Pour la huitième fois, le Conseil de sécurité des Nations-unies a prorogé, ce mercredi, d’une année le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et a assigné quatre mesures prioritaires aux parties maliennes.
Intervenant au lendemain d’un énième blocage de convoie onusien dans le pays dogon, le Conseil de sécurité assigne prioritairement comme missions à la MINUSMA l’aide à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et la facilitation de l’application par les acteurs maliens de la Stratégie de stabilisation du centre du Mali. Ambition affichée par New-York : réduire les violences intercommunautaires et de rétablir l’autorité et la présence de l’État ainsi que les services sociaux dans le centre du pays.
En instruisant au « le Secrétaire général de veiller à ce que la MINUSMA, les Forces de défense et de sécurité maliennes, la Force conjointe du G5 Sahel, les forces françaises et les missions de l’Union européenne au Mali coordonnent leurs activités, échangent des informations et se prêtent l’appui voulu », la résolution N°2531 du Conseil de sécurité des Nations-unies devient un véritable camouflet pour la France qui a décidé sur un coup de tête présidentielle de rompre ses relations militaires avec notre pays.
On aurait pu s’en réjouir si le Conseil, dans sa sagesse médiane, ne s’était pas encore mis à égrener ses oukases et à brandir des sanctions comme si nous n’étions pas sur la même planète. Il faut s’accorder pour dire avec force que le mandat, tel qu’articulé, est voué à l’échec parce que les quatre tâches assignées «aux parties maliennes » sont irréalistes et irréalisables dans le temps et dans l’espace. Et pour cause ? « L’achèvement du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR) des groupes armés signataires » n’est possible que si l’État contrôle l’entièreté du territoire et « l’opérationnalisation des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées, réformées et inclusives » n’est acceptable pour l’opinion malienne que lorsqu’elle n’est pas à géométrie variable. Qu’entend le Conseil par «assurer l’achèvement de la réforme constitutionnelle et réformes institutionnelles prévues par l’Accord » ?
S’il s’agit de l’adoption d’une nouvelle Constitution ou de la révision de celle de 1992, est-il besoin de rappeler à l’auguste Conseil les dispositions de l’article 118 de la Constitution du 25 février 1992 : «l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et aux Députés. Le projet ou la proposition de révision doit être voté par l’Assemblée Nationale à la majorité des deux tiers de ses membres. La révision n’est définitive qu’après avoir été approuvée par référendum. Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. La forme républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision » ? Quid du temps ? Le temps du mandat onusien est-il celui de la transition ou l’ONU veut-elle procéder à un glissement de calendrier en accordant 3-4 mois supplémentaires à la Transition ?
En mettant cette réforme constitutionnelle et ces réformes institutionnelles dans le seul bac de l’Accord, le Conseil crée ipso facto tous les ingrédients pour enflammer le nationalisme malien incandescent, pardon à fleur de peau sur le sujet. Et non sans raison ! En effet en prônant la poursuite de l’opérationnalisation de la seule Zone de développement des régions du Nord par la mise en place du conseil consultatif interrégional et d’initiatives de renforcement des capacités et exécuter un projet pilote dans chacune des cinq régions du nord du Mali, les Nations-Unies donnent aux Maliens toutes les raisons de légitimes suspicions quant à leur dessein secret de parvenir par des moyens détournés à la partition de notre pays. Le seul bémol de la résolution 2531, c’est le rehaussement du niveau sur la participation des femmes aux mécanismes dans le cadre de l’Accord pour en appuyer et en suivre la mise en œuvre. Sur ce pont, la paix a besoin des femmes, et le Mali compte sur les Maliennes.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN