rectifier la trajectoire du processus. C’est pourquoi, lors de sa première rencontre avec l’ensemble des membres du gouvernement en juin, le nouveau chef du gouvernement a annoncé qu’il allait, dans les semaines à venir, soumettre un Plan d’action du gouvernement (PAG) au Conseil national de transition (CNT).

A choisi la promesse a choisi le dû. Le 2 août 2021, soit sept semaines après sa prise de fonction, le Premier ministre était devant l’organe législatif de la Transition pour défendre le PAG. Lequel est bâti sur quatre grands axes : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales, la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale.

Devant les membres du CNT, le chef du gouvernement a expliqué le PAG qui est décliné en neuf objectifs et assorti d’un chronogramme détaillé de mise en œuvre, avec un coût estimatif de plus de 2000 milliards de Fcfa dont plus de 220 milliards de Fcfa seront consacrés au renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, 106 milliards aux réformes politiques et institutionnelles, 9,8 milliards de Fcfa aux élections générales et 1712 milliards à la promotion de la bonne gouvernance et à l’adoption d’un pacte de stabilité.

Tenant compte aussi des délais temporels de la Transition, le PAG est fondé sur trois piliers : sécuritaire, politique et social. «Le Mali est semblable à un grand corps malade nécessitant une thérapie de choc», a martélé Dr Choguel Kokalla Maïga.

Malgré des débats animés sur l’ambitieux projet porté par le Premier ministre, le document a été approuvé, sans surprise, à l’unanimité des membres du CNT.

MOBILISATION DES RESSOURCES- Après cette étape importante, le Premier ministre est descendu sur le terrain pour traduire le PAG dans les faits. Pour y arriver, il doit s’atteler à deux choses. La première est la mobilisation des ressources nécessaires. Allez le dit, l’argent est le nerf de la guerre. Devant les membres du CNT, le chef du gouvernement a indiqué que le PAG sera financé sur le budget national. Reste à savoir si cela suffit, sinon il faudra solliciter l’appui des partenaires financiers techniques et financiers (Banque mondiale, FMI, Union européenne etc.). La reprise de la coopération avec la Banque mondiale, annoncée le 6 septembre dernier, pourrait être une bouffée d’oxygène.

En effet, premier partenaire au développement du Mali avec un portefeuille actif de plus de 29 projets nationaux et régionaux qui totalisent un montant global d’investissement d’environ 910 milliards de Fcfa, la Banque mondiale intervient aux côtés du gouvernement dans la mise en œuvre de projets dans plusieurs domaines (éducation, santé, eau potable, aide budgétaire, réforme de l’état, décentralisation, sécurité alimentaire). Vivement la reprise de la coopération avec les autres partenaires techniques et financiers.

La deuxième a choisi à laquelle le chef du gouvernement doit s’atteler est d’obtenir l’accompagnement de l’ensemble des forces vives de la Nation (classe politique et société civile). Personne ne doit se sentir exclu quand on sait que la finalité du PAG est de bâtir un Mali nouveau, un État solide adossé à des institutions fortes. La sécurité est la première priorité dégagée dans le PAG. Si presque tous les Maliens sont d’accord qu’il faut pacifier le pays après une décennie de troubles (rébellion au nord, guerre contre le terrorisme, conflits intercommunautaires) ayant occasionné de milliers de victimes, de déplacés et de réfugiés, cependant les réformes politiques et institutionnelles et l’organisation des élections générales, autres axes du PAG, divisent aujourd’hui la classe politique, voire l’ensemble des forces vives de la nation.

L’organisation des Assises nationales de la refondation (ANR) et la création d’un Organe unique et indépendant de gestion des élections annoncées par le Premier ministre en sont la cause.

Dans son mémorandum du 24 août, le Cadre d’échange des partis et des groupements politiques pour une transition réussie, une nouvelle coalition d’une soixantaine de partis dont la plupart émane de l’ancienne majorité présidentielle (RPM, ADEMA, ASM-CFP , Parti socialiste-Yeleen Kura, UM-RDA), trouve « pertinent » l’initiative de la création d’un organe unique et indépendant de gestion des élections. Mais le temps de sa mise en place fait défaut. En lieu et place de cet organe unique, le Cadre d’échange de demande au gouvernement de renforcer la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), en lui confiant, notamment, la mission de contrôle de toutes les opérations électorales.

Concernant les Assises nationales de la refondation (ANR), le Cadre d’échange comprend sa tenue comme une «répétition» du Dialogue national inclusif (DNI), estimant que «vouloir conférer un caractère obligatoire aux résolutions de l’ANR, est une démarche contraire aux règles démocratiques et républicaines, ainsi qu’une violation flagrante de la Constitution».

Mais le Premier ministre a affiché sa détermination à maintenir le cap. Sa position n’a pas varié sur la tenue des Assises nationales de la refondation et la création d’un organe unique pour les élections. La situation est tendue avec le Cadre d’échange dont certains membres envisagent de ne pas participer aux assises nationales.

La méfiance des partis du Cadre d’échange vers le gouvernement est renforcée par les agitations de certains mouvements et associations qui réclament à cors et à cris la prolongation de la Transition.

CHRONOGRAMME- C’est dans ce contexte politique un peu délétère que le médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’ancien chef d’État nigérian Goodluck Jonathan, a effectué, du 5 au 7 septembre, une visite dans notre pays dans le cadre du suivi-évaluation de la Transition.

Il a rencontré le Premier ministre, le président de la Transition, la classe politique et la société civile. Si le médiateur a apprécié les actes jusqu’à celui-ci, il continue d’insister sur le respect du délai du processus transitoire, estimant même que les réformes politiques et l’institut la mise en place des nouvelles autorités démocratiques et légitimes. Telle est aussi la position des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, qui lors de leur conférence extraordinaire du 8 septembre, ont exhorté le gouvernement à présenter rapidement un chronogramme devant mener le pays aux élections.

Lors de ses échanges avec les diplomates, le 9 septembre dernier, le Premier ministre, en faisant le compte rendu de sa rencontre avec le médiateur de la Cedeao, a dit avoir insisté sur la nécessité d’organiser les Assises nationales de la refondation.

Cela, afin de se mettre d’accord sur un large consensus national, assorti d’un chronogramme précis et détaillé devant conduire aux élections dans les plus brefs délais. En effet, pour le gouvernement, la mise en place de l’Organe unique de gestion des élections n’est pas liée au calendrier de la tenue des ANR et n’impactera pas le chronogramme des élections.

Dr Choguel Kokalla Maïga a précisé que la mise en place de cet organe unique va prendre le même temps que l’installation d’une nouvelle Céni. Celle-ci avait été dissoute en 2020, au moment de la transition dirigée par Bah N’Daw. En ce qui concerne les réformes politiques et institutionnelles, le chef du gouvernement a indiqué qu’elles pourraient être de septembre 2021 à février 2022.

Le processus de transition est tout sauf un long fleuve tranquille. Il y a des couacs, des embuches et même des pièges. La Transition, c’est aussi des compromis, des conciliabules pour préserver les intérêts communs. Aux Maliens de le comprendre pour sortir le pays de cette crise.

Madiba KEITA

Source : L’ESSOR

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