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Sahel: vers l’embrasement

Face à la bronca unanime contre son choix de faire du président tchadien, le général bombardé Mahamat Idriss Déby Itno dit Kaka, son médiateur dans la crise nigérien (un putschiste chargé de dissuader des putschistes), la CEDEAO fait-elle machine arrière ? En effet, à l’issue de la conférence extraordinaire de l’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement tenue le dimanche 30 juillet 2023, la CEDEAO avait décidé de nommer «un représentant spécial du Président de la Conférence, qui sera immédiatement dépêché au Niger, porteur d’un message contenant les exigences de la Conférence».

A moins que dans son verbiage indigeste «représentant spécial» soit différent de médiateur, soit le Général-président Mahamat Idriss Déby Itno dit Kaka a bien été présenté comme médiateur de la CEDEAO, c’est en cette qualité qu’il a été reçu à Niamey le dimanche, et c’est cette qualité qu’il a évoqué la mission qu’il avait faite auprès des responsables du CNSP.
Sur son compte twitter voici ce qu’il écrit : «À Niamey, j’ai eu des échanges approfondis avec les leaders du Conseil National de Sauvegarde de la Patrie (CNSP), notamment le Général Abdourahamane Tchiani, avec le Président Mohamed Bazoum ainsi que l’ancien Président Mahamadou Issoufou dans une approche fraternelle qui vise à explorer toutes les pistes afin de trouver une issue pacifique à la crise qui secoue ce pays voisin.»
Patatra ! Lundi, selon des bruits très intelligibles captés les antennes, les chefs d’Etat de la CEDEAO se seraient rebiffer sur le choix du Fils-Déby pour s’accorder finalement sur le profil du sultan de Sokoto, Muhammadu Sa’adu Abubakar (un nigérian), pour mener une médiation à Niamey.
L’on apprend que c’est un leader religieux respecté et influent aux mille réseaux de l’extrême nord du Nigeria, aurait même envisagé de se rendre prochainement à Niamey. A condition bien sûr d’avoir l’autorisation d’atterrir.
La question est : quelle est la stratégie de la CEDEAO finalement face à la prise du pouvoir par le CNSP à Niamey ? Faut-il prospérer les voix de la médiation ? Et avec quel médiateur ?
Ou l’option est-elle fait pour engager les hostilités militaires avec les assurances du chef d’Etat-major du Nigéria qui pari sur le succès de l’opération ?
Si tel est le cas, les chefs d’Etat (favorables au bloc de l’Ouest) auront choisi la dislocation de la CEDEAO, car ils ne laisseront d’autres choix au Mali, au Burkina et à la Guinée d’en tirer les conséquences : sortir de la CEDEAO et s’engager aux côtés du Niger. Toute chose qui est synonymes, de brissa niagami au Sahel, en d’autres termes l’embrasement.

Mali-Burkina :
la guerre par ricochet
Suite aux sommets extraordinaires de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) tenus le 30 juillet 2023 à Abuja sur la situation politique au Niger, le Mali et Burkina se démarquent.
Les deux pays qui forment avec le Niger « les trois frontières » lui expriment leur solidarité fraternelle et celle de leurs peuples.
Après avoir dénoncé la persistance de ces organisations régionales à prendre des sanctions aggravant la souffrance des populations et mettant en péril l’esprit de panafricanisme et clairement annoncé leur refus «d’appliquer ces sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les Autorités Nigériens» ; le Mali et Burkina, dans un communiqué conjoint publié ce lundi 31 juillet 2023, se disent «profondément indignés et surpris par le déséquilibre observé entre, d’une part, la célérité et l’attitude aventurière de certains responsables politiques d’Afrique de l’Ouest désireux d’utiliser la force armée pour rétablir un ordre constitutionnel dans un pays souverain, et d’autre part, l’inaction, l’indifférence et la complicité passive de ces organisations et de ces responsables politiques à aider les Etats et les peuples victimes de terrorisme depuis une décennie et abandonnés à leur sort».
Avant d’inviter les forces patriotiques et panafricanistes à la mobilisation contre «toute intervention militaire contre le Niger (qui) entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la CEDEAO, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger » ils «avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilent à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali».

Guinée : refus de l’incohérence
Depuis le 26 juillet 2023, le peuple de Guinée, à sa tête le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), suit avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la situation chez le peuple frère du Niger.
Suite à la situation socio-politique du Niger qui s’est traduite par «la prise de responsabilité par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP)», la Guinée dans un communiqué du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) daté du 31 juillet 2023 salue «l’esprit républicain et la maturité des Forces de Défense et de Sécurité qui ont privilégié l’intérêt supérieur de leur nation en choisissant de se réunir pour trouver ensemble des solutions aux problèmes nigériens».
Contre l’intervention qu’elle n’estime pas être une «une solution au problème actuel, mais entraîneraient un désastre humain dont les conséquences pourraient aller au- delà des frontières du Niger», tout en s’abstenant «d’appliquer ces sanctions illégitimes et inhumaines contre le peuple frère et les Autorités nigériennes», la Guinée «réaffirme par ce communiqué sa vision panafricaniste en apportant sa solidarité à la population nigérienne et en invitant les nouvelles autorités du CNSP à préserver l’unité et la cohésion nationale»
Au moment où les jeunes populations de l’espace CEDEAO vivent un drame humain en Tunisie et dans la Méditerranée, la Guinée s’étonne que la préoccupation des dirigeants de la sous-région soit des sanctions contre des populations et le rétablissement par la force des Présidents déchus plutôt que d’être orientée vers les enjeux stratégiques, socio-économiques pour l’atteinte de leurs aspirations.
C’est pourquoi, elle se démarque des sanctions prises et les menaces proférées lors du sommet du 30 juillet 2023 qui ne l’engagent nullement et précise «qu’une intervention militaire contre le Niger entraînerait de facto la dislocation de la CEDEAO».
Enfin comme «les peuples frères du Mali, du Burkina-Faso, du Niger et de la Guinée aspirent à plus de reconnaissance et de respect de leur souveraineté». En clair, les 4 pays de la CEDEAO sont sur la même longueur d’onde souverainiste et panafricaniste.

Moussa Faki Mahmat : «le cas nigérien constitue une alerte assourdissante »
Extrait de son discours lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu le dimanche 30 juillet 2023 à Abuja, Nigeria.
«La gravité de cet évènement dépasse largement le seul cadre du Niger. En élargissant le second fléau après le terrorisme, celui des changements anticonstitutionnels, le cas nigérien constitue une alerte assourdissante sur les risques de déstabilisations de toute la région.
Le caractère insensé de ce coup d’Etat, sa violation flagrante des principes de l’UA et de la CEDEAO et les menaces graves et réelles qu’il fait peser sur la stabilité des Etats de la région, font qu’il doit être résolument combattu. Ce coup d’’Etat comme d’ailleurs tous les changements anti-constitutionnels par le biais desquels des militaires s’installent au pouvoir doivent totalement cesser.
La crédibilité de nos institutions en dépend largement. Doivent également être écartées toutes les attitudes complaisantes ou hésitantes à l’égard de leurs auteurs. Ne pas les écarter serait le meilleur encouragement à la multiplication de tels nuisibles changements anticonstitutionnels».

Général Christopher Gwabin Musa : «nous sommes prêts »
Selon le général Christopher Gwabin Musa, chef d’état-major général des armées du Nigeria, ses hommes sont disposés à intervenir au Niger dès que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) lui en donne l’ordre qui est en train d’être peaufiné au niveau politique. Il dit n’avoir aucun doute quant à l’échec du coup d’Etat. Voici sa déclaration :
« Comme vous l’avez entendu du président, si les problèmes persistent, des mesures seront prises. Il a clairement indiqué que le recours à la prise de pouvoir par les militaires ne sera pas toléré, car c’est inacceptable. Nous sommes fermement attachés à la défense de la démocratie et nous continuerons à le faire. Nous agirons conformément aux directives du président, et nous sommes prêts à intervenir dès que l’ordre nous parviendra. Nous sommes convaincus de notre succès et nous ne leur laisserons aucune chance de réussir leur entreprise. »
Au moment même où le Général Musa se dit sûr que ses hommes remporteront la victoire sur l’armée nigérienne et ses alliés, des djihadistes de Boko Haram ont décapité ce lundi 31 juillet 2023 au moins 10 agriculteurs dans l’État de Borno, dans le nord du Nigeria, après avoir attaqué leurs fermes.
Un couvre-feu total a été instauré, dimanche 30 juillet, dans un Etat d’Adamawa à l’est du Nigeria où des centaines d’habitants se sont livrés à des pillages massifs de magasins et d’entrepôts publics.
Notons enfin que depuis le 1er janvier, plus de 4820 personnes ont été tuées au Nigéria, le second record du compteur macabre après le Burkina (source : wamaps).
Ségolène Royal sur le Niger : Quelle désolation !
Ancienne ministre française, membre honoraire du parlement, finaliste présidentielle, présidente Cop21, auteure de 15 livres, Ségolène Royale déclare ce lundi sur son compte twitter :

«Quelle désolation. Niger, mais ce ne sont ni les Français, ni la France qui sont visés par ce rejet. Ce sont les politiques conduites, les déclarations blessantes, le manque de culture…
Depuis l’injure «l’Afrique n’est pas encore entrée dans l’histoire» de NS ; les indignés bombardements meurtriers sur la Libye ; l’insuffisance à développer l’accès à l’énergie et à l’éducation en même temps que la présence militaire, comme d’ailleurs les militaires français le demandaient en alertant sur les effets catastrophiques sur l’alimentation de la sécheresse du lac Tchad et autour ; l’absence de vision de tous les ministres des affaires étrangères sur un nouveau partenariat avec l’Afrique et leurs déclarations plus que douteuses comme par exemple « les compromis à l’africaine ».
Un autre partenariat égalitaire et respectueux est possible, à commencer par les questions énergétiques (pourquoi l’abandon de l’alliance solaire internationale ?), climatiques et culturelles.
On peut aussi évoquer la lenteur de la restitution des biens culturels volés ou spoliés ou achetés à bas prix dans des collections privées. Il est plus que temps de monter de niveau et de perspective.
Car les réactions hostiles sont d’autant plus fortes que l’attachement pour ne pas dire l’amour pour la France a été déçu, et que le spectacle des chaos que nous subissons actuellement en France n’est pas de nature à rétablir le respect et la considération malgré les attachements affectueux à la francophonie Afrique »

Kemi Seba: « Le Niger risque de devenir votre Afghanistan»
Message pour Macron et ses marionnettes de la CEDEAO :
« Si vous tentez de déstabiliser la transition au Niger du général Tchiani , alors que celle-ci est massivement portée par le peuple , le Niger risque de devenir votre Afghanistan. Vous n’en sortirez pas vainqueurs. »
La démocratie signifie le pouvoir au peuple . Si un « coup d’état » est massivement soutenu par le peuple , on appelle ça un coup d’Etat démocratique , voir une opération visant à restaurer l’état de droit . La CEDEAO, composée bien souvent de présidents mal élus et corrompus , ainsi que ses parrains occidentaux , toujours prompts à vanter la démocratie sans jamais la pratiquer , seraient bien avisés d’éviter d’attaquer la volonté du peuple nigérien , afin d’éviter une contestation sous régionale sans précédent de l’impérialisme occidental.

Intervention militaire au Niger : l’Algérie met en garde
L’AIgérie renouvelle son profond attachement au retour à l’ordre constitutionnel au Niger et au respect des exigences de l’Etat de droit.
Dans cet esprit, le gouvernement algérien réaffirme son soutien à Monsieur Mohamed Bazoum comme Président légitime de la République du Niger.
Le retour à l’ordre constitutionnel doit impérativement s’accomplir par des moyens pacifiques qui éviteront au Niger frère et à l’ensemble de la région un surcroit d’insécurité et d’instabilité et à nos peuples un surcroit d’adversité et d’épreuves.
En conséquence, l’Algérie met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu’elles ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle.
Alger, le 1er août 2023

Rassemblés par la Rédaction

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