Le Président français a annoncé jeudi dernier le retrait des troupes françaises et européennes du Mali. Ce retrait prendra 4 à 6 mois selon Emmanuel Macron, mais Bamako exige un retrait « sans délai ». La question divise les maliens qui se demandent à quoi faudra-t-il s’attendre après le départ des forces françaises du Mali ?
Que deviendra le Mali après le départ des troupes françaises ? C’est la question que se posent de nombreux maliens après l’annonce, par Emmanuel Macron, du départ des troupes françaises et européennes Takuba.
Pour certains, majoritairement des habitants du sud du pays, la présence de l’armée française au Mali n’a servi a rien après 9 ans de combat contre le terrorisme. Ceux-ci pensent que le Mali irait mieux après le départ de Barkhane et de Takuba. La France est à l’origine de la dégradation de la situation sécuritaire du Mali, soutiennent ces derniers.
Quant à d’autres maliens vivants au nord du pays , ce départ crée l’inquiétude et de l’incertitude chez les populations. En effet, pour beaucoup de personnes dans les régions du nord, la présence des forces armées françaises a permis de sécuriser leurs localités et de dissuader les groupes terroristes.
« Nous sommes très inquiets de ce départ. Car c’est Barkhane et ses partenaires qui sécurisaient les localités où l’armée est absente. Nous ignorons quel plan a prévu le Gouvernement après le départ de ces troupes étrangères. Mais, c’est sûr que s’il n’y a pas de solution, les terroristes feront leur retour et occuperont les lieux qu’ils avaient abandonné », a affirmé un membre de la CMA sur un plateau télévisé.
Les deux réflexions sont certes bien fondées, mais il revient de faire une analyse un peu objective sur la question. En effet, depuis l’indépendance, notre pays a su vaincre toutes les rebellions qui se sont succédées sans l’aide d’aucune puissance étrangère. Nous avions l’une des armées les plus craintes en Afrique.
Mais après les évènements de 1991, les différents régimes qui se sont succédé ont progressivement détruit notre armée. Notre outil de défense a été détruit. Et la conséquence de la destruction progressive de cette armée a été la rébellion de 2012. Faute d’équipements, surtout aériens, l’armée a été mise en déroute par les groupes armés venus de la Libye. Plusieurs localités ont été par la suite occupées par des groupes obscurantistes.
Face à la menace de la prise de Bamako par les présumés Djihadistes, le Mali a fait appel à la France. L’opération Serval intervient ainsi et met en échec ce projet de prise de la capitale. A Bamako, le boulevard de l’indépendance jubile et salue la France d’avoir sauvé le Mali.
Des mois et des années après, l’insécurité se propage dans tout le pays. Les forces armées maliennes sont attaquées jusque dans leurs camps faisant de nombreux morts. La défaillance de l’équipement militaire s’est fait sentir, car notre pays ne disposait d’aucune aviation permettant d’intervenir rapidement et de bombarder les cibles terroristes ou djihadistes. Également, l’accord de défense qui nous liait à la France ne nous permettait pas d’intervenir comme on le souhaite sur notre propre territoire.
Mais du le coup d’Etat de 2020 et l’arrivée au pouvoir du Colonel Assimi Goïta en 2021, l’armée malienne s’est dotée de beaucoup d’équipements. Des avions de combat et transport de plusieurs troupes sont achetés. Le dispositif aérien qui manquait à l’armée a été comblé. Et depuis, les FAMa enregistrent des résultats satisfaisants sur le terrain. La preuve de cette montée en puissance est la destruction par l’aviation de plusieurs bases des terroristes.
Au regard donc des équipements dont disposent désormais notre armée et surtout avec la fin de l’accord de défense avec la France, le Mali est plus que jamais en position favorable de venir à bout des groupes terroristes après le départ de la France. Même face aux groupes séparatistes.
Demba Konté
Source: NOUVEL HORIZON
