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Sahel: quand est-ce que la France reconnaitra son échec ?

Dans une sortie médiatique ratée, le ministre des armées françaises, Sébastien Lecornu, affirme que ‘’le Sahel risque de s’effondrer sur lui-même ». Sauf que les faits sont têtus et nous rappellent la responsabilité des uns et des autres dans la crise actuelle au Sahel. Si cette partie traverse l’un des moments critiques de son histoire c’est sans oublier la responsabilité de la France et ses alliés qui ont créé ‘’le chaos’’ en intervenant en Libye, malgré l’opposition des chefs africains dont feu le président Amadou Toumani TOURE.

Au lieu de reconnaitre, encore une fois l’échec de son pays au Sahel, le ministre français se réjouit de la multiplication des attaques djihadistes au Sahel ces derniers moments comme pour dire : la France n’est plus là. Sans nier la responsabilité de nos États, l’insécurité au Sahel est aussi l’échec de la politique militaire et diplomatique de la France après 10 ans de présence au Mali.

Décidément, la France n’est pas prête à reconnaitre son échec au Sahel qui est pourtant patent. Après des années de présence militaire au Sahel sans résultat tangible, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tous exigé le départ des militaires français de leur sol pour faute de résultat. Pour de nombreux observateurs et analystes sécuritaires, c’est le scénario américain en Afghanistan au Sahel. Malgré cette réalité, la France tente toujours de cacher son échec en rejetant la responsabilité aux pays du Sahel et en prédisant un avenir sombre pour eux. Heureusement que cette duperie ne passera ni en Afrique ni en occident si bien que les peuples sont suffisamment murs pour faire la part des choses.
Au lieu de reconnaitre cette défaite et se remettre en cause, la France tente désespérément de rejeter la faute sur les pays du Sahel. Les autorités françaises ne ratent aucune occasion pour accuser ces pays du Sahel qui ont décidé d’affirmer leur souveraineté. Le vendredi dernier, le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, a réfuté dans un entretien l’idée que le départ des militaires français du Mali, du Burkina Faso, et bientôt du Niger, soit un échec de la politique française au Sahel.
«Le Sahel risque de s’effondrer sur lui-même», prédit-il, tout en affirmant que le djihadisme a repris de plus belle dans la région et d’insister que c’est un échec pour ces pays en question.
M. le ministre souffrez d’admettre que si Barkhane n’avait pas été un échec le Sahel serait aujourd’hui à l’image du jardin d’Eden où les communautés vivent sans terreur, sans psychose et vaguer à leur occupation. Certes, Barkhane a contribué à chasser des groupes terroristes dans les grandes villes, mais ils n’ont été pas défaits. Pour preuve : les attaques sous Barkhane ont continué de plus belle et les populations civiles continuaient d’en payer les frais. Où est le résultat si ce n’est qu’un bilan très mitigé présenté par les autorités françaises sur son opération.
M. Lecornu, il est temps de refuser le déni de réalité, en admettant enfin que Barkhane a été un échec majeur parce qu’elle a été incapable après neuf ans d’assurer la stabilité dans la région, dont elle était censée atteindre. En tout cas, en neuf années de présence militaire française dans notre pays, la situation sécuritaire ne sait jamais améliorer. Pendant ce temps, le nombre de déplacés fuyant les conflits armés ne s’est pas dégringolé. C’est pourquoi sans surpris le retrait de Barkhane a été vivement accueilli par les autorités et la population malienne, en particulier, pour faute de résultats.
M. le ministre, il est temps de reconnaitre que par votre politique paternaliste, vous êtes en train de perdre le Sahel où vous aviez créé le désamour contre la France politique. Oui, Barkhane a échoué au Mali et au Sahel. L’une des raisons de cet échec que vous faites semblant de ne pas reconnaitre est aussi l’approche française ressentie par beaucoup comme paternaliste et arrogante. En tant qu’ancienne puissance coloniale, les autorités françaises n’ont pas toujours bien pris la mesure des sensibilités historiques qui existent avec les pays du Sahel. Elles ont souvent péché par un manque profond d’humilité et d’écoute. Souvenez-vous, en janvier 2019 quand le président français “convoque” ses homologues sahéliens lors d’un sommet à Pau pour demander des explications suite à la mort de soldats français lors d’un accident au Mali, dans un contexte de manifestations contre la présence militaire française.
Pour beaucoup d’observateurs, ce sommet a été vu comme une réaction arrogante et profondément paternaliste de la France exigeant des présidents sahéliens une sorte d’allégeance à son endroit, quitte à les mettre dans une posture difficile avec leurs propres citoyens.
Il est grand temps pour la France de reconnaitre son échec, se remettre en cause et repartir sur de nouvelles bases. Malheureusement, cette France que nous connaissons n’est jamais coupable, n’est jamais responsable, ne commet jamais d’erreurs et ne se remet jamais en cause.

PAR MODIBO KONE

Info Matin

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