Lancée le 9 avril dernier, la 12è édition de la campagne nationale de promotion de la planification familiale bat son plein. Et elle se poursuivra jusqu’au 13 mai. Rappelons que la cérémonie de lancement était présidée par l’épouse du chef de l’Etat, Mme Keïta Aminata Maïga, à Karan, village situé dans le district sanitaire de Kangaba (Région de Koulikoro). Ce coup d’envoi officiel a été suivi du lancement synchronisé à Bamako et dans les régions. La campagne mettra l’accent sur la mobilisation des jeunes et des femmes dans les zones de prévalence contraceptive faible à travers le thème intitulé « l’engagement constructif des leaders et des décideurs en faveur de la PF, pour une jeunesse épanouie et un développement durable ». Elle vise à accroitre le nombre d’utilisatrices de la PF en mettant l’accent sur les méthodes contraceptives de longue durée (MLD) et contribuer à réduire le taux de mortalité maternelle et infantile dans notre pays. La campagne 2016 est présentée comme l’occasion de faire un pas vers la réalisation d’un des Objectifs pour un développement durable (ODD) du Plan d’action national de planification familiale (PANPF) et la disponibilité des services. Elle comporte deux phases : l’une intensive et l’autre ordinaire. Les activités intensives seront menées dans cinq districts sanitaires des régions de Kayes, Ségou, Koulikoro, Sikasso, Mopti choisis du fait de la faible prévalence contraceptive dans ces zones. La 2è phase, ordinaire, concernera 63 districts sanitaires dans lesquels tous les partenaires seront mobilisés pour mettre en œuvre leur plan d’action annuel et surtout les activités planifiées pour la campagne. La PF est reconnue depuis longtemps comme étant un moyen essentiel pour maintenir la santé et le bien-être des femmes et des familles. Le Mali fait partie des pays où la prévalence contraceptive est l’une des plus basses. Malgré l’augmentation de cette prévalence entre 2006 et 2012, passant de 6,1% d’utilisatrices de méthodes modernes à 9,9% sur cette période, notre pays n’a pas pu atteindre l’Objectif du millénaire du développement (OMD) 5, à savoir contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Le Mali figure également parmi les pays africains aux taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés au monde. Selon l’Enquête démographique et de santé (EDSM), le Mali enregistre 368 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Une femme meurt toutes les 3 heures des complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Des milliers d’autres souffrent de complications évitables. Pourtant, relève Mme Niagaté Nana Traoré de l’unité de planification post-natale du centre de santé de référence de la Commune I, rien qu’avec la PF, on peut éviter les différentes causes de décès et lutter contre les grossesses trop nombreuses, trop rapprochées, trop précoces ou trop tardives. « La planification sauve la vie des mères, des nouveau-nés. Elle contribue à la réduction des avortements provoqués, améliore la santé et le bien-être de la famille », explique-t-elle, assurant qu’au niveau de l’unité qu’elle dirige, la campagne est en train de faire son effet. « Actuellement, nous recevons au minimum 10 femmes par jour, venues se faire planifier », confie-t-elle. Pour sauver la vie des mères, il est impératif que les décideurs agissent maintenant, non seulement en soutenant la santé de la reproduction (SR) et la PF comme une priorité nationale mais également en augmentant le montant de la ligne budgétaire SR/PF. Dans le cadre du Partenariat de Ouagadougou, le Mali a pris un certain nombre d’engagements comme la dissémination de la loi de la santé de la reproduction élaborée en 2002 ; la poursuite et le renforcement des campagnes nationales de promotion de la PF institutionnalisées en 2005, l’augmentation de façon régulière de 5% chaque année, de la part du budget d’Etat allouée à l’achat des produits contraceptifs conformément aux Objectifs d’Abuja. Selon les spécialistes, il est important aussi de prendre des dispositions en terme de décret d’application et d’arrêté ministériel pour la vulgarisation de la loi 2002 et de suivre l’application des engagements nationaux et internationaux pris par le pays. Les leaders communautaires et religieux peuvent également appuyer les activités de la PF dans leurs plans de développement et participer à la mise en œuvre du Plan d’action national de la PF.
A. D. SISSOKO
Source : L’Essor