Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne manque pas de culot (de manière familière on aurait dit qu’il était culotté). Il n’a peur de rien. Il ne recule devant rien. Il ne se refuse rien. Il ose tout. Il s’agit du ci-devant ministre chargé de l’électricité. Alou Kaou Djim disait de Assimi qu’il était l’imperturbable patriote. Nous, nous tenons notre imperturbable en la personne de Lamine Seydou Traoré. 

Incontestablement, lui qui aime être vu partout et par tous, il fait l’actualité. Il est au-devant de la scène. Son nom se trouve aussi bien dans les hameaux les plus reculés que dans les villas cossues de Bamako. Mais hélas pour lui, il est au-devant de la l’actualité pour de bien mauvaises raisons: il est tout simplement incapable         de fournir de l’électricité aux consommateurs maliens. Et pourtant que de promesses, que de belles paroles, que de promesses non tenues, que de demi-vérités assénées avec l’aplomb d’un arracheur de dent.

Pour les Maliens qui se rappellent, il s’était présenté d’abord comme le messie, le sauveur, celui par qui les problèmes de l’EDM allaient prendre fin, pourvu qu’il ait un peu de temps et beaucoup de d’argent. Il avait besoin de plus de la moitié du budget national soit plus de 1200 milliards. Pourquoi une telle somme qui peut donner le tournis ? Parce que selon lui, « depuis plus de 30 ans,il n’y a eu aucun investissement à EDM » selon le ministre, droit dans ses bottes et la nuque raide sur ses certitudes qui ne sont que des mensonges. Mais comme personne n’a relevé le propos ministériel, par respect, le bonhomme a sans doute compris qu’il avait un boulevard devant lui pour enfariner des Maliens qui sont dans le pétrin. Régulièrement, il a sorti cette histoire de défaut d’investissements pendant les 30 dernières années ou même pendant les 20 dernières en fonction des interlocuteurs. Sauf qu’un ancien conseiller de ATT a décidé de mettre le holà et de recarder l’indélicat ministre. Les propos du ministres sont tout simplement assimilés à un acte de dénigrement des actions menées par ATT. Le ministre « n’a pas besoin d’exagérer pour expliquer pourquoi il est en difficulté ». Tout son argumentaire a été démonté et depuis,  ce disque a été abandonné. De manière presque perfide, il a rappelle à notre imperturbable que c’est lui qui a explosé la dette de EDM. « La dette qui ne dépassait pas les 25 milliards avant le coup d’Etat de 2012 atteint 300 milliards  en 2022 ». Ce que lui-même confirme dans une interview où il a déclaré qu’en arrivant aux affaire, la dette de l’EDM était de 180 milliards.

Aujourd’hui , la dette de l’EDM se chiffre à 600 milliards. C’est-à-dire que sous le  magistère de l’imperturbable la dette a plus que triplé sans qu’il n’y ait une amélioration dans la fourniture d’électricité. La preuve, avant-hier mercredi, les populations de Bla sont sorties en masse pour dénoncer les incessantes coupures sans aucune explication qui tienne la route. Avant Bla, le Premier ministre ChoguelMaïga a été chaleureusement accueilli par les populations de Sévaré le 17 Mars dernier au son de « Choguel, courant ». Certainement qu’il n’oubliera pas de sitôt ce qui constitue un authentique camouflet. Nulle part sur le territoire, les populations sont satisfaites. À Bamako, la capitale, il y a comme une course au record. C’est de voir quel est le quartier qui fera 10 heures, 16 heures, 24 heures et plus sans électricité. Ceux qui ont quelques moyens financiers n’hésitent pas à acheter des groupes électrogènes ou à se doter de l’énergie solaire.

Et pourtant, des groupes ont été acheminés depuis le port d’Abidjan ou de Dakar. Ne reculant jamais devant une petite fanfaronnade, il a promis aux Maliens la fin des délestages. Les Maliens finissent toujours par se poser des questions sur la qualité des groupes achetés, sur la qualité de la commande et sur la qualité des hommes. Le Mali doit être le seul pays de la sous région où on entend des clameurs de joie quand l’électricité est rétablie. Il le sait mieux que quiconque, l’eau et l’électricité sont liées dans un même traitement. En ce sens que quand il n’y a pas d’électricité, la SOMAGEP qui relève de lui ne peut fournir de l’eau. Or ces derniers temps, c’est la totale, certains quartiers manquent et d’électricité et d’eau. Ces derniers temps, on aurait dit qu’il rase les murs dans un souci de se faire sinon petit du moins discret. Jamais de mémoire de Maliens, il n’y a eu de tels délestages sur la durée. Parce que depuis qu’il occupe le fauteuil ministériel chargé de l’électricité, c’est le sinistre permanent et la lumière …fuit.

Aly Kéita

Source : La Renouvelle République