Le 18 juin 2023 restera gravé dans l’histoire du Mali. Après plusieurs tentatives sans succès, le référendum constitutionnel a pu finalement se tenir à travers le territoire national, mais sans la ville de Kidal et beaucoup d’autres localités de la région. D’ailleurs, cela n’a pas été du tout surprenant, y égard la posture dans laquelle les groupes rebelles, qui contrôlent toujours la ville, se sont inscrits après le départ de la France.
Oui, dans plusieurs autres localités du pays, le scrutin n’a pas pu se tenir, à cause de l’insécurité, contrairement à Kidal dont les raisons sont purement politiques et qui reste la seule capitale régionale du Mali où aucun bureau de vote n’a été ouvert. Une situation qui suscite beaucoup d’interrogations. D’aucuns trouvent même que c’est la partition du pays qui est désormais programmée.
En réalité, pour gérer ce cas de Kidal, trois options étaient possibles. La première consistait à imposer l’autorité de l’Etat en tentant de forcer la tenue du scrutin référendaire dans la ville. Pour la deuxième option, il fallait toujours négocier avec les moyens de bord pour permettre les opérations de vote dans l’ensemble de la région. La dernière option que les autorités de la transition semblent avoir choisie est d’organiser et de tenir le scrutin dans les localités où cela était possible sans faire un traitement au cas par cas.
Certes, la première option pouvait remettre en cause tous les efforts de la paix et de la réconciliation en cours et la deuxième amènerait certainement à encourager ces belligérants à perdurer dans leurs jeux d’intérêts, mais cette troisième option, choisie par les autorités de la transition, n’est pas non plus sans conséquences politiques. D’autant plus que ce projet de Constitution puise une part de sa légitimité dans l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger auquel la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), composée des rebelles de Kidal, se dit attachée.
Donc toujours dans les négociations, elle peut continuer de rejeter cette nouvelle Constitution, si elle est adoptée. Ainsi, les différentes parties signataires seront butées non seulement contre l’Accord pour la paix et la réconciliation dont la mise en œuvre effective est pratiquement impossible, mais aussi contre une Constitution qui n’a pas été votée par l’ensemble desdites parties.
Pour assumer ce choix, il va falloir que les autorités de la transition deviennent de plus en plus catégoriques et intraitables avec tous les groupes rebelles sur toutes les questions relevant de l’autorité de l’Etat. Autrement, le président de la Transition, le Col. Assimi Goïta, et son Gouvernement doivent faire respecter le choix du peuple malien sur l’ensemble du territoire national sans exception, mais de manière progressive et intelligente. Cela, pour garantir l’application stricte et le respect par tous de cette nouvelle Constitution, si elle est adoptée.
Ousmane BALLO
Source : Ziré