Depuis quelque temps, le Mali connait une grave pénurie de sucre. Le manque d’approvisionnement en quantité suffisante des marchés locaux a contribué à la hausse vertigineuse du prix du kilo. Alors que le pays dépend de deux sources d’approvisionnement à savoir l’importation et la production locale, il se trouve que les sucreries locales n’existent que de nom. Une triste révélation faite par le ministre de l’Industrie et du Commerce à l’issue d’une visite effectuée dans deux unités sucrières.
A l’issue d’une visite de terrain, le ministre de l’Industrie et du Commerce a fait l’amer constat à Sukala et NSukala. S’exprimant à la presse, Moussa Alassane Diallo a dénoncé plusieurs manquements dans le respect des engagements contractuels au bénéfice du Mali de la part l’actionnaire chinois. A en croire le ministre, les usines n’existent que de nom. Car incapables d’assurer la quantité de production attendue.
“Nous avons deux unités industrielles qui ne peuvent pas couvrir la consommation nationale à hauteur de 30 %, voire même le 1/3 du besoin”, a déploré le ministre dénonçant au passage une gestion opaque au sein de NSukala.
NSukala ne rembourse pas l’emprunt rétrocédé à elle par l’Etat du Mali d’un montant de 46 milliards de F CFA. Elle ne paye pas correctement sa dette fiscale, ne paye pas de dividende à l’Etat du Mali, ne respecte pas la législation, la réglementation du travail en vigueur en République du Mali ne paye pas de redevance eau, n’a pas de procédure administrative et financière à jour qui permet d’assurer la double signature sur les comptes avec un Malien et un Chinois, ne tient pas une comptabilité analytique qui permet d’assurer la vérification du coût de production. Cela se traduit par l’absence de transparence dans la gestion. La transparence de la gestion n’est pas assurée à NSukala. Aujourd’hui, il y a une rupture de confiance entre NSukala et le ministère de l’Industrie et de Commerce, a chargé le ministre Diallo.
Censées contribuer, à la fois à l’autosuffisance du Mali ainsi qu’au développement du pays, selon le ministre, les deux sucreries ne profiteraient qu’à une seule partie, à en croire le ministre. “Il n’y a aucun programme de développement économique notamment relatif à l’aménagement de la terre pour accroitre le niveau de la production. Donc on arrive à la conclusion que NSukala ne représente ni une rentabilité économique, ni une rentabilité financière parce que les fonds propres de NSukala sont négatifs. Le fonds de roulement est négatif, la trésorerie est négative, les résultats nets sont négatifs, la capacité d’endettement est nulle. Le Mali ne gagne rien du tout dans NSukala. Cela ne peut pas continuer. Une affaire n’est bonne que si chaque partenaire gagne. Et le Mali ne gagne rien dans cette affaire ce qui fait qu’il y a à chaque fois une pénurie de sucre sur les marchés”.
Pour toutes ces raisons, Moussa Alassane Diallo a estimé que “nous avons besoin de répartir sur de nouvelles bases” et que le statu quo n’est pas une hypothèse.
Pour conclure, il a tapé du poing sur la table et annoncé des mesures fortes. “Nous sommes des ministres décomplexés. Nous allons poser ces problèmes et prendre des décisions qui s’imposent pour les assumer quoi qu’il arrive et quel que soit le prix à payer. Et très prochainement, avec le ministre des Finances, nous allons convoquer une assemblée générale avec le conseil d’administration, pour mettre sur la table tous ces problèmes de Sukala et NSukala et nous allons sortir avec des décisions qui respectent l’engagement du président de la Transition qui a posé 3 principes qui guident la conduite de l’action publique. Il s’agit du respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et du choix des partenaires du Mali, et la défense des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises. Et c’est justement dans le cadre du dernier critère à savoir la défense des intérêts vitaux du peuple malien que nous allons provoquer une assemblée générale pour que les intérêts vitaux du Mali puissent être pris en charge. Et ils seront pris en charge”, a-t-il promis.
Alassane Cissouma
Mali Tribune