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Tension entre le Mali et l’Algérie : Quand Alger joue au pyromane pour se rendre indispensable à la stabilité du Sahel

Qu’espérait l’Algérie en ouvrant ses frontières à des terroristes déguisés en «ex-rebelles» chassés de Kidal et en étalant le tapis rouge à un leader religieux mégalomane très remonté contre les autorités de la Transition parce qu’on lui a coupé les vivres ? Que Bamako applaudisse ? Tant pis alors pour ce pays voisin car la réaction malienne a été toute autre. Et au lieu de calmer le jeu, comme on l’attend de la part d’un pays qui se dit médiateur, l’Algérie a posé des actes qui ne sont pas de nature à la remettre en selle dans la gestion de la crise malienne.

Maintenir son influence dans la bande sahélo-saharienne, mais également contenir les terroristes hors du territoire algérien ! Voilà le double défi qu’Alger s’est lancé. Ainsi, selon de nombreux experts en géostratégie, Alger cherche coûte que coûte à maintenir son influence dans le Sahel, alors que «les vents ne lui sont pas favorables», notamment avec notre pays, son voisin immédiat du sud. C’est pourquoi sa diplomatie et ses services secrets s’activent à garder la main dans le «délicat dossier de la rébellion touareg». Et cela par tous les moyens, y compris en se livrant à son jeu favori consistant à déstabiliser ses voisins. D’où le maintien de ses canaux de communication avec les groupes terroristes.

Les événements des derniers jours (rappels des ambassadeurs pour consultation au pays) ne doivent pas surprendre car, depuis son échec à «maintenir l’illusion d’une paix» à travers l’Accord de paix et de réconciliation (APR, issu du processus d’Alger) signé en mai et juin 2015, et surtout le refus de notre pays d’aller rencontrer à Alger les supposés ex-rebelles du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), l’Algérie n’a cessé de planifier le chaos dans notre pays afin de se remettre en selle comme médiateur.

Pour les autorités de la Transition, le conflit du nord (que certaines mauvaises volontés ne cessent d’assimiler à une question touareg) doit se régler avant tout entre les fils du pays qui n’ont pas besoin de se retrouver ailleurs pour renouer le fil du dialogue. C’est pourquoi, a précisé «Afrique intelligence»,  la réunion que voulait Ramtane Lamamra (limogé mi-mars 2023 à cause de cet échec) et son mentor Tebboune, en marge du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN, 13 janvier-5 février 2023), est tombée à l’eau. «La crédibilité d’une Algérie qui cherche, quoi qu’il en coûte, à s’impliquer dans les dossiers régionaux en a pris un sérieux coup», ont souligné nos confrères.

Malheureusement, ce n’est pas le seul revers diplomatique infligé par notre pays à nos voisins Algériens. En effet, ceux-ci ont tenté de mener la médiation entre Bamako et Abidjan dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens considérés par nos autorités comme des mercenaires. Une offre poliment rejetée par le Mali. Tout comme l’Algérie a échoué dans sa tentative de médiation entre le Mali et la Cédéao par rapport au chronogramme de la transition.

Les barbouzes à la manœuvre pour pallier les échecs diplomatiques au Mali

Pour avoir ce qu’elle n’a pas obtenu pas la diplomatie, Alger a réactivé ses services secrets pour se livrer à son sport favori avec ses voisins : pyromane/pompier ! Les barbouzes Algériens ont la triste réputation de toujours jouer un rôle dans la déstabilisation de la région sahélienne et le Mali en est la première victime. Ainsi, selon de nombreux observateurs, ils ont toujours «offert le gîte et le couvert aux djihadistes tant que ces derniers sévissaient dans le Sahel en laissant l’Algérie en paix. Il en est de même des mouvements indépendantistes touaregs qui ont toujours disposé d’une ligne directe avec les services de renseignement algériens».

«A Bamako, les barbouzes algériennes ne se cachent plus», indiquent plusieurs sources diplomatiques et sécuritaires. Ce qui serait le fruit d’une réorganisation du dispositif de la DGDSE (Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure) dans notre capitale où elle disposerait de moyens techniques d’écoute inimaginables.

Pour la DGDSE, selon des sources médiatiques, «le Mali et le Niger sont des pays sensibles et prioritaires pour les intérêts stratégiques d’Alger». Pour les besoins de la cause, Mehenna Djebbar (le patron de la DGDSE) aurait puisé dans «le vivier de vieux officiers et correspondants rompus aux manigances sahéliennes». C’est ainsi que Mohamed Médiène alias Toufik a été remis en selle. Ce dernier est connu pour avoir toujours entretenu des relations étroites avec les rebelles et les terroristes qui déstabilisent notre pays depuis des décennies. «Que ce soit avec Iyad Ag Ghali dans la zone de Kidal ou Mokhtar Belmokhtar à Gao, des grands trafiquants actifs au sein du défunt Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ou encore à Tombouctou avec Abdelhamid Abou Zeid d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), le défunt service algérien DRS avait su traiter et manipuler, ces interlocuteurs délicats», ont indiqué des sources sécuritaires.

L’Algérie contrariée par la volonté du Mali d’extraire son pétrole ?

Depuis l’amorce de la phase de rectification de la Transition, le Mali ne cache plus sa volonté de se battre davantage pour ses richesses afin d’assurer sa «souveraineté économique». Ce qui inquiéterait Alger. En effet, selon des analystes politiques, «la réalité est que les terroristes du CSP-PSD et du JNIM sont des fonctionnaires du pouvoir algérien chargés de créer le chaos dans le nord pour empêcher le Mali d’exploiter ses richesses (bassins pétroliers que l’Algérie et la Mauritanie exploitent depuis des décennies)»… Aujourd’hui, ont-ils souligné, «le Mali et le Burkina n’exploitent pas un seul baril de pétrole à la différence du Niger…».

Toutefois, nos dirigeants doivent se garder de répondre à la provocation d’Alger qui ne cherche qu’une opportunité de mélanger les cartes afin d’embraser davantage le Sahel. Certes, «la perte d’influence et la baisse de la capacité de nuisance d’Alger» sont avérées, mais un voisin qui est prêt à tout pour sauvegarder ses intérêts est une menace sérieuse pour la stabilité de ses voisins. Et ce n’est aujourd’hui qu’un secret de Polichinelle qu’Alger continue de pactiser avec des réseaux du crime organisé qui ne souhaitent que maintenir le Sahel dans l’instabilité.

Au-delà de la légitime méfiance observée ces derniers mois par nos autorités, celles-ci doivent éviter d’ouvrir un autre front dans notre septentrion avec un voisin qui ne souhaite notre stabilité que du bout des lèvres.

Naby

La convoitise du pétrole a-t-elle ravivé la tension entre Bamako et Alger ?

La sempiternelle question du pétrole serait-elle à la base de la récente tension entre le Mali et l’Algérie ? Telle est la conviction du compte (X) d’information de l’Alliance des États du Sahel (Burkina, Mali et Niger). «Algérie : jalousie pétrolière ou diplomatie sournoise ?», a-t-il ainsi titré le 26 décembre 2023 une publication.

«Le Mali et l’Algérie partagent un bassin pétrolier commun, qui est l’un des plus grands d’Afrique. En 2007, la société algérienne Sonatrach avait signé un accord avec le Mali pour l’exploration de ce bassin (N°20). Cependant, cet accord a été suspendu en 2012, en raison de la crise au Mali», a rappelé le compte d’information de l’AES. Selon des sources maliennes, a-t-il indiqué, «la véritable raison de cette brouille diplomatique entre les deux pays serait que l’Algérie souhaite reprendre l’exploration et l’exploitation du bassin pétrolier». Ce que notre pays refuse ou fixe des conditions pour mieux préserver ses intérêts.

«Les autorités maliennes, qui ont récemment renforcé leur contrôle sur le nord du pays, souhaitent exploiter ce potentiel énergétique par elles-mêmes», a-t-il souligné. «Cette brouille diplomatique pourrait avoir des conséquences importantes pour les deux pays. Elle pourrait entraver la coopération régionale sur la question du terrorisme», a alerté le compte (X) d’information de l’Alliance des États du Sahel.

Naby

Le Matin

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