Six mois après que le régime d’IBK ait été renversé, l’espoir d’un changement rapide auquel aspirait le peuple s’est tout simplement étiolé, laissant place à une espèce de déception. C’est ce qui fait qu’il n’est pas rare d’entendre, par-ci et par-là, l’opinion publique affirmer que ‘’le coup d’Etat n’a servi à rien de bon’’. Sous le coup de la déception, ils sont très nombreux ces citoyennes et citoyens qui se convainquent et qui soutiennent, sans preuve bien sûr, que ce coup d’état revêt toutes les caractéristiques d’un deal convenu entre la junte et le pouvoir déchu. En tout cas, certains indices accréditent bien cette thèse.
Le premier constat est que l’arrestation du président déchu s’est passée sans le moindre couac et les militaires qui ont été commis à cette tâche ont agi avec beaucoup de déférence et ceux qui devaient être arrêtés avaient plutôt donné l’impression de s’attendre à leur sort, ce jour-là. Nombreux sont les indices sur lesquels se fondent les analystes pour qualifier le putsch du 18 août 2020 de ‘’Coup d’État arrangé’’.
On pourrait aussi retenir, comme insolites en matière de coup d’état, ces faits relatés par notre confrère de Maliweb.net : « On constate que le président IBK n’a eu aucune crainte vis-à-vis de ses tombeurs. N’a-t-il pas tenu parole en revenant au pays après son séjour médical aux Emirats Arabes Unis, après sa « démission militairement assistée » ? Sa famille n’est-elle pas gardée en résidence surveillée pour renforcer sa sécurité par les éléments de la junte ? Le président de la Transition, Bah N’Daw ne s’est-il pas rendu à la résidence du président déchu pour des salutations et confidences, après son séjour médical ? Tous ces éléments corroborent le fait que IBK a quitté le pouvoir, mais tout indique que c’est après avoir fait une passe millimétrée aux officiers putschistes. Comment comprendre aussi que le nouveau patron des renseignements n’est qu’un proche de l’ancien ? Que le nouveau pouvoir n’a pas une seule fois invoqué une simple possibilité de poursuite judiciaire contre les dignitaires du régime IBK ? Pas une simple hypothèse d’audit de la gouvernance IBK ! ».
Au regard de tels arrangements, on se ferait à l’idée que malgré le putsch, les liens ne sont pas, pour autant, rompus entre IBK et la junte et de ce fait, il n’est pas étonnant de voir le parti d’appartenance du président déchu, le RPM, être épargné des tumultes consécutifs au coup d’Etat. Sauf qu’à l’image de toute la classe politique malienne, mise à l’écart par la junte dans la conduite de la transition, le RPM aussi a connu un temps “d’hibernation”, période transitoire oblige. Mais en considération des enjeux politiques qui pointent à l’horizon, le RPM est contraint d’abréger son temps d’hibernation pour occuper la place qui pourrait être la sienne dans le microcosme politique national.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako