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Situation des droits de l’homme au Mali: Suliman Baldo livre ses impressions

L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Suliman Baldo, a exprimé ses inquiétudes par rapport à la situation des droits de l’homme au nord et au centre du Mali. Suliman Baldo vient de boucler sa dixième visite au Mali, du 12 au 16 mars 2018. Selon lui, « la situation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels se détériore au nord et au centre du pays ».

C’est en principe aujourd’hui 20 mars 2018 que l’Expert indépendant, Suliman Baldo, présentera son rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali au Conseil des droits de l’homme.
Dans ce rapport, qui fait suite à sa dixième visite dans le pays du 12 au 16 mars 2018, il est fait mention que l’insécurité a augmenté de façon alarmante avec en toile de fond des attaques contre les civils, les acteurs humanitaires, les officiers de maintien de la paix et les forces de sécurité du Mali.
C’est dans la région de Mopti, au centre du pays, que M. Baldo a pu constater combien la situation sécuritaire et celle des droits de l’homme demeurent une préoccupation majeure des populations dans cette partie du Mali. Selon lui, des communautés entières sont victimes quotidiennement de menaces, d’assassinats ciblés, d’enlèvements, et d’attaques indiscriminées de la part de groupes extrémistes notamment Jama’at Nusrat al-Islam Wa al-Muslmeen (JNIM).
« Depuis le mois de janvier 2018, au moins 35 civils ont été tués à la suite d’exposition d’engins improvisés posés sur les axes routiers », a dit l’expert pour qui, d’autres ont été victimes de vols à main armée. Il affirme aussi que certains de ces cas ont été attribués à des éléments des mouvements armés signataires de l’Accord de paix.
Du constat fait par Suliman Baldo, la persistance de l’insécurité a eu pour effet de paralyser l’économie locale et a poussé les services publics de l’État, dans le domaine de l’éducation, la santé et la justice, à quitter ces zones avec comme conséquence la fermeture, à la fin du mois de février 2018, de plus de 657 écoles dans les régions du centre et du nord affectant plus de 190 000 élevés.
Toutefois, il a noté avec satisfaction que sur le plan politique, lors de la 23e réunion du Comité de suivi de l’Accord pour la paix, les 15 et 16 janvier 2018, un nouveau souffle a été donné pour mettre en œuvre les dispositions clés l’Accord, en particulier en matière de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). L’Expert indépendant reconnaît qu’il est difficile de mettre en œuvre le DDR dans cet environnement complexe. Cependant, cette étape constitue un des jalons critiques pour assurer la paix durable au Mali, a-t-il soutenu.
« Tous les efforts pour faire avancer le processus de DDR, y compris le soutien nécessaire de la communauté internationale, à travers le régime de sanctions ciblées établi pour le Mali, doivent être explorés en toute urgence », a noté M. Baldo, en ajoutant : « Il y va de l’amélioration de la protection des civils ».
M. Baldo a aussi salué l’engagement du gouvernement malien, dans la lutte contre l’impunité, mais a déploré le peu de progrès dans la réalisation de cet engagement, à cause de « l’insécurité et du conflit de juridiction entre le tribunal de grande instance de la commune III de Bamako et les tribunaux du nord empêchent la justice malienne de fonctionner efficacement ». D’où, son appel aux autorités compétentes à mettre fin à ce blocage qui nuit, selon lui, aux droits des victimes.
Au demeurant, l’Expert indépendant est encouragé par la déclaration publiée le 27 février 2018 par le Gouvernement annonçant qu’il allait ouvrir une enquête sur les évènements de Sokolo (région de Mopti) au cours desquels des allégations crédibles font état de l’exécution sommaire le 21 février dernier, d’au moins sept personnes par des éléments des Forces armées maliennes (FAMa) le 21 février.
Il dit soulevé avec les autorités, la question de l’avant-projet de loi ‘‘d’entente nationale’’ qui risquerait d’introduire des mesures d’amnistie de fait dans le cadre du processus de paix en faveur de ceux qui sont responsables des violations graves de droits de l’homme et du droit humanitaire internationale.
« J’ai précisé qu’une telle loi doit être formulée de manière à ne pas empêcher les victimes de violations graves à exercer leur droit à accéder à une justice juste et équitable, à bénéficier de réparations, et à connaitre la vérité sur les violations commises. Sans le respect de ces droits, il n’y aura pas de réconciliation possible sur le long terme », a noté M. Baldo qui s’est aussi félicité de la mise en place au sein de la force conjointe multinationale du G5 Sahel, d’un cadre de respect des droits de l’homme élaboré avec l’appui du bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme qui a été accepté par le commandement de cette force. En outre, un arrangement technique a été signé entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union européenne et le G5 Sahel en février dernier. Cet accord soulignant la nécessité d’établir et de mettre en œuvre un tel cadre de conformité aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.
Suliman Baldo souligne également que la communauté humanitaire au Mali requiert 263 millions USD pour répondre aux besoins de plus d’un million de personnes affectées, particulièrement en termes de sécurité alimentaire et de nutrition, de protection, d’urgences sanitaires, d’eau, d’hygiène, d’assainissement et d’éducation. Selon lui, il faut que le Mali, avec l’aide de la communauté internationale, bénéficie d’une coopération technique et d’appui financier dans ces domaines.
Quant aux élections, l’expert indique qu’il avait mis un accent particulier dans ses discussions avec les autorités sur la nécessité de mettre en place des mesures appropriées avant l’élection ». Selon lui « l’élection présidentielle doit être véritablement libre et équitable, conformément aux normes internationales et tenue dans une atmosphère respectueuse des droits humains fondamentaux ».

Par Mohamed D. DIAWARA

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