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TENSIONS MALI-CÉDÉAO Faut-il entériner le statut quo ?

Plus les jours passent, plus les espoirs d’un compromis entre le Mali et la CÉDÉAO s’éloignent. Entre les deux positions, la ligne de fracture s’élargit. Et ce statu quo semble parti pour perdurer et persister. En attendant de voir une improbable fumée blanche entre les deux parties, la réalité économique, sous nos cieux, suit sa trajectoire implacable de la hausse généralisée des prix. Un combat contre la morosité économique dans lequel le gouvernement doit jeter toutes ses forces.

Même chez ceux d’entre nous où la patience et l’optimisme forment une seconde nature, le doute commence à s’installer et à s’épaissir. Comment pourrait-il en être autrement ?

On a beau scruter l’horizon des échanges diplomatiques et des annonces officielles, beau nous convaincre que le ciel couvert de sombres nuages finira par s’éclaircir d’une lueur de compromis ; hélas ! rien… on ne voit aucun signe qui présage d’une fumée blanche imminente entre la CEDEAO et les autorités maliennes de la Transition. La glace des incompréhensions demeure plus compacte que jamais, et, hormis quelques vagues déclarations de bonnes intentions, rien de rien ne préfigure le dégel tant espéré par les citoyens de la sous-région. Entre l’orthodoxie (certains diront même le dogmatisme) électorale incarnée par la CEDEAO, et le souverainisme inflexible affiché par les colonels maliens, la concordance des temps semble plus qu’improbable à trouver. Alors que les chefs d’Etat de la sous-région, craignant que le pouvoir malien ne remplace le calendrier grégorien par les calendes grecques, exigent un deadline de 12 mois à la Transition ; les Bérets maliens, eux, entendent demeurer les seuls Maîtres de l’horloge nationale.

Ainsi, Assimi Goïta et son gouvernement ont réglé la pendule de la Transition à « 22 mois incompressibles ». Autant dire à une échéance qui prolonge la crise avec l’organisation sous-régionale à laquelle le Mali ne cesse pourtant de réaffirmer son attachement.

Dans cet imbroglio parti pour perdurer entre Exécutif malien et CEDEAO, les populations sont celles qui paient le plus lourd tribut au statu quo. A Bamako comme à Yorosso, à Kayes comme à Bankass, on subit de plein fouet la flambée insidieuse des prix des produits les plus consommés. Sucre, huile, céréales, viande, essence, ciment, etc ; la loi implacable de la conjoncture est un monstre froid qui ne s’émeut guère des peines et des complaintes des citoyens.

La crise, telle la température suffocante d’une canicule financière, pèse sur les Maliens. Les sanctions, condamnables parce qu’excessives, compromettent sérieusement la marge de manœuvre économique des concitoyens.

A défaut donc d’arriver à boire dans la même écuelle que la CEDEAO, nos autorités ont l’impérieuse responsabilité de rendre le coût de la vie moins écrasant pour les Maliens.

Pour le moment, la thérapie des mots et les incantations formulées par le gouvernement comme réponse économique, n’ont que très peu d’effets apaisants sur le quotidien des concitoyens.

L’efficacité d’une équipe gouvernementale ne réside pas dans sa faculté à exceller dans les discours emphatiques, mais plutôt dans sa capacité à remédier aux préoccupations poignantes des populations.

Le statu quo de crise prolongée entre le Mali et la CEDEAO est désormais entériné par les faits. Nous ne pouvons plus le nier. L’évidence est là, tenacement incrustée. Et, quelque optimisme que nous nourrissions de voir une embellie inattendue se produire, nous devons à présent nous résoudre à l’équation du « AUCUN ACCORD ET DU ZÉRO COMPRIS » pour 22 mois.

Pendant ce temps, ceux qui nous gouvernent ont la lourde mission de s’employer à trois actions. Sortir de leur logique de l’entre-soi. Réunir tous les Maliens et fédérer toutes les énergies. Arrêter enfin de procrastiner et engager rapidement les réformes politiques et structurelles qui sont nécessaires pour remettre le pays sur les rails du redressement. L’urgence est là. Ne pas en mesurer le degré, c’est nous condamner à un statu quo de plus en plus insupportable fait d’incertitudes économiques voire de période continue de « vache maigre ».

Souvenons-nous tous, gouvernés comme gouvernants, mais surtout gouvernants, de cette sagesse : l’avenir n’est ni à attendre ni à espérer ; il est à inventer. Faisons donc du temps présent le meilleur tremplin pour notre avenir. Pas dans les mots, drapés de grand boubou soudanien rayé ; mais dans les faits.

MOHAMED MEBA TEMBELY

Source: Les Échos-Mali

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