C’est le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 02 Décembre 2015 qui l’annonce, à savoir, l’adoptiondu projet de loi en remplacement de la Loi n°83-27/AN-RM du 15 août 1983 portant institution du Service national des jeunes (SNJ). Si les raisons évoquées par les initiateurs de ladite mesure s’avèrent nobles, il faudra cependant craindre le pire en ces temps qui courent.
Le Service national des jeunes (SNJ) a été instauré août 1983 et avait initialement pour but de parfaire l’éducation et la formation civique et professionnelle des appelés (lire encadré, extrait du Communiqué du Conseil des ministres). Il s’agissait, en clair, d’une formation militaire, à proprement parler : apprendre aux jeunes le maniement des armes, les techniques de combat, les tactiques de la guerre…
Il aurait certainement été judicieux de procéder auparavant à une évaluation approfondie des contingents issus de ce service (SNJ) de sa création en 1985, à sa fermeture en 1991.
Quel a été l’apport des éléments du SNJ en question dans la gestion des différentes crises au Mali, des rebellions des années 90 à nos jours, en passant par les crises multiformes (coups d’Etat militaires, jihadisme, insécurité, etc.) ? Visiblement très peu ! L’on ne se souvient, en effet, avoir assisté à une mobilisation de troupes ou à un engagement de leur part. Regroupés au sein d’une association, ces anciens du SNJ considérés à juste titre comme des réservistes ont été très discrets au moment où on les attendait, au point que l’on doute aujourd’hui de la pertinence de leur formation.
Par ailleurs, apprendre le maniement des armes et des combats aux jeunes n’est pas sans conséquences dans l’avenir. L’histoire nous apprend aujourd’hui qu’au sein des gangs et autres groupes armés terroristes (GAT) pullulent d’anciens militaires virés de l’effectif pour manquements graves aux règlements.
Alors que faire de ces jeunes une fois leur formation terminée ? Les employer dans les services d’Etat ou les envoyer dans la nature ? La première option suppose que l’Etat reste le plus grand pourvoyeur d’emplois. Ce qui n’est pas le cas. Bref, leur insertion socio-professionnelle risque de poser bien des problèmes au regard des priorités récurrentes et des contraintes budgétaires. Vu sous ce prisme, nombre d’entre eux risquent de se retrouver dans la nature. Et l’impératif de la survie les incitera probablement à grossir les rangs des groupes marginaux.
Peut-être que les innovations annoncées dans le communiqué constitueront des palliatifs aux contingences ici évoquées.
Batomah Sissoko
es Jeunes
(Extrait du communique du Conseil des ministres)