L’opposant congolais Moïse Katumbi est un « fugitif » sous le coup d’un « mandat d’arrêt international » qui n’a jamais voulu rentrer en République démocratique du Congo où la police était prête à l’arrêter, a déclaré jeudi le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba.

Allié puis adversaire du président Joseph Kabila, M. Katumbi répète qu’il a été empêché de rentrer par la Zambie les 3 et 4 août pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle.

« Le parquet général a émis un mandat d’arrêt international contre M. Katumbi », a déclaré le ministre de la Justice au cours d’une conférence de presse de la coalition du pouvoir Front commun du Congo (FCC).

« Il a été communiqué à un certain nombre de pays tant africains qu’européens », a-t-il ajouté.

M. Katumbi s’est présenté au poste-frontière de Kasumbalesa où il affirme avoir trouvé la frontière congolaise fermée et un important déploiement sécuritaire.

« M. Katumbi n’a jamais dépassé la barrière zambienne pour entrer dans la zone neutre et arriver à la frontière du Congo. C’était un show qu’il avait organisé. S’il avait voulu entrer sur le territoire, on aurait donné l’autorisation, avec mission d’exécuter le mandat de prise de corps qui a été émis contre lui par le procureur général », a détaillé le ministre de la Justice.

M. Katumbi avait aussi affirmé avoir été empêché d’arriver en avion à Lubumbashi (sud-est) en provenance d’Afrique du Sud. Il s’est finalement posé à Ndola, dans le nord de la Zambie.

« S’il avait demandé à atterrir à Lubumbashi, on aurait donné l’autorisation, on l’aurait arrêté en descendant de l’avion », a insisté le ministre de la Justice.

« Moïse Katumbi est à Windhoek en Namibie. S’ils veulent le faire arrêter, ils peuvent le faire », a déclaré à la presse l’un de ses partisans à Kinshasa, Delly Sessanga.

Le président Kabila se trouve lui aussi à Windhoek où il est arrivé jeudi pour le 38e sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc).

Tous les leaders de l’opposition ont exigé lundi soir « le retour de Moïse Katumbi » pour qu’il participe à l’élection présidentielle.

Ses partisans ont saisi le Conseil d’État pour demander son retour et le dépôt de sa candidature même après la date limite du 8 août.

Ex-gouverneur du riche Katanga minier passé à l’opposition en septembre 2015, M. Katumbi a quitté la RDC en mai 2016 pour des raisons médicales.

En son absence, il a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière contre laquelle il a fait appel.

Il est aussi poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’État » dans une affaire de recrutement présumé de mercenaires renvoyée au 10 octobre par la Cour suprême.

Les autorités congolaises, qui interdisent officiellement la double nationalité, l’accusent également d’avoir obtenu la nationalité italienne.

« Des farces judiciaires » pour son avocat parisien Eric Dupond-Moretti.