C’est gagné, mais tout n’est pas fait pour le Président réélu. La présidentielle a mis en évidence une série de fractures qu’Emmanuel Macron va devoir réduire rapidement.
Un nouveau mandat pour Emmanuel Macron. Le président candidat a été réélu à la présidence de la République avec 58,5 % des voix, ce dimanche 24 avril 2022, selon l’institut Ipsos, contre Marine Le Pen. Voici les sept défis qui l’attendent.
1. Réconcilier les Français
La France est coupée en trois. Le président réélu va devoir donner des gages à ceux qui ne voulaient plus de lui s’il veut espérer gouverner cinq ans de plus sans voir les contestations se multiplier dans la rue. Le choix de son nouveau Premier ministre et la composition du premier gouvernement de ce second quinquennat seront essentiels. Emmanuel Macron a d’autant plus intérêt à faire preuve d’ouverture que le résultat des législatives, en juin, ne lui est pas acquis. À plus long terme, il devra trouver les voies et moyens de réconcilier citoyens et élus. En remettant sur le métier la réforme des institutions promise en 2017, mise en panne dès l’année suivante ?
2. S’emparer de la question du pouvoir d’achat
C’est la
thématique qui s’est imposée en fin de campagne. Le nouveau pouvoir va devoir continuer à accompagner les plus précaires et les classes moyennes face à l’augmentation des prix de l’énergie et des produits du quotidien. Le dispositif de remise de 15 à 18 centimes sur le litre de carburant prendra fin le 31 juillet. Sans baisses d’ici-là, il faudra le prolonger ou mettre en œuvre d’autres leviers pour réduire les factures. Jusqu’à quand ? Et avec quelles conséquences pour les finances publiques ?
3. S’impliquer dans la résolution de la guerre en Ukraine
Destructions à grande échelle, enlisement ou extension du conflit, recours à des armes non-conventionnelles, accueil des réfugiés… L’invasion de l’Ukraine par la Russie menace d’évoluer dangereusement à brève échéance. La diplomatie française est d’autant plus investie que le président de la République est également le président du Conseil de l’Union européenne jusqu’au 30 juin. Dans ce contexte dramatique, ma responsabilité est de consacrer toute mon énergie à rechercher une issue à ce conflit
, écrivait Emmanuel Macron aux Français avant l’élection. Le contexte n’est pas moins dramatique aujourd’hui. Il va devoir rester mobilisé.
4. Donner un nouveau cap pour le climat
L’importance du sujet ne s’est pas traduite par un vote massif en faveur des écologistes. L’urgence climatique n’a pourtant pas reculé, et elle compte toujours parmi les premières préoccupations des Français, notamment chez les jeunes. Le Président sortant a eu beau dire que jamais autant n’a été fait pour l’environnement
sous son quinquennat, nombreux sont les convaincus du contraire. Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il voulait planifier la transition écologique
pour les années à venir, en déclinant ses mesures par régions, départements, communes
et dans chaque grand secteur économique
. Le nouveau pouvoir assure qu’il a bien compris qu’il devrait aller plus vite
sur le sujet. À quel rythme ? Qui dit planification dit calendrier détaillé. L’établir sans délai contribuerait à rassurer ceux qui attendent que la France franchisse un nouveau cap. Vraiment. Et vite.
5. Rétablir l’égalité des chances
Le Président refera de l’égalité femmes hommes
une grande cause nationale de son deuxième quinquennat, et il a mis l’éducation au cœur de ses priorités pendant la campagne. S’il veut changer l’école, c’est pour donner les mêmes chances à tous
, un objectif au cœur de son premier quinquennat. Il avait promis de lutter contre l’assignation à résidence
, en favorisant la mobilité sociale. La pandémie de Covid-19, malgré le quoi qu’il en coûte
, a contribué à creuser le sentiment d’inégalité entre les Français, qui n’ont pas été affectés de la même manière par la crise sanitaire. Le Président réélu compte sur l’école pour rééquilibrer les chances, en promettant de bâtir des solutions nouvelles
après consultation des parties prenantes
(enseignants, parents d’élèves, syndicats…). À lancer sans attendre s’il veut restaurer une confiance bien écornée ces dernières années…
6. Viser le plein emploi
Le retour du plein-emploi semble à portée de main en France, après plus de 40 ans de chômage de masse. Mieux vivre de son travail
est un objectif encourageant, mais en actionnant quels leviers ? Aux côtés du triplement de la prime Macron
ou de la baisse des charges pour les indépendants, le programme du candidat prévoit de conditionner le RSA à une activité effective qui permet l’insertion
, la transformation de Pôle emploi et une assurance chômage plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus
. Les emplois créés seront-ils qualifiés, bien rémunérés, ou précaires, occupés par des chômeurs mis sous pression ? Cette question aussi mérite réponse, explications et précisions.
7. Lancer une consultation sur les retraites
Le Président réélu a clairement annoncé la couleur. Il va proposer le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans
dès cet été. Ce fut le plus gros irritant
de la campagne d’Emmanuel Macron. Candidat, il a évoqué de possible aménagement, sans aller au bout de ses explications, restées floues pour beaucoup. Il va lui falloir installer une véritable consultation s’il ne veut pas que cette nouvelle réforme des retraites connaisse le même sort que la précédente.