Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » Principal rival du président Macky Sall en vue de la prochaine présidentielle, il n’a cessé de clamer son innocence et de crier au complot.
L’opposant politique sénégalais Ousmane Sonko a été condamné jeudi 1er juin à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » par un tribunal dakarois. Il a par ailleurs été acquitté des accusations de viols, dans une affaire politico-judiciaire qui tient en haleine le Sénégal depuis plusieurs années. L’homme politique a été accusé de viol à répétition sur la personne d’Adji Sarr, une ancienne employée d’un salon de massage. Le 24 mai, le procureur avait requis dix ans de prison ferme pour viols ou cinq ans pour corruption de jeunesse contre le principal rival du président Macky Sall en vue de la présidentielle de février 2024.
La chambre criminelle a condamné à deux ans de prison ferme la coaccusée de M. Sonko, Ndèye Khady Ndiaye, patronne du salon de beauté où M. Sonko était accusé d’avoir abusé d’une employée à plusieurs reprises. Ousmane Sonko, qui était reclus, au moment de son procès, dans son fief de Ziguinchor, la ville du sud du pays dont il est maire, a depuis été « ramené de force » chez lui à Dakar dimanche. Celui qui est candidat déclaré à la prochaine présidentielle dénonce un complot pour le condamner et l’écarter du jeu politique. Les alentours de son domicile à Cité Keur Gorgui étaient bouclés dans la matinée de jeudi par un important dispositif des forces de l’ordre, tout comme les accès au palais de justice de Dakar. Depuis plusieurs jours, les partisans d’Ousmane Sonko et les forces de l’ordre s’affrontent sporadiquement, et les Dakarois craignent une flambée de violence. Le discours patriote et antioccidental d’Ousmane Sonko l’a rendu très populaire, tout particulièrement parmi les jeunes.
En 2021, des émeutes qui avaient éclaté après l’interpellation de l’opposant avaient fait quatorze morts dans le pays. Le flou règne pour l’instant sur le sort de l’opposant. La « corruption de la jeunesse », consistant à débaucher ou à favoriser la débauche d’un jeune de moins de 21 ans, est un délit selon la loi sénégalaise, et non pas un crime comme le viol, a expliqué à l’Agence France-Presse un avocat présent à l’audience, Me Ousmane Thiam. M. Sonko aurait été automatiquement déchu de ses droits électoraux s’il avait été condamné par contumace pour un crime comme le viol. La requalification des faits en délit semble, au vu du code électoral, maintenir la menace de l’inéligibilité sur M. Sonko. Le Monde avec AFP
Source: Nouvelle République