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PRESIDENTIELLE 2018 : Une brève leçon sur les politiques et la politique

Depuis le 29 juillet dernier, le Mali se trouve mené et malmené dans ce vent sans direction précise que sont les élections.  Le scrutin présidentiel de 2018 n’est nullement sans leçon sur les capacités des hommes politiques, mais aussi sur le pouvoir corrupteur de la politique.

Les Antiques ont expliqué la politique comme « l’art de bien gouverner la cité ». S’ils ne se sont pas trompés, c’est qu’ils sont de mauvaise foi ou ne voyaient plus que le bout de leur nez. Leur politique en tant qu’art de diriger la cité qui n’est qu’une communauté moins large que nos pays actuels, sera forcément confrontée à des problèmes d’adaptation s’il doit s’appliquer à ces territoires plus vastes.

Les cinq années précédentes ajoutées à ces deux tours d’élection présidentielle au Mali ne peuvent servir qu’à nous donner une toute autre vision sur la politique et les hommes politiques. La politique n’est qu’une course aux intérêts personnels et une volonté destructrice des dirigeants de la Res publica (République). Tout analyste politique attentif peut bien corroborer cet état de fait en se fondant sur le scrutin présidentiel de 2018 au Mali. D’abord, un président décrié pendant quatre ans pour sa gestion catastrophique, pour la non-tenue de ses promesses, pour corruption, pour sa politique individualiste, pour son favoritisme, pour être malade et inapte à gouverner. Bref, un président ayant vu sa cote de popularité chuter, n’a pas hésité à faire un virage de 190° à quelques mois de l’élection du président de la République.

En effet, le président Ibrahim Boubacar Keita a montré aux Maliens et aux citoyens du monde entier que les dirigeants sont aptes à bien diriger leur nation s’ils en ont la volonté, mais qu’ils sont également capables de la détruire pour la défense de leurs intérêts.  À quelques mois de la présidentielle, disons depuis le mois de janvier 2018, la gestion du chef de l’État a complètement changé. Aux pérégrinations se sont succédé les voyages à l’intérieur du pays, un nouveau Premier ministre, précisément le cinquième est entré en fonction, sans compter le début de réalisation de certaines promesses.

Brusquement, le politique désintéressé a donné l’impression qu’il se préoccupe des Maliens. De façon déplorable, il trouve des gens pour croire en sa foi irresponsable, ayant fait périr d’innombrables innocents citoyens pendant les quatre premières années de son règne. On trouve des insouciants pour le soutenir en avançant que ces nombreux crimes ne relèvent pas de sa responsabilité puisqu’il est venu trouver l’État dans une situation critique. Mais ces apatrides ignorent sûrement qu’IBK est venu au pouvoir avec le slogan de mettre fin à la guerre du « Nord du Mali ». Il restait tellement convaincu de sa victoire qu’il a soutenu ne pas vouloir négocier avec des terroristes.

Ces quelques constats peuvent nous permettre de jeter du discrédit sur la position de certains intellectuels, sur les traces d’Étienne Tassin et Karl Popper qui soutiennent qu’en politique il est quasiment impossible de prévoir. Ces revirements d’IBK nous montrent que ce chef d’État avait déjà tout planifié, depuis le début de son mandat, toutes les actions qu’il a posées à quelques mois de l’élection présidentielle. Cela montre alors qu’il est bien possible de prévoir en politique, mais faudrait-il que les prévisions soient accompagnées d’une bonne volonté car, comme dirait Emmanuel Kant, l’agent moral peut se tromper, mais la bonne volonté ne se trompe jamais.

Le politique est un caméléon qui est capable de changer de couleur à chaque instant. C’est ce à quoi joue le président IBK. D’un adulte, il s’est retrouvé en enfant dans l’unique but de coûte que coûte plaire aux Maliens. Il devient l’ami des jeunes rappeurs tout en devenant également un critique acerbe de tous ses adversaires politiques. Quant aux dénonciations, il s’y montre hostile et n’a jamais hésité à mater les auteurs de ces manifestations. L’argent a circulé à flots dans différentes localités du pays. Toutes les mesures de fraude imaginables ont été prises afin de remporter la présidentielle.

Tous ces aspects montrent combien la politique, comme elle est faite dans la plupart des États démocratiques actuels, peut dénaturer l’homme. Pour être un grand homme politique dans la plupart des démocraties modernes africaines, cela nécessite qu’on devienne un grand démagogue en jouant le jour et la nuit. La leçon apprise de Machiavel au sujet de la politique est injectée dans le sang des politiques africains. La versatilité du peuple fait qu’ils réussissent dans leur mission.

À entendre les plaintes, les gémissements du peuple malien au début du mandat du règne de ce monsieur, personne ne pouvait imaginer qu’il allait trouver des gens pour battre campagne pour sa cause. Mais des artistes et des citoyens ne songeant également qu’à l’immédiat ont préféré sacrifier l’intérêt général au profit de leur intérêt en chantant sur tous les toits que « Boua Ta Bla » pour dire qu’IBK ne laissera le pouvoir à quiconque.

La guerre des intérêts, voilà le nœud de la politique. Notons qu’au cours de ce scrutin présidentiel de 2018, c’est cette guerre qui a failli remettre en cause la victoire des autres partis politiques sur IBK. Au lieu de s’allier derrière un seul et unique candidat après le premier pour affronter ensemble le président sortant, beaucoup sont les partis qui ont préféré la neutralité à l’alliance. Cette prédilection à la neutralité n’avait d’autre explication que la défense des intérêts personnels. C’est donc dire jusqu’à quel point cette lutte des intérêts peut être nocive pour la démocratie, mais également montrer qu’elle est celle qui met en retard les démocraties africaines en remettant en cause les voies du développement des nations de notre continent.

La politique est alors le lieu de l’hypocrisie, du mensonge voire de la haine.  À ce titre, on pourrait dire qu’elle n’est pas née en même temps que la morale.  Cela est déplorable si nous savons que les religieux, sachant tout ceci, n’hésitent pas à s’allier derrière tel ou tel candidat. Retenons tout simplement que l’élection présidentielle de 2018 au Mali doit servir d’expérience à tout esprit attentif.

Fousseni TOGOLA

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