Le parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali vient d’être déclaré vainqueur à l’issue du 2e tour des élections législatives par la Cour Constitutionnelle. Cet avantage ne donne pas droit au RPM de diriger seul l’Assemblée nationale sans une alliance.
Dans notre parution du lundi 20 avril 2020, nous avons titré : « Configuration de la nouvelle Assemblée nationale : le scenario de 2013 se dessine ». Les résultats définitifs proclamés, jeudi 30 avril par la Cour Constitutionnelle, conforte notre thèse. En effet, à l’issue du scrutin, le parti au pouvoir le Rassemblement Pour le Mali (RPM) comme en 2013 sort vainqueur des législatives. Par rapport à la précédente législature, le parti du Tisserand recule d’une dizaine de députés. Il rafle tout de même 51 sièges. Loin derrière lui, en deuxième position, l’Adéma PASJ, un parti de la majorité présidentielle, obtient 24 députés. Son poursuivant direct n’est que la formation politique du chef de file de l’opposition, l’Union Pour la République (URD) qui a obtenu avec 19 députés.
Pour ces élections, la grosse surprise a été la percée d’un jeune parti, le Mouvement pour le Mali (MPM) dont le leader Aly Niangadou surnommé Djo walaki, est un transfuge de la Codem. Le MPM s’est adjugé 10 élus. Il faut dire que ce galop de M. Niangadou n’est pas surprenant surtout quand on sait qu’il a beaucoup investi dans les localités où son parti est implanté. Djo walaki n’a pas dispersé ses efforts dans l’implantation de son parti, il a ciblé des agglomérations et a toujours été près de la population avec des investissements sociaux.
Le MPM est suivi par quatre autres partis émergents qui ont battu leur record de 2013. Il s’agit de l’ADP-Maliba qui s’en sort avec 6 sièges, suivi de la Codem 5 sièges. L’ASMA de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et l’UDD d’un ancien ministre de la défense, obtiennent chacun 4 députés.
Même élu député à l’Assemblée nationale pour la première fois, le président du parti Yelèma Moussa Marra ne semble pas être fier du score engrangé par son parti. Avec deux députés, Yelèma espérait avoir plus de représentants à la Représentation nationale. L’une des plus grosses déceptions a été la non reconduction du président de SADI, Dr Oumar Mariko. L’ancien leader estudiantin a été terrassé dans son fief traditionnel, Kolondieba par Sidiki N’FA Konaté du RPM, un autre natif du cercle. Toutefois, SADI aura toujours sa voix à l’hémicycle avec trois députés. Une liste d’indépendants, Mali qui bouge « Alliance AMAKENE » a eu 2 députés.
Parmi les partis qui font leur retour à l’Assemblée, figurent le Parena de Tiéblé Dramé. La formation politique de l’ancien opposant et actuel ministre des Affaires étrangères s’est contentée de 2 sièges. Idem pour la CDS Mogotigui de Blaise Sangaré, conseiller à la Présidence de la République qui obtient 2 sièges. Le MPR, l’APR, l’UMRDA, PS Yelen Kura, le PRVM Fasoko, l’UFDP Samaton, le PMK, le PDES s’en tirent avec 1 siège chacun.
Si le RPM se taille la part du lion avec 51 députés avec une majorité relative, il lui est impossible de diriger seul l’Assemblée sans une alliance avec d’autres partis. Et avoir cette majorité absolue ne sera certainement pas de la mer à boire surtout quand on sait que son colistier, l’Adéma a obtenu 24 députés. Si les choses se passent normalement, les deux partis se suffisent pour former la majorité absolue à l’Assemblée avec 74 députés.
Un autre enjeu pour l’après élection est le choix du futur président de l’Assemblée nationale et du chef de file de l’opposition. Comme en 2013, c’est fort possible que l’URD conservera la chaise de chef de file de l’opposition eu égard à sa place de 1er parmi les partis d’oppositions. La seule éventualité qui pourrait déclasser Soumaila Cissé est si l’Adéma acceptait de virer dans l’opposition parlementaire. Cette possibilité est très incertaine aux yeux de nombreux observateurs. Pour le fauteuil de président de l’Assemblée, plusieurs noms sont déjà dans les coulisses. Il s’agit de Baber Gano, Mamadou Diarrassouba etc…
Mamadou Sidibé
Arc en Ciel